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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 21:20

     Après le décret impérial  du 27 juillet 1867, par lequel François-Xavier obtenait le droit de se domicilier en France (voir article : Décret impérial n° 22.275), voici le décret de naturalisation  n° 833, publié au Bulletin des lois du 25 septembre 18711. François - Xavier Parfonry, cité au point 4,  acquiert, à partir de cette date, le droit d'être définitivement citoyen français pour lui et sa descendance. Droit qui est partagé à cette période par de nombreux belges. Sur les 22 premiers noms lisibles de cette liste, on trouve, outre François-Xavier, six autres bénéficiaires (n° 7-8-11-12-16-18), originaires de Belgique. A la ponctuation près, la description est similaire à celle figurant sur son décret impérial.

Nat FrXav Parfonry 25 09 1871

      Si l'obtention de ce décret impérial de domiciliation avait nécessité plus de trois années de tergiversations (de mars 1864 à juillet 1867), l'acquisition de celui relatif à sa nationalisation se fit en quelques mois. C'est ce qui est attesté au travers des quelques lettres reprises ci-dessous. Au vu de son comportement pendant la période de la Commune de Paris, plus aucunes oppositions n'étaient constatées pour lui octroyer le sésame du bon citoyen français. La publication au Bulletin des lois se fit à peine onze jours après l'accord du Ministère de la Justice. Quant à l'intervalle de temps entre les deux décrets, il résulte de l'incertitude politique entre 1868 et 1871, marquée par les grèves des ouvriers, la guerre franco-prussienne et la Commune de Paris2.

     Si on ne peut déchiffrer la date exacte sur la première lettre, celle adressée par François-Xavier au Ministre de la Justice, il est probable qu'elle a du être envoyée peu après le 29 mai 1871, date de la reddition des derniers communards dans le fort de Vincennes.

 François-Xavier Parfonry au Ministre de la Justice, 1871

         Par décret en date du 27 juillet 1867, j’ai été admis à établir    mon  domicile   en  France.   Aujourd’hui,   je viens solliciter de votre bienveillance un décret de naturalisation et la jouissance des droits politiques.

        Voici ma situation : Je suis propriétaire à Créteil et à Paris que j’habite depuis trente ans. J’ai formé un des établissements les plus importants de mon industrie ; médaille d’or à l’exposition universelle de 1867, membre élu du Jury International à l’Exposition du Havre en 1868, Garde Nationale du 57ème Bataillon 5ème Compagnie membre du Conseil de famille. J’ai donné ma démission et refusé tout service dès le vingt mars dernier.

        Dans l’espoir que vous voudrez bien accueillir favorablement ma demande, j’ai l’honneur d’être de Monsieur le Ministre, Le très humble et obéissant Serviteur.

Attestation du Maire du XIème Arndt, 24 juin 1871

      Le Maire du XIème Arrdt s’associe de tout cœur à la demande formée par Mr. Parfonry. Mr. Parfonry établi 62 rue St Sabin depuis une quinzaine d’années, est un des négociants les plus honorables de mon arrondissement, et je lui délivre bien volontiers ce certificat.

 

Préfecture de Police au Ministre de la Justice, 30 août 1871

       Par une dépêche en date du 7 de ce mois, vous avez exprimé le désir d’obtenir des renseignements sur le compte du Sr Parfonry, sujet belge, qui sollicite la naturalisation. J’ai l’honneur de vous informer que le Sr Parfonry, admis à domicile par décret du 27 juillet 1867, est représenté de la manière la plus favorable sous tous les rapports.

      Propriétaire d’un établissement d’entreprise de marbrerie évalué à 700 000 francs, il a fait, pendant la guerre, partie du 57è Bataillon de la Garde Nationale dont il était membre du Conseil de famille.

     Sous la commune, il a fait une énergique opposition à l’insurrection. Il a défendu l’entrée de son établissement, donné des secours à des gens sans ressources, mis à l’abri des personnes menacées et organisé des secours contre l’incendie.

       En conséquence, je n’hésite pas à exprimer l’avis qu’il y a lieu d’accorder au Sr Parfonry la faveur qu’il sollicite.

 

Rapport du Ministère de la Justice - Direction des Affaires Civiles, 14 sept. 1871

     Le Sr Parfonry (François-Xavier), entrepreneur de marbrerie, né le 3 décembre 1821 à Neerheylissem (Belgique), demeurant à Paris rue St Sabin 62, sollicite la naturalisation.

      Le postulant a été admis à domicile par décret du 27 juillet 1867. Il habite Paris depuis 30 ans. Il possède un établissement de marbrerie très important.

      Il a fait pendant la guerre partie du 57ème bataillon de Garde Nationale. Sous la commune, il a fait une énergique opposition à l’insurrection, donné du secours, etc.

     Comme Mr. le préfet, je propose d’accorder sans remise

 

     Ces décrets, de 1867 et de 1871, furent les premiers obtenus par un membre de notre patronyme. En 2017, il y aura par conséquent 150 ans qu'il fut attribué pour la première fois. Un décret impérial. Cela doit se fêter royalement, pardi !!!!

 

     Il fut suivi de quelques autres, que nous reprenons ci-après, afin de permettre d'en parfaire son histoire. On a ainsi plusieurs naturalisations successives en France :

          - PARFONDRY Lambert, naturalisation en 1923, N° 0961394 (voir article : Lambert Joseph, le consul de France très apprécié) ; descendance non attestée de nos jours ;

          - PARFONDRY Albert , naturalisation en 1934, N° 0961391 (voir article : Albert, le mécanicien dans la première course mortelle) ;

          - PARFONDRY Pierre, naturalisation J.O. du 26/06/1960, N° 0173480 ; fils du précédent, descendance attestée de nos jours ;

    Et très probablement, sans que l'on ait trouvé de documents officiels :

             - PARFONDRY Marie-Thérèse ; descendance attestée de nos jours.

