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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 17:58

    Un Louis PARFONRY, soldat de la guerre 14-18, avait déjà été repéré précédemment (voir article : Qui est le fantassin PARFONRY ?). Désormais en voilà un deuxième, identifié par son faire-part de décès1

   Décédé en 1927, à l'âge de 58 ans, il serait donc né vers 1868/1869. Qui est - il ? telle est la question. Devant faire partie de la branche des PARFONRY d'Erezée, au vu de son lieu de décès au hameau de Blier, situé dans le village d'Amonines, il n'est néanmoins pas repris au sein de l'arbre généalogique très détaillé de cette branche et reconstitué sur base des nombreuses informations transmises par différentes personnes. 

     Amonines est situé en bordure de l'Aisnes en Terre de Durbuy, non loin du village de Clerheid, lieu précis où apparait cette branche vers 1710. Un lieu-dit Parfondry y est par ailleurs toujours mentionné sur les cartes2. La Terre de Durbuy fut une seigneurie importante pendant plusieurs siècles, attestée comme centre de production du fer. De nombreux forges artisanales existaient dans ce territoire et se retrouvent encore de nos jours dans la terminologie des lieux-dits (voir articles : Petite histoire sur le développement des forges ; Promenade sur les terres de la branche d'Erezée). En conséquence, ce fut un centre de peuplement conséquent. On peut considérer cette contrée comme étant probablement l'un des centres d'origine de notre patronyme, au même titre que la vallée de l'Amblève entre Comblain et Aywaille.

     Hormi l'environnement très religieux qui transparaît à la lecture du faire-part, les seuls indices relevant sont le nom de Victorine CREPIN, son épouse et la mention d'une mort précipitée. Aucun autre nom n'y figure. La mention adieu mes chères enfants laisse penser qu'il aurait laissé une descendance féminine. Et l'utilisation du féminin ne peut faire croire que ce soit une expression destinée à englober un groupe plus large de personnes. 

On reparle d'un ostensoir - soleil

      Une présentation générale pouvait constituer le seul objectif de la publication de ce faire-part dans ce blog. C'était sans compter sur le souvenir, à travers la recherche par des mots clés, d'anciens articles publiés. Ce nom de CREPIN, nom de famille de l'épouse de Louis PARFONRY, avait, de fait, déjà été mentionné (voir article : Pièce religieuse retrouvée). Une dénommée Marylène LAFFINEUR-CREPIN3 y apparaissait, en lien avec la découverte d'un ostensoir-soleil4 qui avait été volé en 2002 dans l'église Saint-Pierre de Chénée (Liège). Et manifestement, en relisant cet article, on y apprend que cet ostensoir5 a eu une histoire en lien avec la famille PARFONRY. Son pied d'origine, disparu de nos jours et remplacé, portait l'inscription Donnez par la Veuve du Sieur Parfory le 23 septembre 1742. Une légère erreur d'écriture qui n'est pas pour contredire le lien. 

    De quoi penser que Louis PARFONRY, décédé en 1927, serait, non seulement l'un des descendants directs de la lignée installée dans la Terre de Durbuy au début du XVIIIème siècle mais également un descendant de cette lignée ayant possédé l'ostensoir-soleil de l'église de Chénée. Et la mention de ce nom de CREPIN dans les deux articles pourrait nous y aider. Y aurait-il un lien entre les deux ? Et pourquoi ne pas se dire finalement qu'il existe un lien entre les forges de la Terre de Durbuy et cet ostensoir en argent et laiton doré6. Reste à trouver le chaînon manquant. Quand la généalogie rejoint l'histoire, cela devient passionnant. Encore faut-il que des mémoires se soient perpétuées pour nous faire mieux connaitre l'histoire de ce Louis PARFONRY ?

1 Site Delcampe.be ;

2 Une carte postale représentant une maison construite sur ce lieu est régulièrement mise en vente :

3 Marylène LAFFINEUR-CREPIN est responsable du Service du Patrimoine de l'Evêché de Liège et Conservatrice de la collégiale de Huy, auteur de plusieurs livres sur le patrimoine religieux ;

4 L'ostensoir est une pièce d'orfèvrerie religieuse destinée à recevoir l'hostie consacrée ;

5 Cet ostensoir-soleil présente le poinçon de l'orfèvre liégeois François-Joseph VANDENBERG qui fut également, à partir de 1752, l'ajusteur juré des poids et balances dans la Principauté de Liège ;

6 Site KIK - IRPA photo n° M207646 ;

Ostensoir-soleil de l'Eglise Saint-Pierre de Chénée (source : KIK - IRPA n° 10101327)

Ostensoir-soleil de l'Eglise Saint-Pierre de Chénée (source : KIK - IRPA n° 10101327)

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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 11:36

    Jusqu'à ce jour, tous les exemplaires décelés du modèle Boîte du Roi de l'horloger Emile PARFONRY ne comportaient qu'un seul portrait de Léopold II sur le cadran extérieur. L'exemplaire en notre possession suffisait à satisfaire notre souci de mémoire, se contentant de suivre les ventes de ce modèle afin d'en inventorier les pièces encore existantes.

    On peut dès lors qualifier d'incroyable, de surprenante cette récente découverte1 d'un modèle similaire mais comprenant, non pas un, mais deux portaits de Léopold II. Outre celui classique sur le cadran externe, un deuxième, plus grand, se découvre sur le couvercle interne incorporé entre le cadran et le mécanisme d'horlogerie. 

   Le cadre et le lieu de la réception de ce modèle apportèrent le cachet complémentaire inhabituel. Précédé de plusieurs échanges de mails, un rendez-vous fut pris, le jeudi 11 septembre à 11 heures, sous la statue du soldat, sur la place de Ham-sur-Heure. Après quelques minutes d'attente, l'Opel Astra de François Van GEEL pointa son capot noir. Comme pour un script d'un film d'espionnage, le transfert aurait pu se faire de manière discrète sous le regard inopérant du soldat. Un bistrot proche donna heureusement l'opportunité de rendre la transmission progressive et instructive, de manière à apprécier mais surtout de permettre que cet instant ne soit ni fugace, ni malhabile pour donner plus de consistance à ce passage de témoin. Porté par l'intérêt actuel sur les objets militaires, ce modèle fut découvert à l'occasion d'une de ces bourses d'échange rassemblant ce qui se rapporte à ce domaine. Ce modèle Boite du ROI était effectivement attribué lors de concours de tir au cours desquels participaient des militaires.

     Son diamètre de 5.3 cm lui donne indéniablement une autre prestance. Et oh surprise, une pression sur le remontoir supérieur permet d'ouvrir le boitier, en faisant apparaître subtilement le second portrait. Pour le reste, rien n'est dissemblable au modèle classique. Le texte habituel  E. PARFONRY  Fabricant Bte du ROI  Concours 190   Prix remporté par  est bien mentionné en demi cercle. Mais, ayant du laisser la place au second portrait, il se retrouve sur la face interne du cadran inférieur. Sans l'année précise et le nom du gagnant, c'est indéniablement l'un de ces modèles préparés en un certain nombre d'exemplaires mais qui ne furent jamais attribués. Et attestant de la même finition, le mécanisme d'horlogerie, qui fonctionne toujours, porte également la mention de MOERI'S PATENT 7547/280 NON MAGNETIC, confirmant bien, par le brevet, la référence à la Suisse liée à cette maison d'horlogerie (Voir article : Le magasin suisse de l'horloger PARFONRY)

Avec le double portrait de Léopold II
Avec le double portrait de Léopold II
Avec le double portrait de Léopold II

     Ce nouveau modèle donne encore plus de consistance à la qualité intrinsèque de notre horloger familial qui avait déjà obtenu une médaille d'or lors de l'Exposition Universelle de 1889 à Paris (voir article : L'horloger Emile PARFONRY est reconnu parmi les siens). Il est logique de penser qu'il fut réalisé pour attirer la convoitise du Souverain dans le choix de son fournisseur. Cette proximité avec le Palais Royal, quant à la délivrance de cette création Boîte du ROI, ne s'est pas pérénnisée sur la durée. 

