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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 07:00

      Au travers des quatre articles rédigés à ce jour, le circuit, emprunté par notre mission exploratoire, dénote un parcours se limitant à quelques arrondissements en bordure de la Seine. Il convenait de s'écarter des promenades trop classiques afin de retrouver d'autres témoignages du passé de marbrier de François-Xavier.

      Le moment semblait venu de partir à la rencontre des échantillons de marbre laissés comme témoignage de l'importance acquise par ce métier. L'existence de ceux-ci nous avait été révélée au travers de la communication effectuée par Joëlle PETIT, à l'occasion d'un colloque international, organisé à Paris du 14 au 16 juin 2010, et intitulé : Stratégies et valorisation des marbres et techniques du marbre dans les expositions universelles. Ce colloque était organisé entre autre par le Musée des Arts et Métiers (voir article : François-Xavier devient un moteur de recherche).

     Agnès, par des échanges de mails préalables, avait réussi à obtenir un rendez-vous avec le Musée des Arts et Métiers. Non pas le bâtiment principal dans le 3ème Arndt., mais bien celui des Réserves du Musée, situées à Saint-Denis, à l'extérieur du Paris intra-muros. Réserves qui sont d'ailleurs plus importantes que le Musée principal. Sur 80.000 objets répertoriés, l'exposition permanente dans la rue Réaumur n'en présente que 4.000. Pour y aller, nous prenons successivement le RER A puis le B à partir du Châtelet jusque La Plaine/Stade de France, une façon de nous familiariser avec les transports parisiens. Ensuite une petite marche à pied jusque l'Avenue du Président Wilson. Simple jusqu'alors, le trajet se corse. Car,  comme pour rester à l'abri de la convoitise, l'entrée de cette Réserve est très discrète. Le numéro 218 correspond en fait à un terrain vague et il faudra le regard averti de notre logisticien dans l'équipe pour découvrir l'astuce pour y entrer. Qu'on ne dévoilera pas bien sur.

       Imaginez-vous la surprise, en entrant dans les locaux de cette Réserve. On se croirait un peu, en fin de parcours chez IKEA, quand on se met à vouloir trouver le modèle de la chaise se trouvant dans la partie supérieure d'une de ces immenses étagères. Et bien, les Réserves à Saint-Denis y ressemblent. Selon le rôle demandé à ce Musée, on y trouve un amoncellement de machines, modèles et dessins, récapitulant ce qui a été utilisé au long des XIXème et XXème siècles. Malgré le nombre des objets, rien à voir avec la caverne d'Ali Baba ou les souterrains du château de Moulinsart. Tout est parfaitement rangé et répertorié. On a l'impression, en première vision, que l'on est dans le stock de pièces de rechange d'un magasin de pièces détachées.

      A l'entrée, on retrouve nos agents de sureté au tee-shirt rouge, déjà repérés au Musée Carnavalet, qui veille pour éviter tout prélèvement. Vérification des noms de chacun pris, il est fait appel à celui qui est chargé de nous guider dans ces lieux, ni plus ni moins que Tony BASSET, le responsable des Collections des Réserves des Arts et Métiers. Qui arrive aussitôt, respectant l'heure de rendez-vous établi préalablement. Comme pour la visite du Musée Carnavalet (voir article : La cheminée du Musée Carnavalet. Paris 2), nous voilà arpenter, non pas les salles successives, mais les couloirs entre les étagères sur lesquelles se trouvent les milliers d'objets de la Réserve. Nous sommes abasourdis, ébahis  par l'immensité des lieux et la multitude des rayonnages. A croire que toutes les inventions présentées au concours Lépine se retrouvent ici. Et Michel, qui en connait un bon bout sur le matériel roulant, s'efforce de faire fonctionner ses cinq sens pour en happer le maximum. Insuffisant toutefois pour le contenter, prenant bien note de l'existence de visites thématiques régulières en ce lieu.

       Pour aboutir in fine à ces fameux échantillons de marbre envoyés par François-Xavier. Manifestement pour laisser une mémoire des différents types utilisés par son atelier de la rue Saint-Sabin (voir article : Ce qui reste de l'atelier  du marbrier. Paris 3). Il y en a de toutes les couleurs. Des échantillons qui doivent ravir celui où celle qui veulent se plonger dans l'histoire du marbre. On découvre ainsi la collection de différentes espèces de marbre les plus répandus dans le bâtiment (Inv. 10237) ainsi que les panneaux d'échantillons de marbres d'Algérie et de Corse (Inv. 10864). Nous retrouverons ensuite Anne-Laure CARRE, la responsable des Collections Matériaux, qui nous sortira de son tiroir les lettres adressées par François-Xavier au Musée des Arts et Métiers. On visionnait directement l'écriture de cet aïeul, l'instant où il avait saisi de la nécessité de transmettre.