 

1 Avec tous mes remerciements à Daniel CAHEN d'Albi pour m'avoir envoyé ce décret ;

2 Période au cours de laquelle de nombreuses archives de la ville de Paris furent détruites ;

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 15:52

      L'industrie du marbre avait pu profiter de toutes les expositions universelles de la seconde moitié du XIXème siècle pour renaître et se développer. Pendant de longs siècles, les architectes avaient délaissés cette matière au profit de la pierre (les bâtisseurs de cathédrales). L'utilisation du marbre et des marbriers wallons dans la construction du château de Versailles n'avait été qu'une étape passagère mais qui en préfigurait "les prémices de son apothéose" comme le défend Francis TOURNEUR dans l'une de ses communications. L'une des raisons de ce faible emploi résidait dans les frais d'extraction et de transport, résultant de la qualité désastreuse du réseau routier. Désormais, le savoir faire des marbriers allait enfin être reconnu.

     Les conditions changèrent au XIXème siècle. La fièvre de la construction et l'amélioration des routes, accompagnées d'une certaine stabilité politique, engendrèrent un développement de la marbrerie qui mit encore quelque temps avant d'être reconnue comme un art à part entière. La chambre syndicale de marbrerie ne fut réunie au groupe de l'Industrie et du Bâtiment qu'en 1884. Et c'est dans cet engouement qu'apparait François-Xavier PARFONRY dans les années 1850. Marbrier inconnu, il y a peu, il est reconnu désormais qu'il est l'un de ceux qui revitalisera la profession. C'est lui qui  relance, après la guerre franco-prussienne, la chambre syndicale patronale de la marbrerie à Paris. C'est lui qui fut, à deux reprises, Président  de cette même chambre syndicale, notamment au moment de son insertion dans une organisation patronale plus importante. Son histoire est racontée au travers de nombreux articles dans ce blog.

     Il est par ailleurs devenu la coqueluche de Joëlle PETIT, la doctorante belge au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) qui se consacre désormais à remettre en exergue ce métier au XIXème siècle. Il est devenu, comme elle le dit , " au vu des informations intéressantes que l'on trouve et de la qualité de ses prestation,  son marbrier préféré ".

    Et ce travail de recherche n'est pas de tout repos. Il est accompagné, nécessité de valorisation oblige, d'un certain nombre de communications effectuées à l'occasion de colloques, congrès internationaux, séminaires. On reprend ci-dessous la liste de ses interventions en relation avec la promotion de la marbrerie belge au XIXème siècle. Rien que pour l'année 2012, cinq communications ont été effectuées, démontrant de la dynamique opérée. Tout cela complété par un travail de préparation d'une thèse de doctorat au Cnam à Paris, entamée depuis 2008, dont on suivra avec force d'intérêt la réalisation et la présentation finale. Avec en annexe une ébauche de dictionnaire des marbriers du XIXème où François-Xavier aura, selon ses dire, "une belle part ".

    Voici un résumé des titres des principales communications récentes et ayant pour cadre principal le développement de la marbrerie belge au XIXème siècle. 

1. Projet de thèse en Histoire des sciences et des techniques (Cnam) (en préparation depuis 2008)

Joëlle PETIT : Un métier d'art dans un espace historique en mouvement : le rayonnement des marbriers wallons par l'étude de quelques chantiers et réseaux commerciaux, en Belgique et en France, du Consulat à la première guerre mondiale

2. Les expositions universelles en France au XIXème siècle. Techniques - Publics - Patrimoines ; Colloque international organisé par le Centre d'histoire des techniques et de l'environnement (CDHTE-Cnam), la bibliothèque du Cnam, le Musée des arts et métiers et les Archives nationales (Paris, 14 -16 juin 2010)

Joëlle PETIT : Stratégies et valorisation des marbres et techniques du marbre dans les expositions universelles ;

Ce colloque fut suivi d'une publication CNRS Alpha, 30/11/2012, 482 pages;

3. Quatrième congrès international d'histoire de la construction , Organisé par les Ecoles supérieures d'architectue de Paris-Malaquais, Paris-La Vilette, Versailles, et le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam),  (Paris, 3 - 7 juillet 2012 )

Joëlle PETIT : Private Archives of the 18th and 19th Centuries. Sources for the History of Marble-working in Belgium

4. Biennale internationale : Transmettre des valeurs et des cultures, Conservatoire national des arts et métiers (Paris, 5 juillet 2012)

Joëlle PETIT : Transmettre la culture technique par la muséologie : le cas du Marbre de Rance (Belgique)

5. Neuvième Congrès de l'Association des cercles francophones d'histoire et d'archéologie de Belgique, LVIème Congrès de la Fédération des Cercles d'archéologie et d'Histoire de Belgique (Liège, 23-26 août 2012)

Joëlle PETIT : Le transport du marbre au 19ème siècle, au départ de la Belgique vers la France et l'Angleterre, sur base de registres d'exportation, de comptabilité et de copies de lettres originaux de marbriers rançois ;

Francis TOURNEUR : Les marbres et les marbriers wallons avant les grands travaux versaillais ou les prémices d'une apothéose 

6. Colloque international autour des marbres jaspés, Service des musées de la Province de Namur; (Namur, 4-5 septembre 2012)