      Agé de 52 ans au moment de la cession de son magasin de la rue de Namur à la Maison ROSSEELS (1906 probablement), cela nous semble assez précoce et peu explicite. Si ce n'est le début des déboires de Léopold II à la suite de la publication du rapport du diplomate anglais Roger CASEMENT, en décembre 1903, relatant les exactions commises sur la population locale au Congo afin d'intensifier la production d'hévéas. Il s'en suivra un rapport d'une commission parlementaire en Belgique qui confirmera bien en 1905 les abus. Et en 1908, Léopold II cédait son domaine privé, qu'était l'Etat Indépendant du Congo, à la Belgique. Il se peut que cette cession de son horlogerie de la rue de Namur puisse être expliquée par les débats politiques mettant en cause le roi Léopold II. Manifestement, le nombre d'exemplaires réalisés prévoyait un usage plus important ce qui expliquerait la relative présence de montres non attribuées circulant de nos jours.

    Sur base de l'agencement des différents indices et dates rassemblés, cette présence de l'horloger dans la Cour du Palais pourrait être aussi la résultante de la contribution des deux frères PARFONRY (Emile et Narcisse) de la branche d'Erezée aux visées expansionnistes et colonisatrices de Léopold II. Installé dans la rue de Namur, à proximité du siège de la Société " Etat indépendant du Congo " qui gérait les financements octroyés par le roi Léopold II pour couvrir les frais de l'explorateur H.N. STANLEY, il serait assez incongru de ne pas y voir de liens. En se rappelant aussi que le décés en 1883 du lieutenant Emile PARFONRY au Congo, eut pour effet d'avoir une certaine indulgence vis à vis de son frère Narcisse2. Qui se retrouva par la suite aux confins du Brésil et de la Bolivie pour gérer une exploitation d'hévéas, confiée à une société anversoise mais pilotée au travers de l'appétit colonial de Léopold II. Le contenu des quatre lettres écrites en 1884 et 1885, découvertes dans les Archives au Palais Royal, sont assez explicites à cet égard (voir article : Hubert-Narcisse PARFONRY devant le Conseil de discipline). Narcisse revint en Belgique en 1903, soit peu avant que l'horloger ne crée probablement son modèle " Boîte du ROI". Une certaine logique dans la succession des dates est indéniable. Même si aucuns liens familiaux n'ont été trouvés, à ce jour, entre les PARFONRY des branches d'Erezée et de Neerheylissem, le patronyme commun et le choix de l'horloger peuvent être perçus comme une retombée de la promesse de protection accordée par le roi Léopold II à la famille du militaire, décédé au Congo.

     Un grand merci à François Van GEEL qui a compris qu'il ne s'agissait pas d'un simple échange d'une pièce entre collectionneurs. Sans cela, il n'est pas certain que l'on aurait pu aboutir à patienter au pied du soldat.

 

1 Découverte effectuée via le site de vente 2ememain.be ;

2 Rappelons la phrase écrite par Narcisse PARFONRY dans sa lettre du 22 octobre 1884, adressée au roi Léopold II, faisant référence au décès de son frère militaire en mars 1883 au Congo : Vous avez daigné, Sire, promettre votre haute protection à sa famille et à ses frères qui comme lui, servent sous le drapeau belge ;

 

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 11:27

    Même s'il remonte déjà à plus de quarante années, le document, repris ci-dessous, ne fait pas encore partie de l'histoire ancienne de la saga. Il ne peut être comparé à ceux déjà présentés sur ce blog comme le diplôme d'instituteur du grand - père, daté du 1 août 1914 (voir article : Le diplôme du grand-père), voire plus ancien avec la lettre écrite en 1839 (voir article : Une lettre écrite par Jean en 1839). 

    Sa particularité, sa spécificité, ce qui le rendra probablement intéressant dans le futur, s'analyse dans le contexte politique du moment. Cela s'est passé en 1973, l'année qui a vu la Belgique et d'autres pays passer de la période des trente glorieuses à celle d'un début de déficit permanant du budget public. Le monde bougeait de tous les côtés y compris du côté de l'ancienne colonie, le Congo. 

    Jeune diplômé de la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux, orientation régions tropicales et subtropicales, la voie était en principe toute tracée1. Comme mes prédécesseurs, le Congo, cette ancienne colonie allait m'offrir un travail dans un des domaines des cultures agro-industrielles où Gembloux excellait depuis des générations. Entre le café, le thé, le coton, le cacao, le palmier à huile, l'hévea, ces cultures exportatrices, le choix était large. Avec également l'assurance d'être contacté, sans devoir trop chercher, par l'une ou l'autre de ces sociétés installées depuis plusieurs décennies. Le timing allait une fois encore être respecté. Même mon travail de fin d'études2, réalisé en Belgique, à la chaire de Pédologie et non à celle de Phytotechnie tropicale, et donc pas du tout centré sur une des plantes énumérées ci-dessus, ne faisait obstacle à un recrutement pour le Congo. 

   Le 24 octobre 1973, le contrat était signé à Bruxelles avec la Société de Cultures au Zaïre 3 pour travailler dans leurs plantations d'hévéas, précisément à Binga, près de Lisala, dans la province de l'Equateur. Un coin, il  est vrai un peu isolé, au beau milieu de la forêt tropicale mais reconnu comme ayant les meilleures aptitudes tant du point de vue climatique que pédologique pour l'hévéaculture4. Sans aucune expérience de ce milieu, de cette culture, rien qu'avec le diplôme de Gembloux, véritable sésame, Georges GODDING, le grand patron, qui m'avait intervieuwé quelque semaines plus tôt, me lançait dans l'aventure.

      Et ce sont ces termes de Zaïre et Zaïrois, dactylographiés,  apparaissant à de nombreuses reprises sur le contrat, surimposé au mot Congo et Congolais du texte initial qui en sont biffés qui doivent attirer l'attention. Répondant ainsi à la volonté du nouveau Guide suprême qui, non content d'adhérer à la politique des non-alignés de TITO, se frotta aux modèles absolus de Ceaucescu en Roumanie et de Kim II-Song en Corée du Nord. Un changement de nom qui ne mettait pas en péril mon recrutement à ce moment. C'était sans compter sur le personnage principal, le général Joseph-Désiré MOBUTU, qui avait décidé depuis le 27/10/1971 de recourir à l'authenticité des toponymes et des patronymes de son pays. Le Congo devenait ainsi le Zaïre et expliquait ainsi les griffonnages sur le contrat. Le port de l'abacost, comme costume national fut ensuite instauré. Devenu Sese Seko MOBUTU, son implication ne s'arrêta, hélas, pas à ces transformations qui ne faisaient que supprimer la partie visible de la période coloniale. 

     Devenu mégalomane et spoliateur5 d'un des pays africains les plus riches, sa fuite en avant progressive le conduisit à entreprendre la nationalisation des entreprises à partir de 1973. Résolution prévisible et logique sur le plan politique, si ce n'est celle d'avoir favorisés ses proches qui oubliérent rapidement de gérer en bon père de famille. Malgré la situation, cette Société de Cultures au Zaïre n'a apparemment pas reculé avant de faire signer trois nouveaux contrats en ce mois d'octobre 1973. Le contexte international du marché de l'hévéa s'avérait prometteur. L'année 1970 avait été marquée par une production importante (35105 T) et un chiffre à l'exportation inégalé depuis lors (31440 T) pour le pays4. Un programme d'extension des plantations s'avérait approprié, justifiant les recrutements. Une autre raison de cette confiance devait résulter dans la localisation de ces plantations près du fief de Lisala, lieu de naissance de MOBUTU. Le chef suprême n'allait pas, croyait-on, couper l'une des branches de son assise. Ce lien géographique ne fut pas suffisant. Il fit malgré tout le pas en avant devant le précipice. Avec l'effet, quelques jours après la signature, alors que les malles étaient arrivées au port d'Anvers pour être embarquées, de ne plus m'autoriser à débarquer à Kinshasa. L'aventure tournait court avec la conséquence de me mettre à rechercher avec un peu plus de constance dans un nouvel emploi.

