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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 19:01

Dimanche 25 janvier

Réveil à 7 heures. Temps au beau fixe. Préparation du petit déjeuner pendant que Josiane, la voisine, nous renseigne sur une idée de promenade le long de la plage jusqu’au complexe » Pierre et Vacances ». Elle nous apportera peu après un délicieux jus frais de goyave avec les fruits récoltés le long de la clôture (quel délice !!) Comme nous prenons le petit déjeuner avant l’arrivée de Jacques, les poules du quartier se sont habituées à recevoir quelques miettes et sont désormais au rendez-vous. Toute la question est de déterminer l’endroit où elles pondent, ce qui doit probablement constituer un secret d’état bien gardé dans le quartier !

Avant que Jacques ne téléphone en France pour avoir des informations sur les caprices de la météo dans le Sud - Ouest, j’appelle mon fils François. Tout va bien. Il a effectué samedi après-midi sa tournée comme convenu chez ma mère et à la maison. Jacques, probablement inquiet d’avoir entendu les dégâts de la météo, s’est efforcé de joindre sa famille malgré les coupures de lignes. Après avoir reçu des réponses apaisantes de ses deux petits-enfants, il s’est rassuré, bien qu’on doive parer au plus pressé dans certains cas.

Matinée passée calmement à Gissac. Frans est venu parloter, ce qui a impérativement eu pour effet d’entamer une discussion sur les causes et les conséquences de la grève. Pour remédier à notre situation de touriste bloqué, Frank nous propose une ballade pour l’après – midi. Rendez vous est pris pour 15h 30.

Évidemment, comme je m’y attendais, le dénommé adjoint au maire n’était pas à son bureau à 10 heures. J’avais en fait surestimé sa force en me basant sur mon expérience africaine. J’avais, il est vrai, oublié depuis le début du séjour que nous nous trouvions bien en France et que l’ordre républicain existait forcément quelque part.

Pour occuper le temps, je vais acheter une série de cartes postales que je remplis aussitôt. Au moins, un travail de vacances bien avancé !

Par la suite, Jacques nous donne quelques explications sur l’élaboration des livres de cuisine de son épouse. On y apprend notamment que ce parcours a démarré lorsque ces beaux-parents étaient régisseurs de la propriété du baron de ROTHSCHILD au sud de Paris dans la Brie en s’occupant particulièrement du poulailler. Jacques se plonge dans un fou rire dont il nous gratifie de temps en temps quand Martine lui dit qu’il a servi de cobaye bienheureux toute sa vie. Il ajoute à mon attention que je dois veiller à garder Martine le plus longtemps possible.

Pour le déjeuner, après un ti punch, préparé comme à l’accoutumée par Jacques, et accompagné d’achras (beignets) de morue achetés le matin chez Gisèle, Martine sert une soupe volontairement différente de celle de Marie, pour donner une nouvelle fois un goût belge à la cuisine. Le tout complété par une assiette de charcuterie et des tomates vinaigrées aux oignons dont l’association ne fait plus reculer Jacques.

Pendant la sieste, Martine découvre les livres de cuisine de Michelle en concluant que ce fut un travail de recherche et d’écriture non négligeable. Des livres de base importants pour comprendre l’origine de la cuisine et qui ont eu leur succès d’édition.

Comme prévu, Frans est arrivé à l’heure. Et avec lui, nous entamons un circuit sportif à bonne vitesse par Bois Jolan jusque Pierre et Vacances, via l’anse de Helleux. Circuit perturbé par une « drache tropicale » mais qui ne nous arrête pas le moins du monde. Retour par l’intérieur du pays par monts et par vaux, à travers ces paysages de prairies reposant sur une terre calcaire mais désormais, le plus souvent, envahis par des villas derniers cris, par des lotissements aux couleurs antillaises. Petit détour pour nous permettre de voir, avant la tombée de la nuit, ce moulin de Gissac que nous apercevons au loin à chaque retour de ballade. Il n’en reste malheureusement que quelques pierres qu’envahit progressivement le monde végétal. Au retour au bercail, Jacques termine son courrier qu’il reportait depuis quelques jours. L’un de ses derniers liens qui vont traverser les vagues en direction de la Métropole. On sent qu’il est rassuré d’avoir terminé cette étape. Il est souriant et jovial.