Joëlle PETIT : Stratégie et valorisation des métiers du marbre lors des grandes expositions universelles du XIXème siècle

7. Cycle de séminaire  Gestes techniques : du geste à la machine, de la dextérité au doigté (XVIIIème - XIXème siècles), Laboratoire Histoire, techniques, technologie, patrimoine (HTTP-Cnam);  (Paris, 27 septembre 2012) ;

Joëlle PETIT : De l'outil au geste, une représentation des métiers de la pierre

8. En préparation :

Joëlle PETIT : Ebauche de dictionnaire des marbriers du XIXème siècle

    Et pour démontrer de l'importance prise par ce marbrier, voici trois extraits de la communication de Joëlle PETIT, récemment éditée dans une publication du CNRS, se rapportant à un colloque international organisé à Paris en 2010.

    L’exposition de 1878 voit consacrer la suprématie du marbrier Parfonry  déjà cité. Il a repris la société qu’il dirigeait à Paris en 1856, occupe cent cinquante ouvriers, possède une machine à vapeur, des scieries, débiteuses, tours, plaques tournantes, machines à percer et une grue sur rails pour la manutention des blocs. Il reçoit la médaille d’or, notamment pour un vase en cipolin antique de 1,50 mètre de hauteur, taillé dans un bloc provenant de fouilles à Rome en 1868.

 

    L’exposition universelle de 1889 veut commémorer le centenaire de la Révolution de 1789, montrer le progrès intellectuel, moral, économique et social, la recherche du bien-être, et faire connaître aux visiteurs les origines de l’outillage du XIXème siècle.

Parfonry déjà cité est membre du jury, hors concours. Il expose notamment quatre cheminées Louis XIV, une cheminée Louis XVI et un dressoir de salle à manger de plusieurs tonalités, en Sarrancolin des Pyrénées, composé spécialement pour l’exposition, qui comporte des « incrustations de portor, du petit et du grand antique, du vert et du rouge antique, de la fleur de pêcher, des onyx blanc, agatisé et rubané d’Algérie, du gris du Portugal, du bleu flambé de Corse, de la brèche rouge de Corse, du paonazzo, de la brocatelle d’Espagne, de la griotte ronceuse et du vert campan. Les grains, les frises et les cornes d’abondance du fronton sont sculptés en marbre blanc statuaire. »

 

    Parfonry a offert en 1884 au Conservatoire des arts et métiers des épreuves photographiques (Musée des arts et métiers, inv. 10239) représentant les diverses phases du travail du marbrier, une collection d’échantillons de marbres des différentes espèces de marbre les plus répandus dans le bâtiment (inv. 10237) et une collection d’échantillons de marbre de Tunisie (inv. 10238). En 1886, il offrait des panneaux d’échantillons de marbres de Corse et d’Algérie (inv. 10864).

 

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 16:23

     Occupant à ce moment la fonction de vice-président du syndicat de la marbrerie parisienne, François-Xavier dut répondre à une convocation de la "Commission d'enquête sur la situation des ouvriers et des industries d'art ", instituée par un décret du 24 décembre 18811. Cette Commission avait été instaurée pour étudier et proposer des solutions à l'encontre de la concurrence qui était de plus en plus observée au niveau des entreprises occupant de la main d'oeuvre artisanale. Dans sa lettre justificative à sa demande de créer cette commission, Antonin PROUST, le Ministre des Arts, y fait implicitement allusion en parlant de la concurrence étrangère des industries d'art comme " les causes d'un mal qu'il serait puéril de vouloir dissimuler l'étendue "

    La marbrerie était l'une des nombreuses industries d'art qui furent abordées par cette commission2. Le développement de la marbrerie ordinaire par rapport à la marbrerie de luxe nécessitait d'étudier la situation. François-Xavier y fit une déposition en date du 21 janvier 1882, dès le début de la mise en place de la commission. Répondant aux questions préétablies de ses membres, les réponses de François-Xavier peuvent être rassemblées et analysées en fonction des sujets qui y sont abordés. En identifiant et séparant les différents points, la compréhension des différents aspects qui relèvent de cette problématique de la concurrence étrangère s'en trouvera facilitée.

 Déposition de François-Xavier PARFONRY (séance du 21 janvier 1882) 

 1. Sur la production

F-X : On ne vient plus nous demander que des objets d’arts, partout maintenant la marbrerie ordinaire se fait sur place. Autrefois, je vendais beaucoup en Russie ; aujourd’hui, je ne fais plus rien avec ce pays. Il en est de même pour l’industrie des meubles qui expédiait autrefois à Lima et qui est remplacée aujourd’hui par l’Italie. Ce dernier pays cherche à nous prendre la Chine et les colonies espagnoles. La Belgique nous a pris l’Allemagne. En résumé, nous n’exportons plus que les belles pièces.

Commentaire : La concurrence sur le marché des pièces de série a réduit les circuits de production et d'exportation. Seule, une production de qualité et innovante permet encore de répondre à l'exportation.

2. Sur les ouvriers

F-X : Ce sont des hommes qui ont besoin d’être bien gérés, bien dirigés, bien commandés. Nous avons fondé une école, où nous avons réuni des documents et des modèles. Nous sommes obligés de guider constamment nos ouvriers, sans cela ils n’apprennent rien. En général, ils ne connaissent pas le dessin.

Commentaire : La formation permanente est un complément nécessaire pour maintenir le niveau de la production.