    L'aventure tournait rapidement court aussi pour toutes les industries, en particulier le secteur des plantations agro-industrielles6. De 36200 T en 1960, la production d'hévéa chuta à 25801 T en 1975, à 6450 T en 1995 et à 3541 T en 2003. La plantation de Binga7, mise à l'arrêt de 1997 à 2004, a été reprise par le Groupe BLATTNER de nos jours4. Située au coeur de la forêt tropicale, la région de Binga est désormais affectée par une déforestation en raison d'une exploitation intense par des sociétés.

    En 1997, le terme Zaïre fut supprimé au moment de la prise de pouvoir par Laurent-Désiré KABILA pour en revenir à l'intitulé République démocratique du Congo (RDC). La boucle était bouclée mais le mal était fait. Le Congo devint le mauvais élève en matière de bonne gouvernance.

    Même si l'histoire de ce contrat est encore assez récente, le document, par sa singularité sur le plan de l'écriture et par le contexte politique, est un témoignage de l'évolution chaotique de cette ancienne colonie. Il offre la perspective de servir de référence lorsque les années auront anéanti les mémoires et envoyé aux parcs à containeurs les fonds de grenier. En 2073, à son centenaire, ce document, s'il existe encore, remplira son rôle en rappelant qu'il fut un de ces moments importants de l'histoire familiale. Sans cette interférence politique, la suite de la saga aurait été totalement différente. 

 

1 Cette aventure a déjà été relatée en partie dans l'article : Plus de laissez-passer pour le Congo !

2 Etude du milieu physique et agricole de la région herbagère liégeoise. Contribution à une détermination des classes d'aptitude des sols pour la culture du maïs fourrage dans le secteur Spa - Verviers , TFE, Année académique 1972-1973 (ronéo) ;

3 Le contrat fut signé dans les locaux d'UNILEVER à Bruxelles ;

Etude des filières Huile de Palme et Caoutchouc - Rapport d'Etape 1 (Diagnostic - Analyse), Groupement AGRER - EARTH Gedif, 2005 ;

5 Cette analyse est unanimement reconnue de nos jours ;

6 Ce qui n'empêcha pas Robert MUGABE , Président du Zimbabwe, en 2000 d'imposer le même scénario avec les mêmes conséquences ;

7 La plantation de Binga aurait encore 2983 ha d'hévéas en rapport de nos jours ;

Contrat signé avec la Société de Cultures au Zaïre  (ex Congo) le 24 octobre 1973 (4 pages)
Contrat signé avec la Société de Cultures au Zaïre  (ex Congo) le 24 octobre 1973 (4 pages)
Contrat signé avec la Société de Cultures au Zaïre  (ex Congo) le 24 octobre 1973 (4 pages)

Contrat signé avec la Société de Cultures au Zaïre (ex Congo) le 24 octobre 1973 (4 pages)

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 20:31

     A l'occasion de l'Exposition universelle de Paris en 1900, de nombreuses manifestations furent organisées en parallèle. Il avait déjà été mentionné1 que Paul PARFONRY avait apporté sa collaboration bénévole à Georges CAIN, le Conservateur du Musée Carnavalet, pour l'organisation de l'Exposition rétrospective de la ville de Paris, sorte de Carnavalet improvisé, en recrutant dans les collections particulières, comme l'écrivait un critique littéraire2 à l'époque.

   L'extrait suivant relate l'affection de Paul pour la recherche d'objets encombrants qui devaient remplir les belles maisons haussmaniennes de cette période.

Dans ce demi-jour d'élégance, où cent trente peintures entourent une vingtaine de bustes, on dirait d'un Salon d'autrefois, contemporain d'un de ces intérieurs opulents que M. Walter Gay3 signe de sa maitrise, entre les bibelots anciens collectionnés par Parfonry .... (Le Bulletin de l'Art ancien et moderne, suppl. hebdo, p. 79. Expo et Concours. Cercle de l'Union artistique, Paris, 1912) ;

      On y retrouve également cette notion d' intérieurs opulents qui est celle qui a servi à caractériser son style de peinture et dont l'emploi fait encore partie de nos jours du langage usuel et familier permettant de l'identifier.

      De son côte, son épouse, née Gabrielle BARBAUT, ne fut pas en reste. On la retrouve comme donatrice d'habits pour une autre exposition intitulée Le costume et ses accessoires4. Si Paul assumait sa passion de peintre en squattant, on l'imagine, l'une ou l'autre pièce de la villa de Créteil ou de l'hôtel particulier de la rue Jouffroy, Gabrielle devait avoir aussi accumulé pas mal de choses en utilisant d'autres espaces. Les encombrants, comme on les appelle de nos jours, avaient largement leur place dans les maisons héritées de François-Xavier, le marbrier. 

     Un certain nombre d'habits sont fournis pour cette exposition. Les photos reprises dans le document attestent que Gabrielle a fait une donation d'un costume et de deux robes, essentiellement de l'époque Louis XVICette présence d'habits à cette exposition nous apporte l'éclairage nécessaire pour comprendre l'extrait de phrase découvert précédemment et n'ayant pas ou peu de liens avec l'occupation artistique de Paul. Le commentaire  formulé dans un journal de l'époque faisait bien référence aux costumes Louis XVI de Gabrielle et non à une toile de Paul. 

Parfonry fait partie des collectionneurs qui ont contribué à ce musée des élégances desséchées (Le Figaro du 16 juillet 1900) ;

      Description peu flatteuse en apparence, la signification d'élégances desséchées doit cependant être comprise, non pas nécessairement comme l'expression d'une accumulation d'objets démodés mais plutôt, selon le dictionnaire Larousse, dans le sens d'une présentation  manquant de douceur, d'ampleur et d'ornements  voire d' un coloris qui manque de douceur, de moelleux. De fait, comme on pouvait le craindre, cette exposition rassemblait une panoplie d'objets, de bibelots, sortis des armoires et des placards et ramenés en vue de les aérer. Objets qui pour certains, doivent se retrouver encore de nos jours au Musée Carnavalet à Paris, l'endroit idéal pour se faire une idée du monde des intérieurs opulents de l'époque 1900.

     Qu'elle était l'origine de ces habits Louis XVI, le roi guillotiné en 1793, il y avait de cela plus d'un siècle ? Probablement apportés par Gabrielle dans sa dot5 car il est peu évident que François-Xavier, issu d'une famille peu fortunée et belge de surcoit, n'ait amené ce genre de décor royal avec lui. Peu d'éléments sur l'ascendance de Gabrielle BARBAUT n'ont été relevés dans les arbres généalogiques consultés6. Ce qui nous limite pour en donner une interprétation pour le moment. Y avait-il dans la présence de ces habits Louis XVI l'affichage d'un soutien à la monarchie de l'Ancien régime ? Peut - on encore trouver réponse à cette question aujourd'hui ? Décédée en 1958, à l'âge de 88 ans, Gabrielle a peut être laissé des souvenirs dans les mémoires. 

