L'article précédent porte une certaine attention à l'ancrage belge de l'horloger Emile Parfonry, disposant d'un magasin au 58 de la rue de Namur à Bruxelles, soit la rue reliant le bas au haut de la ville, à proximité de la Place Royale. Il y côtoyait d'autres maisons comme celles des peintres1 François DUYK (au 59) et Paul HERMANUS (au 32), le magasin Central Photo L. MARINUS (au 66), le magasin de décorations L. PETIT Frère et Soeurs (au 15), mais surtout au 20 de la rue de Namur, le siège de la Société "Etat indépendant du Congo" qui gérait les financements octroyés par le roi Léopold II pour couvrir les frais de l'explorateur H.N. STANLEY.
Certaines informations laissent à penser que cet horloger aurait pu avoir un intérêt à présenter une affinité marquée du côte de la Suisse.
A cette période, il existait beaucoup de manufactures et de revendeurs de montres qui les assemblaient eux-mêmes. Les montres à gousset sont vendues en grand nombre et elles étaient intensément utilisées pour la remise de prix lors de concours, ce qui était le cas pour Emile PARFONRY notamment pour le Concours de Tir du Gouvernement. Le mécanisme d'horlogerie étant la partie essentielle pour en fixer le prix de vente, les horlogers de chez nous devaient s'approvisionner dans le pays dont provenaient presque exclusivement pour l'époque les montres, les mouvements de montres et les diverses pièces d'horlogerie, à savoir la Suisse.
Et c'est ce qu'à été obligé de faire Emile PARFONRY. Il s'est efforcé d'obtenir un brevet suisse pour valoriser ses montres. Dénommé Swiss patent Moeri's Nr 7547, ce brevet provient d'un fabricant de montres2 installé à Saint-Imier, dans le canton de Berne en Suisse. A l'origine, ce brevet non-magnétique était adapté au célèbre calibre 19 de la marque Omega3, lancé en 1894, et destiné au marché américain. Plusieurs montres d'Emile PARFONRY portent ainsi la mention MOERI'S PATENT 7547/...
La notion de Magasin Suisse est également liée à cet horloger. Cette inscription apparait sur plusieurs modèles et dans ses publicités. Une preuve en soi qu'il voulait afficher l'origine des pièces qui entraient dans la composition des montres vendues dans son magasin.
Plus explicite encore, c'est l'indication sur une montre de la mention Médaille d'Or à Paris en 1889, lors de l'Exposition Universelle. Cette information est d'autant plus surprenante qu'on n'y relève aucun horloger belge à l'occasion de cette Exposition au cours de laquelle 10 Grands Prix et 31 Médailles d'Or ont été décernés au sein des 556 exposants horlogers, essentiellement français (281) et suisses (147). Il y est même souligné comme seule référence à la Belgique que ce pays " au même titre que l'Autriche, la Suède, l'Espagne possède aussi des artistes de l'art de diviser le temps mais leurs produits quoique artistiques et bien conçus, ne possèdent pas ce quelque chose qui promet pour l'avenir "4. Bref, une belle phrase pour expliquer finalement pourquoi aucunes médailles ne leur ont été attribuées.
On en conclut qu'il est pratiquement certain que l'horloger Emile PARFONRY devait être considéré avec son brevet suisse et sa publicité en tant que magasin suisse comme un exposant de ce pays
1 Des toiles de ces deux peintres DUYK et HERMANUS sont régulièrement mises en vente. HERMANUS est le plus connu et dispose d'un article sur Wikipedia ;
2 Associé depuis 1883 à Jules Frédéric JEANNERET, Fritz MOERI crée en 1899, à la mort de ce dernier, la société des montres SA MOERIS mesurant des intervalles ultra-courts et des chronos de grandes précisions; la société MOERI existera jusqu'en 1970, date à laquelle elle est rachetée par TISSOT ;
3 Le calibre 19 d'Omega est le produit qui assurera la renommée de la marque ;
4 ROUSSIALLE D. (1890) : Quelques études sur l'horlogerie à l'Exposition universelle de Paris 1889, Lyon, Imprimerie A. Waltener et Cie ;