3. Sur la disponibilité de main d’œuvre

F-X :  Ils nous arrivent tous faits de la province, et aussi du nord (!!) de la Belgique. La Belgique est le pays de fondation du travail du marbre. A Sablé, il existe aussi une excellente maison qui fait de la petite marbrerie, ses ouvriers sont très bien tenus.

Commentaire : Le recrutement de la main d'oeuvre ne semble pas être un problème; il est vrai que de nombreuses carrières avaient été réouvertes depuis le début du XIXème siècle, ayant bénéficié du nouvel engouement pour l'utilisation du marbre. Selon mon interprétation, il doit y avoir une erreur de transcription dans l'origine des ouvriers belges. Au point suivant, il est question du sud (midi) de la Belgique, ce qui semble plus conforme avec la situation des carrières.

4. Sur le recrutement

F-X : J’ai mon personnel, j’occupe cent soixante-seize ouvriers et huit à dix sculpteurs de bâtiments sont attachés à ma maison. Quand il m’en faut un plus grand nombre, j’en trouve dans le faubourg Saint-Germain. Nous n’employons pas de Luxembourgeois ; la moitié de nos ouvriers sont Belges. Bruxelles et le midi de la Belgique nous envoient de bons praticiens.

Commentaire : Il est confirmé de la provenance belge des ouvriers parisiens travaillant dans le métier de la marbrerie. François-Xavier avait manifestement recours à une telle filière pour recruter son personnel.

5. Sur la mécanisation

F-X :  Les produits ne pouvaient pas payer l’outillage. Le seul progrès mécanique qui ait été réalisé dans notre industrie consiste dans le polissage mécanique ; tout le reste du travail se fait toujours à la main. Les machines pouvaient être employées pour les marbres blancs qui sont homogènes et compacts, et les marbres noirs ; mais son emploi n’était pas possible pour les marbres veinés. Pour les marbres blancs, la machine avait l’inconvénient de meurtrir les arêtes. Néanmoins, en ce moment-ci, nous cherchons beaucoup à substituer à la main d’œuvre, qui est si difficile, les moyens mécaniques. On ne débite pas assez. Quand une machine est montée, il faudrait pouvoir lui fournir beaucoup.

Commentaire : Manifestement, François-Xavier voulant se positionner plus volontiers sur le créneau de la marbrerie d'art n'est pas favorable à la mécanisation. L'utilisation de machines implique une production ordinaire en série, qui n'a pas été jusqu'à présent son choix. Il s'y adaptera probablement par la suite pour combler la chute de son chiffre d'affaires au niveau des pièces d'art.

6. Sur le coût de la main d’œuvre

F-X : Au point de vue du prix, il règne aussi chez l’ouvrier un certain énervement. Le prix de la journée de dix heures est de huit francs.

Commentaire : Il ne fait sans doute pas bon d'insister de trop sur le problème du coût de la main d'oeuvre mais manifestement ce coût est devenu un problème majeur.

7. Sur l’éducation

F-X : Je ne vois absolument qu’un seul moyen : encourager et propager les cours de dessin. J’ai essayé moi-même en 1869 ; j’avais fondé des prix ; la guerre et les grèves m’ont arrêté. Il faut développer l’enseignement du dessin et du modelage. C’est le seul moyen d’améliorer notre industrie.

Commentaire : François-Xavier rappelle insidieusement l'effet néfaste de la guerre franco-prussienne et de l'épisode de la Commune de Paris, ayant anéanti pas mal d'initiatives visant à rester compétitif au niveau du marché de l'exportation. Il persiste dans la nécessité d'assurer une formation continue en axant à son niveau le maintien en amont de la maitrise de la reproduction de l'oeuvre, préalable indispensable pour maintenir un niveau compétitif pour l'exportation. Tout comme d'autres entreprises du secteur privé, il avait investi dans la formation pour combler la carence à ce niveau.

      Au final, on constate que la question de la concurrence étrangère ainsi que celle sur le coût du travail constituent les deux aspects principaux pour maintenir un niveau de productivité comparatif. La nécessité de trouver une main d'oeuvre étrangère s'avère également importante pour le maintien de la filière. La question du développement est liée aux aspects de formation continue afin de maintenir un niveau d'innovation dans la production destinée à l'exportation. Ce qui se confond pratiquement avec les conclusions essentielles adressées par Antonin PROUST, le Ministre des Arts dans son rapport final au Président de la République.  Il y identifie trois causes de nature à nuire au développement des industries de l'art :

  - l'insuffisance des moyens d'enseignement qui devient un obstacle au développement des industries artistiques en donnant la priorité à une réforme de l'enseignement technique qui serait axée sur l'apprentissage du dessin ;

  - la substitution de la machine-outil au travail purement manuel et les conditions faites aux ouvriers par l'extension du régime de patronage lequel, ayant remplacé le régime des corporations, se limitait à un apprentissage au niveau de quelques élèves ou ouvriers

 - le coût de la main d'oeuvre qui est en moyenne de 25% supérieure à ceux des pays avoisinant ;

      Finalement, rien de bien différent par rapport à la situation actuelle, démontrant que ce que l'on appelle sous le terme de mondialisation n'a pas fortement modifié le jeu de la concurrence par rapport aux situations antérieures. Cette analyse économique, ne fait pas l'omission des charges sociales des entreprises en réclamant la réduction des impôts et des tarifs de transport et de douane. Même si on n'était qu'au début de l'Etat providence devant assurer ses fonctions sociales, la question était déjà d'actualité. Là ou l'approche de François-Xavier est un peu différente est en rapport avec la mécanisation des outils de production. Dans ce secteur de la marbrerie d'art, il est vrai que l'on n'avait pas encore abandonné l'idée de fabriquer les grands chefs d'oeuvre que l'Antiquité et la Renaissance nous avait  laissés. Ce n'était plus qu'une question d'années.