     Dans un autre genre, imaginez-vous maintenant que le parolier de Johnny HALLYDAY ait eu connaissance de cette expression qualifiant les vêtements de Gabrielle. On aurait pu avoir une toute autre version de la terrible phrase du refrain de la chanson Gabrielle, qui se terminerait en un bel alexandrin parfait7:

J'ai refusé, mourir d'élégances desséchées 

P.S : Ah que coucou, répondrait Johnny !!!! 8

1 NORMAND Charles (1900) : Bulletin de la Société des Amis des Monuments parisiens, vol. 12, Paris, p. 321 ;

2 Ad. BRISSON ;

3 Walter GAY (1856-1937) : peintre américain, installé en France en 1876 , réalisant des tableaux du même style de peinture que Paul PARFONRY ;

4 CAIN Georges, CAIN Henri, CLARETIE Jules, etc.... : Musée rétrospectif des classes 85 et 86. Le costume et ses accessoires - rapports, pp. 53 et 55 ; (disponible au CNAM) ;

5 La dot apportée par Gabrielle BARBAUT, selon l'acte de liquidation et de partage des biens, était d'ailleurs beaucoup plus importante que celle de Paul ;

6 Achille BARBAUT, né en 1881 à Isbergues (Pas-de-Calais), décédé le 29/12/1914 à Ypres (Belgique) est le seul personnage relevé portant l'un des  prénoms du père de Gabrielle, décédé en 1902 ;

7 C'est à dire formé de deux hemistiches  de 6 syllabes ;

8 Extrapolation libre d'un sketch des  Guignols de l'nfo ;

Images où apparaissent les 3 modèles Louis XVI offerts par Mme PARFONRY
Images où apparaissent les 3 modèles Louis XVI offerts par Mme PARFONRY

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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 00:17

     En cette période de la commémoration du centenaire des premiers combats de 1914, rien n'empêche de parler également de cette autre guerre mondiale qui se déroulera moins d'un demi-siècle plus tard. Apparue déjà sur ce blog au travers d'un article sur mon père Georges PARFONRY (voir article : Réfugié dans le Gard), la mention de cette seconde guerre est de nouveau rendue possible, suite au décès d'un soldat belge portant notre patronyme. Au travers de son geste héroïque, il m'est ainsi donné de l'opportunité d'insérer son parcours en rapport avec les premiers jours de cette guerre.

      Aloys, Albert, Gilles PARFONRY1 est né à Marenne2 le 1/04/1917 au sein d'une fratrie de 7 enfants (2 filles et 5 garçons). Il est l'un des descendants, à la 7ème génération, du premier PARFONRY, né dans la petite localité de Clerheid vers 1710 et faisant partie de la branche des PARFONRY, communément dénomnée d'Erezée sur ce blog. 

     Soldat au sein du 20ème Régiment d'Artillerie des Chasseurs Ardennais (20A/3Gp/7Bie,  n° de matricule 298/78), l'un des détachements les plus prestigieux de l'armée belge, Aloys est tué dès le 10 mai 1940, soit le premier jour de l'offensive allemande. Contrairement aux autres Régiments de ces Chasseurs ardennais qui avaient pris position le long de la frontière belgo-luxembourgeoise, Aloys est l'un des onze soldats de ce corps tués à Rosmeer3, petite bourgade limbourgeoise, le long du canal Albert, en face de Maastricht. 

    La présence, à cet endroit, d'Aloys PARFONRY reste à expliquer. Le cadre opérationnel de cette première journée de la guerre 40-45 permettra de le comprendre. 

     Pendant qu'il rencontrait une résistance coriace au sud du pays, le rouleau compresseur allemand déferla rapidement sur la Belgique dans sa partie septentionale. Avec pour raison principale, la prise, en quelques heures, du fort d'Eben-Emael, qui avec ses 75 ha de défense et ses trois niveaux de fortins, devait protéger tous les ponts sur la Meuse et le Canal Albert4 entre Maastricht et Visé. Considéré par les militaires comme imprenable par voie terrestre, l'attaque allemande, préparée pendant plusieurs mois, arriva par les airs, peu avant que ne soit officialisée la déclaration de guerre. En utilisant des planeurs pour débarquer des soldats sur les toits des casemates, ils réussirent, en un rien de temps, à anéantir les tourelles des canons. Combinée avec la prise des ponts sur le Canal Albert, la surprise fut totale, ouvrant ainsi la voie vers Bruxelles et Anvers. Et ce ne fut pas la résistance de l'artillerie des Chasseurs ardennais le long de ce Canal Albert qui put faire le contre-poids. Le subterfuge des allemands avait pris par surprise le commandemant militaire belge, modifiant également les stratégies élaborées par les Alliés, pris de ce fait en tenaille. Rosmeer est situé entre les ponts de Vroenhoven et Veldwezelt sur le Canal Albert. N'ayant pas été détruits, Aloys PARFONRY a du défendre avec l'artillerie le passage du Canal aux allemands sans pouvoir compter sur l'appui du fort d'Eben-Emael. Il fut submergé rapidement par le nombre avant de  succomber. Durant ces premières heures des premiers combats, le Bataillon d'artillerie subira de lourdes pertes, que ce soit à Veldwezelt, à Heerenaelderen, à Riemst et à Zichem-Zussen-Bomder. De nos jours, un Mémorial du Régiment d'Artillerie des Chasseurs Ardennais 20A, portant la mention Défense du Canal Albert, a été érigé rue du Fort à Eben Emael5. Une liste de 41 noms de ce Régiment, dont Aloys PARFONRY, y sont mentionnés sur deux plaques commémoratives.

    Par  contraste, l'opposition affichée par contre dans le sud du pays par ces Chasseurs ardennais, puis lors de la bataille de la Lys, fera dire à ROMMEL, commandant de la 7ème Panzerdivision, la phrase suivante : Ce ne sont pas des hommes, mais des loups verts. Couleur verte en référence avec celle du béret de ces Chasseurs, dont la devise est Résiste et mords, et qui sera reprise par la suite par les Anglais pour doter leurs commandos de ce fameux béret vert, en hommage à leur bravoure.

     Tombé au Champ d'honneur, la tombe rénovée d'Aloys PARFONRY se trouve désormais dans le cimetière de Marche-en-Famenne6. Il n'aura pas la chance de connaître sa fille Christiane, née le 1/06/1940, soit seulement quelques semaines après son décès. Outre le fait d'être la ville de garnison de ce Régiment des Chasseurs ardennais, c'est aussi de là qu'est originaire Aloys. C'est son grand-père Hubert PARFONRY (1843, Erezée - 1923, Marche-en-Famenne) qui effectuera le déplacement à partir d'Erezée pour venir créer un nouveau centre secondaire d'incrustation de notre patronyme.

   Au travers de plusieurs articles dans ce blog, la bravoure des PARFONRY ne s'est pas démentie lors des deux guerres mondiales. A côté d'Aloys, on retrouve Louis (voir article : Qui est le fantassin Parfonry ?), Jean (voir article : Jean est cité à l'Ordre de l'armée) , Georges (voir article : Georges, prisonnier à Meschede) et Jacques (voir article : La seconde vie de Jacques après Germersheim) mais aussi plusieurs résistants (voir article :  Et si on parlait de nos Résistants). De quoi se dire qu'il n'est pas sur qu'il ne reste rien, après la mort, d'un passé évanoui, d'un être jadis vivant7.

1 Sur le site La Fraternelle des Chasseurs ardennais, il est mentionné le patronyme de PARFONDRY, ce qui est manifestement une erreur ; 

2 Marenne est un village situé à proximité de Marche-en-Famenne ;

3 Et l'un des 630 morts parmi les Chasseurs ardennais au cours de cette guerre (source : l'excellent site de Frans GORISSEN, présentant individuellement chaque soldat mort au sein de ce Régiment des Chasseurs ardennais ) ;

4 Le Canal Albert est une voie navigable construite entre les deux guerres et reliant Liège à Anvers ;

5 http://www.bel-memorial.org/cities_liege_2/eben-emael/eben_emael_fort_mon_20a.htm ;

Source : http://www.bel-memorial.org/photos_liege/eben_emael/PARFONRY_Aloys_54333.htm ;

7 Phrase reprise et adaptée du livre de Jean d'ORMESSON : Comme un chant d'espérance, 2014 , édition Héloïse d'Ormesson ;

Tombe du soldat Aloys PARFONRY

Tombe du soldat Aloys PARFONRY

Plaque commémorative au Mémorial du Régiment d'Artillerie des Chasseurs Ardennais 20A à Eben Emael. Liste des soldats morts pour la défense du Canal Albert en mai 1940

Plaque commémorative au Mémorial du Régiment d'Artillerie des Chasseurs Ardennais 20A à Eben Emael. Liste des soldats morts pour la défense du Canal Albert en mai 1940

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12 août 2014 2 12 /08 /août /2014 09:58

      Deux chiffres clefs sont à mettre en ce début du mois d'août 2014 en évidence. En premier lieu, ce blog vient de dépasser la quotité des 50 000 pages visionnées. Un chiffre qui démontre de la visibilité et de la constance dans la lecture des quelques 271 articles édités à ce jour.  S'il ne peut se prévaloir de faire partie des blogs les plus prisés, il est parvenu à fidéliser et à trouver sa place dans le panorama des sites. On peut tabler sur un minimum de 15 à 20 pages ouvertes chaque jour depuis sa création avec des pointes supérieures à 100 pages à certains moments (117 pages le 25 décembre 2013, 136 pages le 27 janvier 2014, 110 pages le 18 mars 2014). En dehors du cercle géographique franco-belge largement majoritaire (dans une proportion de 2/3 France et 1/3 Belgique), ce blog attire régulièrement des visiteurs d'autres pays, tels que le Canada, l'Allemagne, l'Algérie, la Suisse, l' Espagne, le Maroc,....