Et comme pour nous surprendre un peu plus, il embraye, on ne sait trop comment, sur son histoire avec Miche, son épouse. Presque tout y est détaillé. De la déportation des futurs beaux-parents, du retour de Miche en Guadeloupe avec ses trois frères pour trouver du travail chez Darboussier, de l’ultimatum de Miche pour la rejoindre en 1948, de la contribution du parrain Jean au coût du voyage par bateau, du travail de Jacques avec contrat local, de la naissance du premier enfant, puis finalement du retour en France dans le Nord et ensuite à Bordeaux, rien n’est omis. Pendant plus de 45 minutes, il va développer une vie, une carrière, un art de s’adapter aux conditions de la vie que l’on avait déjà quelque peu deviné mais qui planté aussi sereinement nous apparaissait plus réel et plus émouvant.

Après ces confidences, il a bien fallu rappeler à Martine l’heure. En attendant que les plats ne sortent de la cuisine, Jacques, pour la première fois, me permit de préparer mon ti punch. Confiance dans l’étranger ou souci de déléguer au cousin !!!. Une avancée significative venait d’être paraphée, à la manière des vieux loups de mer, sans que mot ne fût dit. Et pour poursuivre,  en un tour de main, nous eûmes un repas bien belge constitué d’un steak grillé, de pommes de terre et d’une salade de tomates. Pas de rouspétances de Jacques qui finalement continue à s’adapter à la cuisine belge. Et en final, des tranches d’ananas parfumées d’une rasade de vieux rhum. Hum !!!

Avant de se mettre au lit, Jacques nous apprend que le préfet a signé un décret interdisant la coupure de courant. Appréciable mais qui ne va sans doute pas apaiser les tensions au niveau des grévistes.

Lundi 26 Janvier
Réveil à 6h 30. Le mystère du lieu de ponte semble avoir été découvert. Dédaignant nos petits morceaux de pains, les poules nous quittent subitement. Quelques temps après, nous les entendons chanter allègrement dans le jardin d'Eva. Pour revenir nous voir plus tard.
Jacques arrive et parvient à lâcher comme il en a l'habitude un "Merde, quel truc à la con ! ", en maugréant contre le cornet de téléphone qui est tombé par terre. Avant de prendre son petit déjeuner, il passe quelques coups de téléphone à ses amies sur l'île. Ce qui me fait laisser dire qu'il conserve encore un réseau de connaissances lui permettant de passer un certain temps au téléphone.
Marie entame la préparation de la morue ramenée de chez Gisèle, ce qui intéresse Martine, soucieuse d'épater les copines à son retour. La matinée est également occupée par un premier nettoyage de la chambre et un repassage. Les magasins restent fermés, à l'exception de Gisèle. J'en profite pour repasser chez le loueur de voitures qui, après quelques coups de téléphone en créole, me promet une voiture avec plein d'essence pour l'après-midi.
Le temps incertain ne nous tente pas pour effectuer une sortie. Nous passons donc la matinée dans la parcelle de Gissac. Avec pour conséquence que le déjeuner est dressé assez tôt. A 12 heures précise, ce qui perturbe quelque peu Jacques. Il n'a pas encore pris son apéritif quand le plat de morues et le riz dévoilent déjà leur parfum sur la terrasse. Ne voulant en aucun cas rompre avec son destin, il s'enfile un whisky rapidement avant de nous rejoindre. Il est vrai que l'on aurait pu l'accompagner mais la fatigue du circuit pédestre de la veille nous incitait plutôt à penser à la sieste.
Vers 15H 30, je me rends chez Jean, mon loueur, pour apprendre qu'il n'avait pu obtenir un bon de réquisition d'essence. Comme je le pensais bien, le deal était bien là. Il avait bien compris mon message lors de la discussion de vendredi. Je n'étais, il est vrai, pas sur que la technique africaine pouvait être  utilisée dans un DOM. La question qui restait en suspend concernait le poids de son influence. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin. Confirmant que cette journée pouvait constituer un intermède après une semaine, Martine se mit à préparer au cours de l'après-midi une seconde potée de mousse au chocolat. En méritant le tablier de Miche pour préparer la nouvelle potion magique belge, Jacques a manifesté son plaisir de le revoir dans la cuisine. !