     Le rapport complet de cette commission peut être consulté sur :

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k863702/f25.image.r=Céramique,%20émaux,%20sculpture,%20bronzes,%20orfèvrerie%20bijouterie%20.langFR

1 Commission d'enquête sur la situation des ouvriers et des industries d'art, Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, Imprimerie A. Quantin, Paris, 1884 ;

2 Les séances de cette commission se déroulèrent du 21 janvier 1882 au 7 juin 1883 ;  l'instabilité politique de cette période en France (plusieurs gouvernements) explique en partie la raison de la longueur des débats ;

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 13:20

     L'année 1869 en France a été marquée particulièrement par des revendications ouvrières soutenues. Le second Empire avec Napoléon III s'essoufflait et allait devoir subir l'épreuve de la guerre franco-prussienne qui mettrait un terme définitif à l'ingérence dynastique sur la conduite de la France. De son côté, le mouvement ouvrier commençait à s'organiser sous la houlette d'une Association Internationale des Travailleurs (dénommée La Première Internationale) qui avait vu le jour à Londres en 1864. En cette même année 1864, le droit à la grève y avait été légalisé par la loi OLLIVIER. Des idéologistes révolutionnaires, tels que Pierre-Joseph PROUDHON, Henri TOLAIN, Eugène VARLIN, Henri ROCHEFORT, Jules VALLES,.... préconisaient des réformes  afin de réduire les dures conditions de travail (faibles coûts des salaires et horaires astreignant). L'année 1869 sera ainsi marquée par des grèves dans plusieurs régions de France, qui, pour certaines, se solderont par des morts lors de manifestations.

    La situation en Province ne pouvait ne pas se répandre sur la capitale Paris. Les perturbations au niveau du travail se font sentir assez rapidement pour la marbrerie PARFONRY et LEMAIRE. A partir de quelques extraits, glanés dans différents documents1, on va s'efforcer de restituer par étapes, et en donnant la parole aux différents acteurs, la situation qui a prévalu et à laquelle les deux associés ont du faire face.

     1. Tout commence vraisemblablement avec la grève des marbriers d'avril 1869. L'arrêt du travail allait mettre en péril le marché à l'exportation de l'entreprise PARFONRY et LEMAIRE et faire apparaître la concurrence d'autres pays.

      * MM. Parfonry et Lemaire envoient des cheminées de marbre jusqu'au Pérou. Ils ont quelquefois besoin de presser leur travail pour ne pas manquer le départ d'un navire. Lorsqu'ils ont demandé dans ce but des heures supplémentaires, ils ont rencontré des refus et la plus complète indifférence pour le sort des commandes faites à leur maison. Le retard des livraisons peut compromettre la conservation de débouchés importants, menacés sur les marchés extérieurs par la concurrence étrangère notamment l'Italie où les marbres, les emballages et les journées sont moins élevés. Ils ont eu à lutter contre ces mauvaises dispositions et aussi contre les menées de la chambre syndicale des marbriers.

      2. Conscient de la nécessité d'évoluer au niveau de l'encadrement du travail pour pérenniser leur marbrerie, Parfonry et Lemaire vont s'inscrire dans un mouvement nouveau de concertation. Avec toutefois comme préalable une affirmation assez directe des principes de base qui doivent constituer tout développement personnel pour le bon fonctionnement de l'entreprise. Manifestement, les quelques mots qui sont énoncés, avant toute proposition constructive, constituaient une sorte de balise vis à vis du risque de chaos que certains voulaient favoriser.

     * Ordre, travail et liberté. Voilà notre devise. Ouvriers comme vous c'est par là que nous avons conquis notre position actuelle et c'est par là que vous assurerez le véritable progrès et le bien être de vos familles.

     3. Il s'en suivra la décision d'accorder un système de meilleure répartition des revenus à partir du 1er janvier 1870, qui sera repris sous la dénomination de " Participation aux bénéfices ", à laquelle sera ajoutée une assurance maladie, concept totalement neuf à l'époque. Une idée toute simple qui avait comme fondement de débuter un dialogue social, devenu de nos jours le contour indispensable de fonctionnement dans les entreprises.

     * A partir du 1er janvier 1870, il sera réservé au profit de la masse des ouvriers attachés exclusivement à leur établissement de Paris un bénéfice de un franc par cent franc sur toutes les ventes de marbrerie réalisées sur place. A chaque inventaire, il sera fait un relevé des payes de chacun, et le montant de ces payes servira de base à la répartition de la réserve  de 1p 100 ci-dessus, laquelle sera faite entre les ouvriers qui y auront droit, au prorata  des payes de chacun. Les répartitions se feront de la manière suivante : 75 pour cent après chaque inventaire, 25 pour cent un an après. Les inventaires périodiques se font tous les dix-huit mois. Il sera réservé sur le total de ces bénéfices la somme nécessaire au paiement d'une police d'assurance contre les risques d'accidents et de maladies, pour tous les ouvriers attachés à ces établissements.

     4. Cette concession faite à l'encontre des ouvriers sera malgré tout balisée par l'application de ce que l'on appelle " une meilleure flexibilité du travail ". Une notion qui, dans le contexte économique actuel, fait l'objet d'un débat important  en France. A regarder de plus près dans le texte, on s'aperçoit que l'heure supplémentaire sera payée au même tarif que l'heure normale. Tout le contraire finalement de l'idée du concept des " 35 heures ".