      Et deuxième élément marquant, nous fêtons également en ce mois d'août, ses six années d'existence. Créé début août 2008, ce blog a réussi à développer une thématique assez originale, au travers l'histoire d'un patronyme, de manière à attirer et intéresser à de nombreuses reprises des personnes qui, parfois, tombaient dessus un peu par hasard. C'est ce moyen d'ouverture qui a permis assez régulièrement d'ouvrir de nouvelles pistes de recherche et d'approfondir certaines  découvertes. 

      Une autre façon de constater son succès est d'avoir développé une approche toute innovante sur la manière de faire redécouvrir une histoire familiale en associant aux aspects historiques, géographiques, toponymiques des éléments de mémoire qui allaient immanquablement sortir des sentiers parcourus par nos vies à tous et à toutes. 

      Le travail continuera non seulement pour maintenir l'intérêt mais aussi, dans l'espoir de faire ressortir sans cesse de nouveaux éléments. Et pour éviter de donner aussi l'impression de se trouver devant un travail inachevé. Au gré de ma disponibilité, selon le bon vouloir de ceux qui le visitent, en fonction des pistes de réflexion qui naitront, ce blog devrait continuer à vivre. C'est sans doute tout le mal que vous souhaitez pour lui.

     Par ailleurs, le monde  informatique et la pression commerciale évoluent toujours un peu plus. Ayant évité les entrées publicitaires jusqu'à ce jour, il semble cependant que le site over-blog veuille désormais s'inscrire dans un schéma du donnant-donnant. Des encarts publicitaires devraient apparaître bientôt en compensation d'une gratuité d'utilisation du blog. Rien de précis pour le moment sur l'importance et la qualité des prestations qui viendraient se surimposer aux articles. Aussi, il a été décidé, au titre de phase de transition, d'accepter l'option d'essai, sur une durée d'une année, d'une présentation offrant une plus grande capacité de travail sans insertion de publicités. L'offre sur cette durée est assez intéressante. Il est bien entendu qu'une évaluation de notre part sera faite à terme afin de décider de la suite à donner à ce blog. Il pourrait être temps, à ce moment, de se lancer dans le monde des cloud computing en simplifiant le partage des données, voir de publier le document de travail régulièrement mis à jour. 

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 16:59

     Habitué à découvrir des modèles de montres à gousset pour hommes de l'horloger Emile PARFONRY, la surprise n'en fut que plus importante pour ce dernier exemplaire retrouvé. Contrairement aux autres pièces présentant un couvercle de métal argenté de dimension raisonnable, celle-ci était une petite montre en or 18 carats de quelques 2,7 cm de diamètre, marquée du numéro 5721. Le mécanisme interne d'horlogerie ne comporte aucune référence quant à un brevet de fabrication.

      Tout en venant s'ajouter aux quelques exemplaires dèjà récupérés, le parcours de ce modèle en ajoute avant tout à l'intérêt. Même partielle, la description ouvre la possibilité de certaines pistes de suivi sur base de ce que nous en a relaté la personne qui nous a proposé d'entrer en possession de cet objet.

      " Cette montre a été au départ la propriété d'un haut gradé militaire d'origine allemande, répondant au nom de WEICKERT. Il a épousé une belge et ont habité à Uccle (Bruxelles). Leur fille Marie-Louise, née vers 1930, a reçu cette montre en héritage. Restée célibataire, elle a finalement transmis, avant sa mort en 2010, cet objet à une de ses amies. Toujours vivante, c'est par l'intermédiaire de sa fille Isabelle WAYS que cette montre a intégré la collection rassemblée de l'horloger ".

    Que retenir de cette transmission de mémoire ? Le seul élément déterminant de ce parcours est le nom de ce militaire allemand. Sa présence à Bruxelles ne semble pas résulter de la période de la première guerre mondiale. Il a probablement du arriver, au vu de l'année de naissance de sa fille, après 1920. Aucun détail supplémentaire n'a pu m'être fourni par Mme Renée WAYS-DAMIEN, l'amie de la fille de ce WEICKERT. 

    Seule piste intéressante pouvant être retenue, en rapport avec les éléments déjà relevés, la naturalisation ordinaire en 1939, d'un dénommé WEICKERT Ludwig-Conrad, né à Nürnberg (Nuremberg) le 25 août 1878, et habitant la Belgique depuis 1925. Il est mentionné comme Agent commercial  à Uccle. Ayant satisfait aux obligations sur la milice dans son pays d'origine, son mariage avec une belge et la naissance d'une fille sont également repris dans la justification pour l'obtention de cette naturalisation1.  Agé donc à ce moment de 61 ans, les dates, la nationalité et la présence à Uccle ne laissent que peu de doutes sur le lien avec le militaire allemand. Seul élément non concordant, la référence au satut d'agent commercial ne confirme pas totalement de l'identité d'un seul et même personnage. Ayant des carrières plus courtes, il se peut que ce militaire allemand, arrivé en Belgique à l'âge de 47 ans, ait officié comme agent commercial après sa mise à la pension. Sans être assuré de ce critère, la piste est néanmoins cohérente et crédible. Ce Ludwig-Conrad WEICKERT est bel et bien celui qui est entré en possession de cette montre.

      Arrivé à Bruxelles en 1925, WEICKERT n'a pu acheter ce modèle de montre directement dans le magasin de l'horloger, installé dans la rue de Namur à Bruxelles2. Il est par contre très probable qu'elle ait été acquise pour l'offrir en cadeau à son épouse. Deux éventualités peuvent être dans ce cas envisagées. Soit, la montre s'est retrouvée après 1918 en Allemagne, ramenée par un soldat allemand et récupérée par ce WEICKERT. Soit, ce même WEICKERT a acheté directement à Bruxelles cette montre dans un magasin spécialisé, peu après son installation en Belgique. Autre possibilité, WEICKERT lui-même, serait entré en possession de cette montre pendant la guerre 14-18. Ayant 36 ans en 1914, il aurait pu faire partie de l'armée allemande qui a envahi la Belgique. Ce qui reste malgré tout à être confirmé.

     Pour la première fois, l'action de se réapproprier une montre de l'horloger Emile PARFONRY s'est vu consolider par la connaissance partielle de son parcours. Une manière de combler notre curiosité sur un objet marqué non seulement de notre patronyme mais aussi de notre histoire familiale. Et complétant cette satisfaction modeste, la consistance en or du boitier n'en confère que plus de valeur. Le prix fixé, après un échange de mails, est bien en rapport avec la valeur marchande et symbolique de ce modèle.

 

1 Projets de Loi présentés par la Commission des Naturalisations, Chambre des Représentants, session extraordinaire 1939, n°130 et 131  (Liste n° 14) ;

2 Ce magasin de l'horloger PARFONRY  a été cédé à un autre horloger (Maison ROSSEELS) vers 1906 ;

 

      

La montre en or E. PARFONRY BRUXELLES avec la mention 18 K et son numéro.La montre en or E. PARFONRY BRUXELLES avec la mention 18 K et son numéro.

La montre en or E. PARFONRY BRUXELLES avec la mention 18 K et son numéro.

