Au fur et à mesure de nos recherches, la liste des lieux-dits portant notre patronyme s'est quelque peu étayée. D'identifications en découvertes sur le terrain, on aurait pu croire que l'on était arrivé à circonscrire l'ensemble des endroits qui avaient conservé notre nom dans le paysage.
Un récent séjour dans la belle région des Lacs de l'Eau d'Heure devait contredire cette assurance. Tel le scout qui est resté en moi, la connaissance des lieux ne pouvait se faire sans consulter la carte IGN au 1: 25 000, celle qui fait apparaître le moindre sentier, la moindre courbe de niveau pour préparer un itinéraire en fonction du moyen de transport retenu. Ce type de carte a le mérite également de faire revivre l'histoire et la géographie des lieux en mentionnant non seulement le nom du simple hameau mais également celui des terres cultivées, des bois, des ruisselets. Pour exemple, rien qu'à proximité de notre gîte, il y est recensé la ferme de Bethléem, les terres de Nazareth et du Vieux Calvaire. Appellations de nature religieuse dont l'explication viendra de notre hôte. Sous l'Ancien Régime, l'endroit dépendait de l'Abbaye de Walcourt, situé quelques km plus au Nord. Les bonnes soeurs, sans doute conquises par l'abondance des récoltes, y virent un signal divin pour dénommer les lieux.
La consultation de la carte allait faire apparaître une dénomination qui faisait vibrer une nouvelle fois nos sens. Là, devant notre regard, dans le prolongement de cette petite route de campagne, on pouvait lire Perfond ry1. Un terme qui ne pouvait nous laisser indifférent. Un lieu qui s'ajoutait à la liste de ceux déjà recensés. Restait à en approfondir son existence.
Une visite des lieux s'imposait. Au bord de la N 40, entre Philippeville et Beaumont, à proximité du village de Daussois, le site est occupé par une prairie en pente. Au bas, on identifie un filet d'eau dans lequel viennent s'abreuver de temps en temps les quelques vaches rencontrées. Filet d'eau sans nom qui se jette dans le Rau de Dessous la Ville, natif du village de Daussois, lequel poursuit son chemin, via L'Eau d'Heure, jusqu'au lac de même nom.
La toponymie du lieu est en cohérence avec d'autres situations rencontrées. La pente et le filet d'eau en son extrémité sont des constances déjà éprouvées. On y associe directement l'explication transcrite par la dialectologie. Par le fond du ruisseau en est bien la transcription. Avec dans ce cas précis, une modification de voyelle résultant probablement d'une erreur de transcription. Restait toutefois à en confirmer le lien géographique et l'étymologie.
Sans difficulté, la carte FERRARIS de 1777 intégrera ce lieu sur le territoire de la Principauté de Liège. Malgré ses frontières découpées et la présence de terres voisines dépendantes du Comté de Hainaut (Froidchapelle), du comté de Namur (Walcourt), voire des enclaves françaises de Senzeille et de Barbençon, le lien géographique de ce toponyme était bien confirmé2.
Quant à l'étymologie, l'interprétation pourrait découler de l'existence d'une ancienne exploitation de fer dans ce même village de Daussois. Une mine de fer a bien existé comme il nous en sera confirmé par notre hôte3. Comme pour étayer notre hypothèse, énoncée à diverses reprises, d'une appellation très ancienne, liée à l'exploitation de ce minerai, et ayant conduit à une association des termes fond et ry , lesquels une fois unis ont donné le mot Fonderie.
La découverte de ce jour sert, ni plus ni moins, qu à valider nos découvertes antérieures. Le lien déjà avéré de notre toponyme avec la Principauté de Liège est une nouvelle fois confirmé. Il rejoint la liste d'une série de lieux qui avaient déjà servi à l'affirmer. Quant à l'association avec le terme Fonderie qui pourrait s'avérer plus ancienne que celle liée à l'histoire de la Principauté de Liège4, la proximité d'anciennes mines de fer ne vient en rien contredire cette hypothèse.
1 Prononcer avec le d ;
2 Le nombre d'endroits mentionnant le terme Barrière dans la région (Barrière des sept ânes, Barrière Torlet, Barrière Marcel, Barrière Descartes, Cabane La Barrière) est manifestement la résultante de ce découpage de l'Ancien régime ;
3 Deux lieux aux abords du village de Daussois font référence à l'existence de ce minerai : Battefer et Al Croix de fer ;
4 Territoire issu du Saint Empire romain germanique, créé par l'évêque NOTGER en 985, et resté indépendant jusque l'annexion française en 1795 ;