Ayant décidé de pousser durant la matinée sa promenade vers la nationale, il la mit en application. J'allai le retrouver. Et au retour, comme j'avais du temps libre, je décidai de faire ma BA de scout en grattant les champignons qui développaient des mycorhizes et des carpophores sur la palissade de la barrière.
Durant le repas du soir, la discussion se dissipa dans plusieurs directions. Organisé autour d'un plat de morues dans son court bouillon, accompagné de riz, un avis sur l'opportunité d'aller sur chacune des petites îles fut émis en retenant notamment celle de la Désirade ou Jacques avait des connaissances chez Nounoune. Il rappela également sa promenade avec Inge aux mamelles et à la Réserve Cousteau en parlant notamment du plat de calalou, constitué d'herbes récoltées dans la montagne et "cuites on ne sait trop comment ".On conclut également que les " Georges devaient être des dictateurs !! ". Il énonça également sa complicité avec son frère Pierre, trop tôt disparu. De sa carrière, il souligna surtout qu'il " fallait donner des coups de main" qui peuvent faire aider à avancer là où c'est nécessaire. Et en dernier lieu, comme une boutade, qui revenait régulièrement depuis le début du séjour, une allusion au nom de famille était reprise, tel que " Je suis pas con, je suis un PARFONRY ", " Les PARFONRY n'ont pas peur de travailler ", ou encore  " Les PARFONRY, vous aller vous calmer ? ",... Quant à Martine, elle démontra une adaptation rapide en allant mettre une " petite laine" sous une température de 25°.

Mardi 27 janvier

Eveil à 6h 30. J’ai eu largement le temps d’aller acheter deux baguettes fraîches et le journal. Martine avait décidé de prolonger d’une demi heure son sommeil. Jacques arriva un peu avant 8 heures, un peu bougon, ayant été importuné par les aboiements d’un chien errant. Petite discussion avec Fernand le voisin qui nous apprit que la situation ne se débloquait pas beaucoup.

Vers 9 heures, nouveau passage chez Jean. Il nous propose une voiture à demi pleine, ce qui ne nous agrée pas. Le laissant dans sa quête d’essence auprès de personnes bénéficiant de bons de réquisitions, nous lui laissons le numéro de téléphone de Jacques. Cela nous permet de mieux nous organiser. Dans une stratégie de marchandage, à peine voilée, Martine lui fait comprendre que nous envisageons de partir sur une île. En réponse, il nous emmène au rond-point de Ffrench pour nous permettre de rejoindre plus facilement la plage de Bois Jolan. Manifestement, la confiance restait de mise. Arrivés à Bois Jolan, nous consultons la carte du restaurant Maman Bonne et nous nous mettons d’accord pour y manger. Sur la plage, une vraie séance de bronzage, sous les cocotiers et les raisiniers de mer, se prolonge durant toute la matinée. Comme le dit Martine, depuis notre mariage, ce doit être la première fois que l’on s’attribue une telle quiétude, ayant préféré auparavant les randonnées pédestres, les visites archéologiques, les circuits en voiture, les découvertes de villages,….Martine s‘efforce de photographier un petit crabe qui ne fait que jouer à cache - cache. Au final, échec et mat au profit du crabe !

Vers 13heures 30, nous nous asseyons à la table de chez « Maman Bonne ». Après une salade du chef et un poisson grillé arrosés d’un ti punch et d’un pichet de rosé, nous nous autorisons une petite sieste sur la plage avant de reprendre la route vers Gissac. Sur le chemin, on récupère Jacques qui, comme la veille, s’est autorisé une autre sortie. Et pour nous annoncer que la voiture de location est finalement arrivée, ce que confirmera un coup de téléphone de Jean. La voiture Clio est entrée dans la parcelle. Autre bonne nouvelle, la fille de Jacques, Martine, lui a téléphoné en annonçant que Clémentine attendait famille pour juillet. Tout baigne donc pour passer une bonne soirée à Gissac. Ti punch et planteur pour Martine furent préparés dans la bonne humeur. Et Jacques sortit la guirlande de Noël pour couronner le tout. La soirée peut commencer. Avec le plaisir de marcher pieds nus sur la terrasse de Gissac.

Durant tout l’après midi, Jacques a lu avec intérêt les livres décrivant le cadre de la région d’origine des PARFONRY. Il maîtrise désormais parfaitement les notions de « villages blancs », de « fermes carrées », de « tumulus »,…….J’ai malgré tout du lui donner quelques informations complémentaires sur la situation géographique, sur la différence entre communes et villages et sur la relativité des distances en Belgique. Il faudra que je prépare un cours de base pour tout PARFONRY qui s’aventura sur les terres septentrionales afin de réaliser une mise à niveau.