     * La journée est de dix heures de travail effectif. Les patrons peuvent décider qu'il y aura des heures supplémentaires. Chacune de ces heures sera payée au dixième du prix de la journée. Les absences non motivées ni autorisées sont passibles  d'une amende d'un franc au profit d'une caisse de secours pour les vieillards. Le montant en est retenu sur le produit de la répartition des bénéfices. Une commission de sept membres nommés parmi les vingt premiers ouvriers adhérents et présidés par un délégué de la maison statue sur l'emploi des amendes.

     5. Evidemment, une telle idée nouvelle ne pouvait qu'être critiquée par ces idéologistes révolutionnaires qui allaient jusqu'à préconiser de supprimer toute notion de propriété personnelle2. Un nouveau journal La Marseillaise verra le jour le 19 décembre 1869. On y retrouvera quelques uns de ces électrons révolutionnaires. Ils publieront plusieurs articles  critiquant pareille proposition. Sous l'influence de la chambre syndicale de la marbrerie, les ouvriers refuseront la proposition et se mettront en grève. Le journal La Marseillaise ne survivra pas au-delà du 17 février 18703 à ces logorrhées flirtant parfois assez bien avec l'anarchisme.

    * Les capitalistes inquiets du mouvement qui entraine les travailleurs à unifier leurs intérêts et à établir entre eux la solidarité, essayant par tous les moyens possibles de rompre leurs phalanges naissantes tantôt en excitant l'esprit d'égoïsme chez quelques uns par l'offre d'avantages isolés, tantôt en leurrant la masse par des promesses mensongères. Cette fois le piège tendu aux ouvriers marbriers était trop grossier pour qu'il put un seul instant tromper les intéressés ...... Une maison qui primitivement avait déclaré ne pas pouvoir accorder vingt-cinq centimes d'augmentation par jour vient d'offrir ou plutôt vient de décider qu'à partir du 1er janvier 1870 ses ouvriers auraient droit à une part de bénéfices. On comprend que les ouvriers aient accueillis avec défiance cette décision incroyable. Ils se sont réunis pour examiner ensemble la décision et ont résolu de ne pas l'accepter. Ils ont bien fait. 

    * La maison Parfonry et Lemaire concède à ses ouvriers, outre leur salaire habituel, un tant pour cent quelconque sur le total des ventes de l'année. Voilà toute la combinaison, mais franchement est-ce là ce que l'on peut appeler une association coopérative entre l'entrepreneur et l'ouvrier ? Non c'est tout simplement une prime à la production que MM. Parfonry et Lemaire accordent à leurs ouvriers qu'ils intéressent ainsi dans le mouvement de leurs affaires mais en leur refusant tout droit d'immixtion dans le détail du compte de gestion.

    * Depuis quelques temps, messieurs les bourgeois semblent faire de la participation leur panacée universelle, la seule solution possible et pratique selon eux de la grande lutte engagée entre le travail et le capital. Il nous suffit de dire que tous les orateurs ont conclu au rejet de la participation....La chambre syndicale des ouvriers marbriers, fort éprouvés depuis quelques temps, ne veut pas se laisser prendre au dépourvu et pour ne pas avoir à soutenir improductivement une centaine d'ouvriers a pris toutes les mesures nécessaires pour ouvrir un atelier social dans lequel les grévistes pourraient immédiatement travailler si la maison Parfonry et Lemaire les met en grève. Voilà un bon exemple que nous engageons toutes les corporations ouvrières à méditer.

     6. Par la suite, la situation semble s'être normalisée. Certains extraits trouvés dans des journaux, à caractère patronal, attestent d'un retour à la normale après une période de réflexion au  niveau des ouvriers. Si de nouveaux ont été engagés, cela veut certainement indiquer en filigrane que les plus récalcitrants, ceux qui avaient dirigés l'opposition à la reprise du travail, avaient été éloignés de l'entreprise. Le discours se veut apaisant. On y parle de paix (sociale), de progrés, de travail, de maintien de l'activité.

    * Cette crise a été victorieusement traversée par MM. Parfonry et Lemaire. Un groupe important d'anciens ouvriers a adhéré à  la participation et l'atelier aujourd'hui réorganisé par l'admission de nouveaux travailleurs fonctionne de lui-même pour ainsi dire dans des conditions qui n'ont jamais été plus satisfaisantes. Ils voient revenir à eux plusieurs de ceux qui, intimidés par la chambre syndicale des marbriers et par la Marseillaise, avaient repoussé la participation aux bénéfices. " Nous avions refusé, disent ces ouvriers, parce qu'on nous menaçait; nous aurions bien voulu accepter, mais nous n'osions pas ". C'est un exemple de plus pour établir que ces crises résultent du joug de ces meneurs auxquels on peut appliquer la célèbre qualification " d'individualités sans mandat ".

   * L'exemple d'une institution qui se généralisera, nous en sommes surs, vient d'être donnée par les intéressés responsables d'une grande maison de marbrerie et sculpture Parfonry et Lemaire, maison dont le siège est à Paris. C'est bien de ces mesures, ce bon exemple qu'il convient de prêcher la paix, d'arrêter la résistance brutale et d'encourager au travail ceux qui s'intéressent un peu au progrès de leur profession, qui s'intéresseront au maintien des établissements auxquels ils deviennent collaborateurs et dont ils ne sont plus, dans ce cas, des employés indifférents et passifs.. Nous nous associons de tout coeur aux félicitations qu'on ne peut que leur adresser de partout pour leur initiative pleine de bon sens. 