      A la lecture, on y découvre la mention des marbres numidiques d'Algérie, probablement des carrières de Filfila, situées à l'est du pays. Exploités avant l'occupation romaine, ces marbres furent très prisés dans les demeures patriciennes et pour les monuments à l'époque de l'apogée de Rome. Dans les échantillons, on relève cependant la couleur jaune pour deux d'entre eux, ce qui pourrait laisser croire qu'ils proviennent des carrières des collines de Chimtou, l'antique ville numide, située de l'autre côté de la frontière, en Tunisie. Celles de Filfila sont plus caractérisées par des marbres blancs, à grains fins. Petit détail géographique à vérifier par un expert car si Chimtou disposait bien d’un lieu d’extraction dénommé montagne jaune, l’exploitation aurait été arrêtée assez tôt. Les premières fouilles du site remontent en effet à 1882. Quant au site de Filfila, il est toujours exploité de nos jours. Il est probable que François-Xavier n'avait pas connaissance de cette diversification des sites d'extraction localisés tous les deux dans l'ancien royaume de Numidie.

      Sortant de ce lieu, une fois de plus satisfait de l'objectif atteint, l'idée est venue de s'imprégner de l'environnement de ce département en périphérie de Paris. On ne vient pas tous les jours à Saint-Denis. Avec comme priorité la Basilique Saint-Denis, l'endroit où sont exposés la plupart des gisants des rois et reines de France. Ce n'est pas peu dire. Il y en a en pagaille, dans tous les coins et recoins. Un vrai labyrinthe dans une église, au milieu de marbres encore plus anciens que ceux de notre aïeul, cela reste comme une façon très ludique de se remémorer l'Histoire des siècles.

     Et pour contrebalancer ce lieu hautement symbolique mais façonné dans le passé, rien de tel que d'aller se confondre dans la foule du Marché de Saint-Denis. Avec la réalité de ce Département, attesté comme le plus métissé de France. Contrastant avec la froideur et l'uniformité blanchâtre du marbre brut, nous déambulons au milieu d'une foule colorée, gloussant au cri des marchands de toutes sortes, joyeuse de trouver les étalages à des prix attrayant, pour ne pas dire normaux. Une sorte de mélange entre le marché Kermel de Dakar, le Souk el Had d'Agadir et le Marché aux épices de Pointe-à-Pitre. Un vrai régal de dynamisme, de réalités de la vie et d'ambiance conviviale. On y retrouvait un peu la même sensation de chaleur humaine, ressentie le jour précédent aux abords du canal Saint-Martin, les couleurs en moins. Et pour surveiller le tout, un énorme panneau publicitaire de la marque Ripolin est placé en surplomb dans ce Marché comme pour créer une sorte de cohésion et de pérennité. Créée en 1898, année du décès de François-Xavier, cette publicité nous rappelle que c'est aussi un témoignage vintage du temps qui s'écoule. Les couleurs des différents marbres vus ce matin ne dépareilleraient pas dans cet endroit.

L'intérieur des Réserves des Arts et Métiers à Saint-Denis

L'intérieur des Réserves des Arts et Métiers à Saint-Denis

Panneau des échantillons de marbres d'Algérie et de Corse (Inv. 10864), remis en 1886

Panneau des échantillons de marbres d'Algérie et de Corse (Inv. 10864), remis en 1886

Tiroir contenant les échantillons remis en 1889 (Inv. 10237 : Noir fin de Dinant, Rouge de Flandre, Pierre bleue de Belgique,....)

Tiroir contenant les échantillons remis en 1889 (Inv. 10237 : Noir fin de Dinant, Rouge de Flandre, Pierre bleue de Belgique,....)

Lettre à en-tête de la Marbrerie-Sculpture PARFONRY, adressée aux Arts et Métiers le 6 Août 1886

Lettre à en-tête de la Marbrerie-Sculpture PARFONRY, adressée aux Arts et Métiers le 6 Août 1886

Liste des échantillons de marbres d'Algérie et de Corse transmis au Musée des Arts et Métiers

Liste des échantillons de marbres d'Algérie et de Corse transmis au Musée des Arts et Métiers

Lettre avec l'en-tête et l'écriture du marbrier FX Parfonry de1889

Lettre avec l'en-tête et l'écriture du marbrier FX Parfonry de1889

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  • : Le blog de PARFONRY
  • : Le cadre directeur de ce blog consiste à réunir ce qui peut être transmis sur un patronyme. La présentation de tous ces personnages n'est finalement qu'une manière de transférer un patronyme. Qu'il soit culturel, social ou historique, ce patronyme ne fait que proposer un film dans lequel les séquences sont des instants de vie. L'environnement, le vécu de chacun a probablement plus d'impact sur ce que nous ressentons. Les gênes se diluent plus vite que le lien avec le mode de vie et les rencontres. Cette vision oblige à élargir le champs d'investigation en déviant de l'aspect purement généalogique. La découverte de nouveaux indices motive et assimile parfois cette recherche à une enquête. L'histoire ne peut être racontée de manière linéaire. Chaque élément, chaque personnage a droit à son histoire dans le récit tout en suivant le dénivelé et les courbes imposés par les aléas de l'Histoire et de la vie. Contrairement au patrimoine, un patronyme se voit contraint de s'adapter aux vicissitudes des évolutions sociales et des guerres. Le contenu des quelques 350 articles de ce blog a été rassemblé dans un livre intitulé "La véritable saga des PARFONRY de Neerheylissem - L'histoire d'un toponyme devenu un patronyme ".
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