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 08:23

     Nouvel endroit bien insolite pour notre patronyme. Pas vraiment ce qu'on pouvait entrevoir depuis que nos recherches l'avaient plus volontiers localisé dans des bas-fonds ou sur des cours d'eau dans des zones boisées. Dans le cadre des endroits recensant ce nom, une phrase avait cependant été repérée depuis plusieurs années. Parmi les différents lieux et sites cités, on y trouvait mention d'une fosse de charbonnage Parfondry. Voici l'extrait qui s'y rapporte :

Fosse de charbonnage au nom de Parfondry aurait existé, à gauche du chemin reliant Châtelet à Pont-de-Loup en 1791, entre la piedsente du chemin allant au faubourg de Châtelet et la grande prée, près de la chapelle de Saint-Clet.

(N.B. : prée = prairie ; piedsente = sentier pour piétons)

    Les deux localités mentionnées, à savoir Châtelet et Pont-de-Loup, se situent le long de la Sambre, en rive droite, entre Charleroi et Sambreville. Et comme une nouvelle preuve à l'édifice, ces deux localités faisaient parties d'une extension du territoire de la Principauté de Liège, confirmant le lien avéré entre notre patronyme, l'histoire et la géographie. Par ailleurs, un détour par cette Tour Romane de Pont-de-Loup1, entourée de ces tombes de mineurs, est un témoignage assez unique de  l'importance de cette activité  industrielle dans le secteur.

      Si la chapelle Saint-Clet2 est bel et bien encore indiquée sur la carte FERRARIS de 1777, et non la fosse de charbonnage, son emplacement restait cependant une inconnue de nos jours. Une nouvelle enquête se profilait donc pour donner du corps à ces éléments ayant surnagé aux siècles.

      Plusieurs passages dans la localité de Pont-de-Loup n'avaient pas permis de la situer. Or cet indice était essentiel pour espérer mettre une localisation plus précise sur cette fosse de charbonnage. Et ce n'était pas la découverte de la potale de la rue de Stalingrad, à côté de cette rue Saint-Clet qui allait m'apporter une solution. Ni les inscriptions faisant référence à un certain Léopold GRENIER, ni la date de 1905 ne me donnaient d'indications sur ce que je cherchais2

       L'arrière-petit-fils de ce dernier, sortant en voiture de la maison attenante à la potale, m'expliqua que les indications avaient été effectuées en reconnaissance du fait que son arrière-grand-père Léopold avait survécu en 1905 à un grave accident qui lui avait écrasé les jambes.  A l'arrière de la maison, on trouve encore les vestiges d'un ancien terril3, témoignage d'une certaine activité minière dans le secteur. Manifestement la configuration des lieux commençait quelque peu à correspondre,  même si cette potale ne semblait pas ressembler par son architecture à la chapelle recherchée.

      Sur indication du conducteur, j'allais visionner le site http://www.vieux-chatelet.be (Société Royale d'Histoire "Le Vieux Châtelet). En le parcourant (charbonnages ----->Carabinier ----> Puits n°1), on y trouve un aperçu historique sur les concessions accordées à plusieurs sociétés de charbonnage. On y découvre en particulier la présence de la Compagnie de Pont-de-Loup Sud avec " une concession remontant au 4 novembre 1773 accordée par Guillaume STAINIER de Pont-de-Loup pour le terrage des veines de houille située entre le bois du chapitre Saint Lambert et la ville de Châtelet "Ce renseignement venait en quelque sorte corroborer le texte initial en localisant bien la concession à la limite de Châtelet et Pont-de-Loup. 

       Poursuivant le fil de mon enquête, un contact fut pris avec André VANDENBROECK, le Président de la  Société Royale d'Histoire Le Vieux Châtelet. Qui m'envoya de facto les informations4 donnant de la consistance aux questionnements de mon enquête. 

- le Parfondry  (aussi appelé ruisseau de Saint-Clet) était un petit ruisseau au cours fort tortueux, entouré de terres portant le même nom et apparaissant pour la première fois en 1574 (sous le nom Parfonrieu), puis en 1585 (..... une terre a parfondry joindant de weve et de vent et de schorcevent a Jean Henry et de bize a François Watty et al voye cherial de Ponderloup a Chastelet .....5) , en 1657 (une pièce de terre dessus parfonry) et en 1725 (des terres de parfonry)6. Reportant ces indications sur la carte, le lieu-dit en question devait se situer entre la rue de la Limite et l'intersection des rues du Campinaire et des Lorrains, soit toujours sur Pont-de-Loup, à la limite Nord de la localité de Châtelet, correspondant au quartier Champ Saint-Clet de nos jours. Le ruisseau quant à lui configurait ce qu'est devenu plus tard la rue de la Limite.

- la fosse de charbonnage de Parfondry, comme c'était le plus souvent le cas jusqu'au XVIIIème siècle, était une veine de houille d'une dizaine de mètres de profondeur, exploitée de manière familiale7. Egalement appelée du nom de son propriétaire, la veine DOSQUET, elle sera reprise, comme de nombreuses autres veines dans le puits n° 1 de la Compagnie des Charbonnages de Pont-de-Loup Sud, au lieu-dit "champ de la machine", au dessus de Parfonry, entre les rues de la Limite et de la Blanchisserie.

- la Chapelle Saint-Clet  remonte à 1489. Située le long du ruisseau de Parfonry, elle était considérée comme borne entre Pont-de-Loup et Châtelet. Il ne reste aucun vestige de la chapelle, ni d'ailleurs du ruisseau.

      Parmi les trois puits recensés pour cette Compagnie de Pont-de-Loup Sud, le puits n° 1 nous intéresse plus spécialement. Situé rue Auguste Scohy, il disposait " de trois étages d'extraction (-137 m, -183 m et -291 m) et d'un chemin de fer de type "Decauville" le reliant au puits n°2, situé rue du Campinaire.  Abandonné dès 1880, il fut aménagé pour recevoir des écuries hébergeant les chevaux de mines, les réserves d'avoine et un petit atelier équipé d'une forge "La petite fosse individuelle et familiale qui existait encore en 1791 s'était profondément modifiée au passage de l'ère industrielle. 

      La proximité de La Sambre, affluent de la Meuse, la déclivité de la rue et la localisation de prairies à proximité, laisse croire à un même environnement que celui décrit récemment dans la localité de Moignelée et situé non loin de là en aval de la rivière (voir article : Le Fond des Rys à Moignelée). Le nom de cette fosse, qui a donc bel et bien existé, est en lien direct avec son environnement géographique. Il ne reste rien de nos jours pour trouver trace de cette rivière, de cette terre et de cette fosse de charbonnage. Les surfaces commerciales et les lotissements qui s'y sont implantés ont modifié fortement le terroir initial. Du niveau familial d'extraction à celui du puits n°1 sur trois étages d'extraction, on peut aisément appréhender l'évolution industrielle du lieu. En parcourant la rue de la Limite, affectée d'une déclivité certaine et délimitée par des talus, on doit imaginer ce que devait être l'espace il y a de cela 250 années. Le caractère tortueux de la rivière y est encore apparent de nos jours. Si son abandon depuis 1880 n'a pas laissé de traces dans le paysage, le nouveau nom donné à l'endroit, "le champ de la machine",  offre cependant une possibilité de résilience dans les mémoires. Une nouvelle foi, les réponses m'ont été apportées par des historiens qui se passionnent pour l'histoire locale.

      La configuration de ce dernier lieu présente les mêmes similitudes au niveau de l'environnement que ceux déjà détaillés dans des précédents articles (voir articles : Le Fond des Rys à Moignelée, Un petit détour par Parfouru-sur-Odon, Une virée automnale à Parfondruy, ........). Attestant assurément d'une définition plus élaborée que celle donnée à notre patronyme dans les dictionnaires détaillant les noms de lieux. Se limitant dans ce cas à Ruisseau profond,  il est plus évident de s'en référer, au vu de la réalité, à un nom de domaine, à un site, à une terre pouvant être considérée comme moyen de production. La référence à  Près du ruisseau à forte pente  par laquelle on englobe les terres attenantes à une rivière à forte déclivité semble plus appropriée. 