Mercredi 28 janvier

Eveil à 6h 30. Comme la veille, je vais chercher le pain et le journal. Jacques s’est aperçu que je donnais du vieux pain aux poules, ce qui ne lui plaît pas trop.

Après avoir régularisé les papiers, la voiture, une Renault Clio, nous est remise à 9h 30. Enfin, et avec un plein d’essence s.v.p. Commence alors un premier circuit dans la Grande Terre en passant par :

- la Distillerie Damoiseau,

- l’Anse Maurice où nous mangeons chez Pinpin une délicieuse fricassée de ouassous (crevettes d’eau douce), préparée dans une sauce de roucou (graines du roucouyer) ;

- la Porte de l’Enfer et la Pointe de la Grande Vigie ;

- l’Anse Laborde ;

Les photos de Martine permettront de donner un aperçu de ces magnifiques paysages. Le fait le plus probant de cette excursion est évidemment d’avoir eu l’occasion  de visionner la côte atlantique et la côte caraïbes. Un bout du monde qui témoigne de toute l’originalité de ce voyage !

En chemin, en observant tous ces champs de  canne à sucre, je me revois trente ans en arrière. Jeune agronome, responsable d'un programme de multiplication de cannes à sucre au Maroc. Voulant refaire une photo similaire à celle planquée dans mon bureau, je pose de façon à obtenir une position identique. 
Puis descente vers Morne - à - l’Eau, en déviant vers le Moule. Martine se renseigne dans quelques échoppes sur les madras avant de se résoudre à acheter des légumes au marché, vu le prix intéressant de ceux-ci (1 €/kg de tomates et bananes ; boudins créoles,…). Retour vers 17h 45 à Gissac. Jacques nous apprend qu’il a fait pratiquement un repas de Noël à midi en sortant du congélateur le morceau de pintade, préparé par Evelyne. Il s’est manifestement bien débrouillé sans nous.

La soirée se poursuit avec les intermèdes de pluie qui se sont poursuivies toute la journée.

 


Jeudi 29 janvier

Éveil à 7 heures. Pour changer nos habitudes et vider les réserves de baguettes de Jacques, nous décidons de les griller avec le toaster installé en permanence sur la terrasse. On entend déjà le bruit du sécateur d’Eva dans son jardin. La voiture a passé sa première nuit à Gissac. On avait envisagé de conduire Jacques au magasin mais vu les grèves (10ème jour de grève), celui-ci était toujours fermé à 9h 30. On change de cap et on décide de faire le circuit des Grands Fonds jusque Port - Louis, en passant par Morne - à - l’Eau et Petit – Canal. Repas pris au Poisson d’Or, sur conseil de Jacques, ou nous dégustons pour la première fois un Colombo au poulet après un gratin de Christophines. Les paysages des Grands Fonds nous apparaissent magnifiques par leur cadre. La route déambule parmi ses dépressions de verdure en forme de cirque. L’arbre à pain est partout. Comme première approche du milieu tropical, c’est d’une grande beauté. Peu de touristes et de circulation, ce qui agrémente évidemment la balade. Le cimetière et les marches aux esclaves de Morne-à-l’Eau ainsi que les petites maisons typiques de Port-Louis, les grandes étendues de canne à sucre et l’approche de la mangrove complètent les découvertes de la journée.

Sur le retour, nous nous arrêtons dans une supérette à Douville, pour acheter l’indispensable. Mais comme le « Leader Price « de Poirier est par bonheur ouvert, nous y entrons en constatant avec bonheur un réapprovisionnement partiel des étalages. Martine se laisse tenter par une bouteille de punch coco. En plus, nous parvenons à trouver le pain préféré de Jacques, celui aux 7 céréales, sous emballage. Il est évidemment très content d’autant qu’il a terminé à midi le plat de pintade.

Martine ayant pris quelques initiatives en cuisine se fait, comme je le prévoyais, légèrement réprimandé par Jacques. Dans son esprit, elle avait voulu alléger les tâches de Marie pour le lendemain. N’ayant pas vécu Outre - Mer, Martine n’a évidemment pas eu l’occasion de tester le rôle de répartition des tâches dans ce genre de contexte.

