Dans le dossier des lettres retrouvées aux Archives Nationales à Paris,
l'une d'entre elles faisait référence à celle envoyée par le Procureur Général Impérial au Garde des Sceaux, en date du 9 juillet 1864. Relative à son dossier d'admission à domicile, préalable à
sa naturalisation, il y était notamment signalé que François-Xavier PARFONRY avait travaillé au début de son arrivée à Paris comme contremaître chez un certain GARDION,
marbreur.
Cette information n'avait pas encore été utilisée jusqu'à présent, n'ayant pas retrouvé de traces de cette personne dans
les livres. Mais les récentes annotations qui m'ont été transmises mettent en évidence l'importance du mouvement de migration de marbriers wallons vers la France d'une part et la
constitution de réseaux commerciaux et/ou familiaux d'autre part.
Remettant un peu d'ordre dans les pièces du puzzle qui se constituait, j'ai ainsi approfondi les données en ma possession, me disant que tout cela
pouvait avoir un certain lien. GARDION n'étant pas connu en France, peut-être était - il plus facile de le retrouver en Belgique. Le fait de l'existence de cette notion de réseaux
pouvait le faire apparaître dans un autre lieu.
Une première vérification de la répartition du nom en France arrive à la conclusion que ce nom de GARDION n'existait pas depuis 1891. Aucune
naissance n'a été enregistrée depuis cette date pour une personne portant ce nom. Effectuant le même travail pour la Belgique, la même conclusion est apparue. Le recensement de 1998
ne mentionnait aucune personne portant ce nom. Effectuant le même travail pour des écritures similaires, j'en arrivais à envisager l'éventualité d'une erreur d'écriture.
Reprenant le listing des naissances des habitants de Neerheylissem dès le 17ème siècle, on retrouve trace d'un nom de famille proche. La famille
GARNON était présente à Neerheylissem à la fin de ce 17ème siècle. Libert GARNON, l'ancêtre de cette lignée, est décédé en 1740, dans un autre lieu que Neerheylissem. Marié une première
fois avec Marie HOEBROECKX le 01/09/1686 et une seconde fois avec Elisabeth MALCORPS, le 13/02/1725, il lui est reconnu plusieurs enfants avec sa première épouse entre 1687 et 1700. Et
curieusement, l'une des enfants, Anne GARNON (15/09/1697-11/04/1765) s'est mariée en seconde noces avec Daniel LAMBRECHTS en 1719. Or, ce dernier n'est autre que le frère de l'arrière-grand-mère
paternelle de François-Xavier. Par contre, aucun enfant avec sa seconde épouse n'est recensé dans les actes de Neerheylissem.
Il est reconnu que le lien avec la famille LAMBRECHTS a du se perpétuer. Philippine LAMBRECHTS, la fille de Daniel, née en 1736, est
mentionnée comme témoin (ou marraine) à la naissance de Jean PARFONDRIJ, le futur maître-charron, en 1762. Et son époux, Lambert PAQUOT est le témoin de Marie-Christine en 1793 et d'Emmanuel
en 1795, les deux premiers enfants de Jean PARFONDRIJ et par conséquent la tante et l'oncle de François-Xavier.
Ne croyant peu ou pas au hasard, la juxtaposition du nom et du lien familial me fait croire que François-Xavier se serait déplacé vers Paris, non pas sans assurance
sur son point de chute, mais en sachant pertinemment qu'il retrouverait un réseau déjà en place. Comme autre élément, on ne retrouve aucun décès et aucun mariage à Neerheylissem de tous les
enfants mâles de Libert GARNON, de quoi en arriver à la conclusion qu'ils se sont dilués dans la nature. Le recensement de 1796 à Neerheylissem ne fait ainsi déjà
plus mention de cette famille dans la localité.
Autre indice, ce nom de GARNON est recensé de manière assez conséquente en France. Ainsi 552 naissances y ont été retrouvées entre 1891 et
1990. Surtout dans le Loir et Cher et dans le Loiret, et assez peu dans la région parisienne par contre. Ce nombre est manifestement supérieur au taux de procréation des PARFONRY de France
qui atteint à peine la vingtaine pour la même période. Il doit sans doute exister une autre explication de la présence de ce nom. Tout en sachant que ce nom est d'origine germanique, dérivant de
" warinvald ".
Reste à retrouver des indices sur le parcours parisien de François-Xavier et sur ce marbrier GARDION pour en authentifier la relation de
manière certaine.