      

1 La Tour Romane à Pont-de-Loup est un vestige de l'ancienne église paroissiale Saint-Clet qui dépendait de la cathédrale Saint-Lambert à Liège ;

2 Saint Clet fut le troisième pape après Saint Pierre et Saint Lin ; aucun lien évidemment avec l'expression populaire bruxelloise : Quel klette, ce pei !

3 Ce terril est toujours mentionné sur la carte IGM 1:20 000 Tamines (47/5) de 1948 ;

4 Les renseignements collectés ci-dessous sont issus de différentes sources :

- Jean-Luc FAUCONNIER : Toponymie de Châtelet, Annuaire Vieux Châtelet ; - Marie-Claire LEBOUTTE : Mémoire de fin de Licence, 1970, Toponymie de la commune de Pont-de-Loup ; - Richard et André VANDENBROECK : Dépouillement des archives anciennes de Châtelet, concernant Pont-de-Loup ;- Alex SIMON : Châtelet, ville d'eaux, Annuaire Vieux Châtelet ;

5 Weve = Est ; Vent = Sud ; Schorcevent = Ouest ; Bize = Nord ;

6 Toutes ces dates sont postérieures à l'apparition la plus ancienne de ce nom (voir articles : Le site du lieu de Parfondry a bien existé ; La terre de Parfondry a bien existé ) ;

7 Ces veines de houille étaient appelées " Cayat " et leur exploitant " Parchonnier " ;

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 15:29

      Ferdinand, qui apparait de manière aléatoire et épisodique dans ce blog, y devient finalement bien présent. On le croyait peintre occasionnel, moins prolifique que Paul, son supposé neveu (voir les 2 articles : Un autre peintre PARFONRY ; Après Paul, voici une toile de Ferdinand). Deux découvertes récentes tendent à démontrer le contraire. Ferdinand commence à concurrencer Paul au nombre des toiles répertoriées

      La première peinture, intitulée : Scène d'intérieur, a été mise en vente à l'Hôtel des Ventes Mosans à Liège le 21 mars 2013 (lot 163). C'est un tableau de 53 x 40 cm, signé en bas à gauche et daté de 1860. Estimé entre 300 et 500€, sa vente nous a été confirmée à cette occasion. Le décor est manifestement d'inspiration hollandaise du XVIIème siècle. Sur la table, on découvre un jeu de cartes étalé en demi-cercle.

    L'histoire de la seconde peinture est un peu plus surprenante. Elle nous a été signalée récemment, via ce blog,  dans la Province du Québec au Canada. D'une dimension de 40 x 60 cm, elle a été achetée, il y a de cela environ 5 ans, par Gaëtan GARIEPY,  charpentier et menuisier mais aussi récupérateur de beaux objets pouvant s'inscrire dans la décoration de sa maison1. Le problème de l'attribution de cette peinture se posait car la signature était difficilement lisiible2. Nécessitant une restauration, elle est alors passée dans les mains de Carol POULIN, un des restaurateurs d'oeuvre d'art les plus connus, résidant à Saint Agustin de-Desmares au Québec. C'est manifestement à cette occasion, selon Gaëtan GARIEPY, que la signature est apparue en diagonale dans le coin inférieur gauche. Etant difficilement lisible, l'attribution de cette peinture reste toutefois incertaine. Selon Carol POULIN, tout n'est pas très clair sur le nom3.

     Quant au thème représenté, il peut se rapporter éventuellement au tableau "The lecturer of the young page " présenté lors de l'exposition de Dublin en 1865 par ce même Ferdinand PARFONRY. Même si Carol POULIN lui  en donne une autre appelation : L'enfant et l'oiseau.

   Manifestement Ferdinand reste, au même titre que Paul, un peintre toujours présent de nos jours sur le marché de l'art. Sous toute logique, ces deux personnages ont du se rencontrer. Il n'en reste probablement hélas aucune trace.

1 Article journal Le Soleil du 27 juin 2007 ;

2 L'aggrandissement de la partie représentant la signature n'est pas vraiment concluante ;

3 Carol POULIN m' a répondu, ce 2 septembre, en me signalant que son travail est purement technique et qu'il ne s'attarde pas sur l'origine lors des restaurations ; 

Tableau intitulé : Scène d'intérieur

Tableau intitulé : Scène d'intérieur

Autre tableau attribué à Ferdinand PARFONRY

Autre tableau attribué à Ferdinand PARFONRY

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 17:15

     Il y a des circonstances dans la vie où on a l"impression de revivre une situation rencontrée plusieurs années auparavant. Phénomène qui le plus souvent peut finalement passer inaperçu car n'étant pas considéré comme relevant pour témoigner de l'avancement du temps et expliquer l'évolution des choses (ou même l'inverse). Deux photos ci-dessous vont servir à justifier cette réflexion1.

      Cette sensation de remonter les années, de revivre un instant, j'ai la nette certitude de l'avoir vécue à une occasion. Cet instant, renouvelé à trente années d'intervalle, n'est pas le résultat d'un phénomène fortuit, d'un moment non orchestré, bref du hasard. C'est le sentiment d'un indéniable chemin d'opportunités ressenties à la suite de la combinaison de différents facteurs déclencheurs. Pour souligner que le hasard n'est en rien le facteur aléatoire de ce genre de situations. 

       Le hasard n'existe pas. Celui qui croit le retrouver dans le numéro gagnant de son billet doit savoir qu'il n'est, pour le commun des mortels, que le fruit de coïncidences qui ont précédé sa réalisation, et pour le scientifique, que notre incapacité à comprendre un degré d'ordre supérieur2. Au lecteur, au scientifique à mettre simplement de l'ordre dans ses idées pour arriver au constat qu'il n'existe pas. Le hasard n'est que la mesure de notre ignorance,  martelait à tout bout de champs le mathématicien Henri POINCARE. C'est en se référant à cela que nous allons tenter de faire le lien entre les deux photos de cet article.

     La première remonte à l'année 1979. Jeune ingénieur agronome arrivé en juin 19763 à l'Office Régional de Mise en Valeur (ORMVA) du Loukkos (voir article : La conséquence d'un attentat au Maroc !), vaste périmètre irrigué établi dans le N-E du Maroc, on me charge de développer et superviser un programme d'expérimentations d'assez grande envergure puisque comprenant à la fois les céréales, les cultures fourrragères, le maraîchage, les cultures d'exportation sous serres, les cultures sucrières (betteraves et canne à sucre), bref de quoi devoir répondre au programme d'assolement défini pour obtenir le prêt auprès de la banque allemande de développement FkW (Kreditanstalt für Wiederaufbau - Institut de Crédit pour la Reconstruction). Rapidement, il devint évident que l'élément clef de la justification de ce financement résidait dans l'implantation de la culture de la canne à sucre sur la bande côtière sableuse du R'Mel, en bordure de l'Océan Atlantique. De Larache à Moulay-Bousselham, en passant par El Aouamra, Barga, Lala Mimouna, cette culture était prévue pour occuper 75 % de la surface agricole et venir compléter les surfaces déjà installées dans deux autres ORMVA (ceux du Gharb et de la Moulouya). Elle devait, par ailleurs approvisionner en aval une nouvelle industrie sucrière, la SUNABEL, installée à Ksar-el-Kebir et contribuer à la réduction des importations de sucre. Mis rapidement en exécution, le programme d'essais se développa en parallèle aux travaux d'infrastructure (barrage sur l'oued El Makhazine, déboisemant, nivellement, réseaux d'irrigation, constructions de multiples tours de mise en pression). Il fallait disposer de suffisamment de données chiffrées pour étayer l'ultime accord sur ce financement. Ce qui fut le cas au moment de démarrer les premières plantations en 1981. Les résultats obtenus au niveau de la Station expérimentale de Mise en Valeur Agricole (SEMVA) de Ghedira et de son annexe de Sakh-Sokh confirmaient les prévisions des fiches économiques initiales4. Mon rapport final5 comportera cependant un certain nombre de bémols sur la réussite de l'opération (concurrence des cultures maraîchères sous contrat, augmentation des rendements de l'arachide en irrigué, besoins en eaux d'irrigation conséquents, nécessité d'une main d'oeuvre abondante, risques de gelées), allant même jusqu'à énoncer "que l'on doive considérer les conditions d'établissement de la culture comme asssez marginales ".