Vers 17 heures 30, téléphone de Françoise, la PARFONRY de Paris. Étant donné que Jacques est parti faire sa ballade, je décroche. Et c’est ainsi que j’aurai une première conversation avec cette cousine de Jacques. J’apprends ainsi qu’elle suit les résultats de mes recherches et surtout qu’elle en apprécie le contenu. C’est pour moi une agréable motivation supplémentaire. Dans la foulée, elle nous invite chez elle dans le cas ou nous décidions de faire une fugue vers Paris.

A 18h 30, nous nous regardons dans les yeux avec Jacques. Ayant compris, il me dit : « Comme d’habitude !!! » sans avoir besoin de réponse. Un vrai dialogue clair. Néanmoins, il reste étonné de ma propension à vider rapidement mon ti punch. Je ne suis sans doute pas encore arrivé au stade de la délectation suprême, du nirvana sirotant de tout bon antillais. Cela s’apprend sans doute avec le temps.

Comme elle en a pris l’habitude, Martine fait découvrir sur l’écran d’ordinateur les photos de la journée, en mettant sur le bureau la plus originale.

Jacques durant le dîner, pour retrouver un allié et effacer son agacement manifesté précédemment,  met de nouveau en exergue la qualité de la salade de tomates belge. Un vrai délice. Et pour le démontrer, il en prend avec les deux morceaux de boudins que nous avions acheté au marché du Moule.

Durant la discussion à bâtons rompus, Jacques souligne une nouvelle fois l’obligation de grande mobilité développée au cours de sa carrière. Des déplacements dans le Nord au trajet lorsqu’il habitait Briou pour aller enseigner à Vendôme, les km se sont égrenés par milliers. Et en final d’avancer cette belle phrase       «  Si quelqu’un devait vivre Sa vie, ce serait fatiguant ».


Vendredi 30 janvier

Réveil à 7 heures. Temps pluvieux. Et oh surprise, Jacques arrive par la cuisine et souhaite immédiatement une bonne fête à Martine. Il embrasse avec volupté la mienne en pensant sans aucun doute à la sienne. Mais c’est une attention qui permet de mettre une bonne ambiance en début de matinée.

Ayant compris qu’il ne fallait pas brusquer le cousin aux premières heures, nous attendons la décision de Jacques quant à son souhait de faire des courses. Martine se met à copier quelques recettes trouvées dans le livre sur la cuisine antillaise, écrite par le Docteur Nègre. Ces recettes, découpées par ci par là par Miche dans différents magazines, se référaient en grande majorité à des plats locaux. Tout bon pour épater au retour en Belgique ses connaissances.

La décision tombe assez rapidement. On ira à Saint François le lendemain, profitant par la même occasion du marché, ce qui nous agrée. Par conséquent, la matinée sera consacrée à nous rendre à Sainte Anne, espérant y trouver des timbres. En y arrivant, cette fois en voiture, nous ne pouvons que constater que la poste est fermée. Nos cartes postales attendront encore un peu. On déambule quelque peu au marché en s’efforçant de repérer la petite marchande de madras qui avait attiré le regard de Martine la première fois. Sachant ce que l’on veut, le marché est conclu rapidement. Il y aura très certainement du madras prochainement dans notre appartement de Berck. On remarque également un bel étalage d’épices contenues dans des sacs de tissus madras.
On s'intéresse particulièrement à ceux contenant du colombo et des graines de roucouyer, ingrédients typiques de la cuisine antillaise. Après un punch cocktail, on termine par l’achat de deux tickets pour une visite aux Saintes le mardi suivant.

 

Retour à Gissac pour 12 heures. On se prépare un œuf à la russe. Préparation normalement très rapide mais on doit cependant adapter la cuisson de l’œuf et son refroidissement aux desideratas de Jacques avant de le servir à table. Avec comme résultat une attente de plus de 30 minutes au lieu des 5 minutes pour la méthode belge.

Comme la journée s’annonce ensoleillée, on passe l’après-midi à Bois Jolan. La peau commence à extérioriser les heures de plage. Au retour, nous avons droit à une explication sur la façon de tuer les lambis, coquillage entrant dans la confection de plats locaux. Rien d’attirant au demeurant après avoir écouté la méthode utilisée.