    7. Manifestement, cette marbrerie allait servir de modèle socio-économique et sa notoriété avait dépassé les frontières nationales. Elle devait être l’une des plus connues de Paris, même si le nombre de celles faisant de la marbrerie artistique se limitait à trois où quatre. Dans ce modèle de gestion, on retrouve ce qui sera considéré quelques années plus tard comme le fondement du radicalisme, favorisant plus volontiers la paix sociale que la lutte des classes. Ce nouveau mouvement politique, prônant le libéralisme social, sera défendu dès 1896 par le sénateur Léon BOURGEOIS, auteur de la mise en œuvre des retraites ouvrières et paysannes en 1905, futur Prix Nobel de la Paix en 1920. Et qu’on retrouvera comme témoin d’un mariage en 1911, aux côtés de Paul PARFONRY, le fils de François-Xavier (voir article : Paul est invité à un mariage). Et l'exemple donné par cette marbrerie sera repris par la suite dans des exposés académiques de professeurs d'économie, notamment au niveau de la Sorbonne.

  * Ce type de salaire, assurant un système de participation est rencontré dans les mines de Cornouailles et dans la maison de marbrerie de MM. Parfonry et Lemaire à Paris. Il consiste à concéder aux ouvriers, outre leur salaire habituel, tant pour cent sur le total des ventes de l'année, c'est-à-dire sur un fait extérieur et notoire, et non sur la somme des profits.

 

      La situation ne sera toutefois pas stabilisée de sitôt pour les ateliers Parfonry et Lemaire.  Il s'en suivra la courte guerre franco-prussienne4 qui aboutira à l'abdication de Napoléon III, suivie de l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de France, à savoir La Commune de Paris5. Dirigée par les mêmes révolutionnaires-anarchistes, cégétistes avant la lettre, la révolte dans Paris sera favorisée par la main mise de ceux-ci sur la plus grande majorité des bataillons de la Garde Nationale6. François-Xavier PARFONRY, intégré depuis plusieurs années à l'un de ses bataillons, prendra la décision de ne pas suivre la majorité. Décision des plus sensées. Il avait compris que la société devait évoluer non dans la violence mais dans la concertation sociale. Cela lui permettra d'accéder rapidement, par la suite, à la nationalité française (voir article : Décret impérial n° 22.275). Pour la première fois un PARFONRY acquérait une autre nationalité.

      Avec comme corolaire à la situation, et comme un pied de nez à la crise subie, François-Xavier occupera à deux reprises (1875-1877,1881-1883) la direction de la Chambre syndicale patronale de la marbrerie, en axant ses efforts sur les aspects de formation, de concertation et de développement industriel. Et comme pour respecter le principe d'équilibre, les fondements  de la création de la CGT à partir de 1895, avaient été activés dans ces luttes sociales. Mais aussi les bases de ce qui deviendra le Parti radical, premier parti politique créé en 1901. La société française avait évolué radicalement sur la base des expériences douloureuses de toute cette période marquée par l'autoritarisme et la dictature entre 1848 et 1871. Pour preuve, la totalité des communards, qui avaient soit été emprisonnés, soit choisis l'exil, soit envoyés au bagne, seront finalement amnistiés en 1880, comme gage de tolérance et de reconnaissance des erreurs du passé. Une nouvelle période avait manifestement pris son envol7.

       En conclusion, François - Xavier PARFONRY n'a pas été seulement un remarquable marbrier et un industriel émérite et besogneux. Il a également compris qu'un commerce de haut niveau devait s'intégrer dans l'évolution de son temps. Il avait déjà été relevé précédemment que ce marbrier avait pris conscience de l'importance de la formation pour atteindre le niveau de qualité demandé. Sur le plan économique, et confronté aux réalités sociales des grèves de 1869, il a également mis en avant un modèle de gestion qui a été considérée comme pionnier pour l'époque. Il a ainsi développé la notion de " Participation aux bénéfices ", créant de ce fait un lien et un intérêt réciproque avec la main d'oeuvre nombreuse qui travaillait dans ses ateliers. D'autres concepts d'assurances sont également abordés, à savoir celles relatives aux accidents et aux pensions. Les ingrédients d'un modèle politique européen étaient en train de mûrir.

 

1 La bibliographie étant assez longue, la liste des documents de référence ne sera pas reprise au bas de cet article ;

2 Avec la maxime de PROUDHON : " La propriété, c'est du vol "   ;

3 Suite à une convocation en duel  entre son directeur Henri ROCHEFORT et le Prince Pierre Bonaparte, cousin de Napoléon III ;

4 De juillet 1870 au 28 janvier 1871 ;

5 Commune de Paris : du 18 mars au 28 mai 1871 ;

6 Selon les indications trouvées, 215 bataillons sur 254 refuseront de déposer les armes et s'opposeront à l'armée régulière dirigée par  Adolphe THIERS ;

7 Il faudra attendre près d'un siècle pour que la fibre révolutionnaire et anarchiste ne vienne de nouveau troubler la quiétude politique du pays et de Paris en particulier, aboutissant à expulser cette fois le symbole de la résistance française à l'occupant ; il n'y a qu'en France pour qu'une telle chose puisse se passer !!! ; 

 

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 10:39

     Découverte dans un article d'un journal publié en 1880, on y lit une nouvelle mention de notre désormais célèbre marbrier, qui devient en quelque sorte la figure de proue, le leader incontesté de notre patronyme.