      De récentes visites au cours de ces dernières années dans ce périmètre du Loukkos ont confirmé ce constat. Il n'y a plus de canne à sucre de nos jours dans cette plaine du R'Mel. Le maraîchage (haricot vert et surtout la fraise ) ainsi que l'arachide ont conquis l'espace. Des techniciens et développeurs audacieux, tels Gilbert BINTEIN et Philippe PENSIVY (société SOPRAM à LARACHE) pour la production de haricots de conserve, Omer ROUSSEL (groupement INSTRUPA-GOPA) pour l'intensification de l'arachide, mais tout particulièrement Virgilio AGUSTI, producteur de fraises (SOPRAG à El Aouamra), ont permis de façonner un nouveau profil de producteurs maraîchers de nos jours. Avec une valorisation économique à l'irrigation de 7,95 DH/m3 contre 0,95 DH/m3 pour la canne à sucre, et des marges brutes de 66 000 DH/ha contre 5 000 DH/ha pour la canne à sucre, on comprend aisément les raisons qui ont permis à la fraise de devenir la principale culture6

      Au final, l'essentiel pour le Maroc aura été d'obtenir le financement escompté à la fois pour la concrétisation du périmètre irrigué que de l'usine sucrière7. Il en est résulté une stabilisation de main d'oeuvre et de propriétaires terriens qui ont orienté au mieux les spéculations adéquates. Si vous y regardez bien, la fraise du Loukkos se retrouve sur les étalages de plusieurs grandes surfaces en Europe de nos jours. La région a désormais une renommée internationale grâce à sa production de fruits rouges exportés8. Au final, je n'ai été qu'un ingénieur permettant de donner l'aval sur un cadre prévisionnel d'orientations quelques peu biaisées au départ mais justifiées pour ceux qui envisageaient une prospection à plus long terme. En visionnant sur Google Earth les paysages actuels de cette région du Loukkos, entre Larache et Moulay Bousselham9, le lecteur comprendra que les investissements hydro-agricoles réalisés, il y a de cela plus de trente années, ont atteint les objectifs productifs, sociaux et économiques.

     Reste cette photo-souvenir réalisée par Jean CHAPELLE, mon collègue pédologue belge, chargé par le Directeur, Othman LAHLOU, de pérenniser les différentes étapes de l'avancement des actions menées pour la mise en valeur de ce périmètre irrigué du Loukkos. Une photo ou la satisfaction et la passion ne laissaient pas encore entrevoir le revers de la démarche. 

   La seconde photo est arrivée bien plus tard. Toujours avec en arrière-plan la canne à sucre, le contexte est totalement différent. Retraité récemment, mon travail d'historien de la mémoire familale m'avait amené à rencontrer nos très anciens cousins de France. Nous fûmes ainsi invités avec mon épouse, à parcourir la Guadeloupe (voir articles : Séjour chez Jacques en Guadeloupe, 5 parties), territoire ou la canne à sucre est liée étroitement à la période esclavagiste. La photo prise quelques trente années auparavant était restée dans le fond d'une boîte dans une armoire. Les années et surtout les activités diverses dans d'autres pays avaient effacé cet instant. Ce n'est qu'après plusieurs circuits touristiques sur l'aile droite du papillon que l'envie de faire une photo dans la canne est venue. A la vision de ces hautes tiges, le souvenir de mes jeunes années au Loukkos refaisait surface. Pour revivre, l'espace de quelques secondes, les sensations anciennes. Et reprendre presque instinctivement la même pose.

      Comment dès lors expliquer cette similitude dans la position pour les deux photos. Hasard, destin, fatalité, certainement pas. Tout au plus on peut parler d' instinct, de coïncidence. Je me réfèrerais plus volontiers à la mémoire des sens et des émotions qui s'étaient insérés quelque part dans un repli d'un lobe. Les facteurs déclencheurs ce sont eux dans ce cas. La vue de cet alignement, le toucher d'une feuille, l'odeur de poussière brûlante, le goût sucré d'un bâton de canne, le crissement des feuilles dans le vent ont réanimé les cellules adéquates. 

Quand il y a de l'ordre, il y a de l'information

Et quand il y a de l'information, il n'y a pas de hasard

    Voilà ce qu'écrivait Alan TURING (1912-1954), celui qui est considéré comme le père de l'informatique, et qui est parvenu à déchiffrer le code ENIGMA, utilisé par l'armée allemande pour protéger leurs transmissions pendant la guerre 40-45. Il y avait manifestement de l'ordre dans les cellules de mes neurones pour expliquer la réplique de la pose à trente années d'intervalle.

      Quant au poète Paul ELUARD (1895-1952), il reprend la phrase de TURING en employant une forme plus chaude, plus apaisante : Il n' y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.           

 

1 Les idées reprises dans cet article font suite à la lecture du livre : La fin du Hasard, Igor et Grichka BOGDANOV, Ed. Grasset, 2013 ;

2  Jean GUITTON, Dieu et la science, Ed. Grasset, 1991 ;

3 En provenance de l'Office Régional de Mise en Valeur de la Moulouya à Berkane ou j'avais travaillé sur la vulgarisation des cultures betteravières d'avril 1975 à octobre 1976 ;

4 90 T/ha pour une canne vierge de deux ans et 65 T/ha pour une canne de repousse de 12 mois ;

5 PARFONRY Roland : Rapport final d'activités 1er juin 1976 - 31 mai 1983 ; ORMVAL - Service Productions Agricoles - Bureau des études, Bibliothèque ORMVAL, Ksar-el-Kebir (ronéo) ;

6 S. FEGROUCH, Hommes, Terre et Eaux n° 141, décembre 2008, Casablanca ;

7 L'usine est restée alimentée par la production betteravière développée sur les sols plus lourds de la plaine et des collines jusqu'en 2010 ;

8 Le premier au Maroc à avoir introduit et développé la fraise pour l'exportation dans le Loukkos (ferme de Sakh-Sokh à El Aouamra), dès 1976, fut mon ami espagnol Virgilio AGUSTI, disparu en janvier 2014 ; 

9  La dernière mise à jour est du 23 octobre 2014 ;

Devant une parcelle de canne à sucre en 1979 au Maroc (credit : Jean CHAPELLE)

Devant une parcelle de canne à sucre en 1979 au Maroc (credit : Jean CHAPELLE)

Devant une parcelle de canne à sucre en 2009 en Guadeloupe (credit : Martine LEMAIRE)

Devant une parcelle de canne à sucre en 2009 en Guadeloupe (credit : Martine LEMAIRE)

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  • : Le cadre directeur de ce blog consiste à réunir ce qui peut être transmis sur un patronyme. La présentation de tous ces personnages n'est finalement qu'une manière de transférer un patronyme. Qu'il soit culturel, social ou historique, ce patronyme ne fait que proposer un film dans lequel les séquences sont des instants de vie. L'environnement, le vécu de chacun a probablement plus d'impact sur ce que nous ressentons. Les gênes se diluent plus vite que le lien avec le mode de vie et les rencontres. Cette vision oblige à élargir le champs d'investigation en déviant de l'aspect purement généalogique. La découverte de nouveaux indices motive et assimile parfois cette recherche à une enquête. L'histoire ne peut être racontée de manière linéaire. Chaque élément, chaque personnage a droit à son histoire dans le récit tout en suivant le dénivelé et les courbes imposés par les aléas de l'Histoire et de la vie. Contrairement au patrimoine, un patronyme se voit contraint de s'adapter aux vicissitudes des évolutions sociales et des guerres. Le contenu des quelques 350 articles de ce blog a été rassemblé dans un livre intitulé "La véritable saga des PARFONRY de Neerheylissem - L'histoire d'un toponyme devenu un patronyme ".
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