Vers 17h 15, Jacques entame, sur ma proposition, une liste prévisionnelle pour les achats du lendemain. Cela ne semble pas être une activité épanouissante car il se met à bailler à plusieurs reprises. Finalement, après avoir rempli une bonne dizaine de lignes, il arrive à en définir les principaux articles, rangés dans l’ordre de disposition du magasin. Peu après, habituel coup de téléphone avec Evelyne. On espère voir un jour ce personnage si important de la vie guadeloupéenne de Jacques et qui apparaît si éloigné, restant bloqué au Gosier par manque d’essence.

Aux dernières nouvelles, les collectivités locales ont fait des propositions de réduction des taxes sur un certain nombre de points, ce qui rend un plus grand sourire à Jacques. Il se dit qu’il pourrait en bénéficier et devenir « un peu plus riche ». Ajouté à la sainte du jour, cela donne envie de prendre un apéritif plus sérieux. Martine continue désormais avec son punch coco. Elle constate que le bateau dans la bouteille de rhum ne flotte plus, indiquant une avarie assez sérieuse. Et dans une nouvelle boutade, Jacques nous explique que cette bouteille de 0,7 litre est suffisante quand « on l’utilise pour se rincer les dents ». Et de poursuivre que « ce n’est donc pas le cas quand on la partage ». J’en suis toujours à me demander si c’est de l’humour solognot ou antillais ? Car on a compris qu’il reste très attaché à cette terre de Briou ou il a vécu et ou il a pratiqué la chasse.

Ayant été attiré par les usages liés à la morue, Martine propose comme repas du soir une préparation de brandade de morues. Ce qui n’est apparemment du goût de Jacques qui trouve ce plat trop lourd à ce stade de la journée. Pour garder l’église au milieu du village, je ne peux conserver la solidarité entre les PARFONRY. Le cousinage a des limites. D’autant que Martine en cuisine s’est mise au travail. Pour la circonstance, on vérifiera que le four à gaz, en repos depuis un certain temps, fonctionne bien. Jacques n’aura finalement pas tout perdu. Il lui restera après notre passage 3 portions au congélateur. Il se contentera de charcuterie et de fromages.

Pendant le repas, j’ose porter une estocade. Ayant lancé la discussion sur les blagues belges, je me devais évidemment de répondre en faisant constater que les français sont reconnus comme des grands râleurs. Ayant à cette heure de la journée tous ses esprits, il réexamina la question sous une forme plus directe, en se la réappropriant : « Jacques, le français râleur ». A mon avis, ce n’était pas cette fois de l’humour solognot ni antillais mais tout simplement un peu « Conscience Vieille France ». On était loin de la belge attitude originale qu’avait du connaître François-Xavier. Trop tard pour effacer quatre générations d’expatriation. Il faut se rendre à l’évidence, la mutation des gênes s’est opérée. Heureusement, ce n’est pas un OGM mais bien, devant nous, un individu issu de plusieurs croisements fertiles ayant conservé tout son potentiel de diversités et d’adaptation. Et tout cela me fait penser à Martin, mon petit-fils. Il va suivre la même évolution, mais dans un contexte géographique européen qui laissera probablement moins de diversités mais encore plus de nécessités d’adaptations.

 
A suivre .........

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  • : Le cadre directeur de ce blog consiste à réunir ce qui peut être transmis sur un patronyme. La présentation de tous ces personnages n'est finalement qu'une manière de transférer un patronyme. Qu'il soit culturel, social ou historique, ce patronyme ne fait que proposer un film dans lequel les séquences sont des instants de vie. L'environnement, le vécu de chacun a probablement plus d'impact sur ce que nous ressentons. Les gênes se diluent plus vite que le lien avec le mode de vie et les rencontres. Cette vision oblige à élargir le champs d'investigation en déviant de l'aspect purement généalogique. La découverte de nouveaux indices motive et assimile parfois cette recherche à une enquête. L'histoire ne peut être racontée de manière linéaire. Chaque élément, chaque personnage a droit à son histoire dans le récit tout en suivant le dénivelé et les courbes imposés par les aléas de l'Histoire et de la vie. Contrairement au patrimoine, un patronyme se voit contraint de s'adapter aux vicissitudes des évolutions sociales et des guerres. Le contenu des quelques 350 articles de ce blog a été rassemblé dans un livre intitulé "La véritable saga des PARFONRY de Neerheylissem - L'histoire d'un toponyme devenu un patronyme ".
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