Beaumarchais. Journal satirique, littéraire et financier, 23 octobre 1880

A travers l'Union Centrale1

.Les expositions périodiques ont généralement peu de succès. Cependant celles de l'Union Centrale font exception. Il y a pour les curieux des curiosités, pour les délicats un plaisir toujours nouveau à constater les efforts de nos fabricants parisiens, de vrais artistes qui ont exporté à Vienne2 notre première revanche........ Parfonry n'a envoyé qu'une cheminée; c'est peu pour celui qui peut dire avec Puget : Le marbre tremble devant moi.

             signé : E.A. Spoll

      Mais qui est ce PUGET qui est relaté dans l'article. A l'évocation de ce nom, chacun d'entre nous fera implicitement le lien avec la marque sur les bouteilles d'huile d'olive qui achalandent les rayons de n'importe quel magasin offrant des produits agro-alimentaires de nos jours. D'autant que la fabrication de ce produit, au départ conditionné en bidons de 5 litres sur le Vieux Port de Marseille, a démarré en 1857, à l'initiative d'Adolphe PUGET. Malgré la cohérence dans les dates, rien ne permet de relier ce produit composé à majorité d'acides gras mono-insaturés, au marbre, roche métamorphique à granules de calcaire, si cher à notre dévoué aïeul. Même si l'acteur Fernandel allait exploiter ce filon publicitaire, au travers de ses films, on comprenait mal que François-Xavier se soit mis à voyager sur le même registre. Il y a avait un antagonisme, un rejet, une réaction chimique inappropriée, ne fut-ce qu'au niveau du pH des deux produits. On se devait de trouver une autre explication à cette phrase du journal qui semblait avoir été extraite d'une tirade d'une tragédie grecque. Quel pouvait bien en être l'origine ?

      Un autre PUGET était à découvrir. Il se dévoilait finalement sous le nom de Pierre PUGET (1620-1694), né et décédé à Marseille comme le précédent. Et cette fois, on tenait le bon filon dans le marbre...de Carrare. Manifestement, un peu oublié de nos jours, Pierre PUGET fait partie de ce qu'on peut appeler " le panthéon des sculpteurs français ". Son éloge est détaillée dans un article que chacun pourra aisément trouver sur Wikipédia. On n'en retiendra ici que quelques aspects. Son oeuvre est toujours présente de nos jours dans les rues et musées de Marseille, de Toulon (les Atlantes), de Gènes, de Rouen, au château de Vaux-le-Vicomte, au Musée du Louvres (une salle y porte son nom), .... Célébré comme le "Michel-Ange de la France" durant les XVIIIème et  XIXème siècles, sa création la plus connue est le célèbre "Milon de Crotone ", au Musée du Louvres.

     PUGET est aussi celui qui a excellé pour y faire exulter l'allégorie dans le marbre. Reconnu pour avoir montré pour le marbre " une admiration sensuelle et quasi amoureuse ", sa perfection artistique s'est transmise à travers plusieurs de ses citations :

                      " La pièce de marbre est sans défaut et blanche comme neige "  mais surtout

                " Le marbre tremble devant moi, si grande que soit la pièce "

    Voilà retrouvée l'origine de la singulière phrase reprise en partie par le chroniqueur Edouard-Auguste SPOLL dans l'article d'un journal en 1880. Elle avait été écrite en 1683, deux siècles plus tôt, par Pierre PUGET, considéré comme étant de ceux ayant introduit l'art baroque en France. Les pièces de marbre présentées par François-Xavier PARFONRY laissaient ressortir la même impression de maitrise de l'art, de la composition, de l'équilibre géométrique, bref de la beauté dans ce qu'elle peut avoir de tragique au niveau de sa représentation.

      Celui qui avait osé faire cette comparaison  est le chroniqueur Edouard-Auguste SPOLL, né en 1833. Ce personnage, à la fois journaliste, écrivain, traducteur, d'une grande culture littéraire, a travaillé en tant que rédacteur en chef pour L'Express, après avoir été collaborateur pour Le Télégraphe et La Lanterne. Il était aussi le traducteur officiel de l'écrivain américain Nathaniel HAWTHORNE (1804-1864).

      Dans cette seconde moitié du XIXème siècle, marquée par les idées nouvelles, la référence faite au sculpteur PUGET par un esthète de l'écriture,  n'en est que plus explicite. Elle en soulignait la qualité des réalisations de François-Xavier. Cette dernière comparaison avec un sculpteur hors catégorie, s'ajoutant à toutes celles déjà retrouvées, ne fait que confirmer la valeur de ce marbrier d'art.  Son travail se faisait indéniablement dans la continuité, en y affirmant une maitrise des lignes, des compositions et des sujets. Mais sans aucun doute et surtout dans l'art de travailler, avec infiniment de précision, un matériau aussi dense, aussi fragile et aussi précieux, en particulier quand il provient de Carrare où de .. Mazy.

      Reste pour les généalogistes confirmés à trouver un quelconque lien de parenté entre le sculpteur Pierre PUGET et l'industriel Adolphe PUGET, tous deux de Marseille. Ce qui présente un caractère assez secondaire au niveau de cet article.  

 

1 Il s'agit de l'Exposition "Union Centrale des Beaux-Arts appliqués à l'industrie " chargée de promouvoir en France la culture artistique, assurant le lien entre la beauté et l'utilitaire ;

2 On fait référence à l'Exposition Universelle de Vienne de 1873 qui avait marqué le renouveau de l'industrie française après la crise de la fin du second Empire ; François-Xavier PARFONRY y avait obtenu sa première médaille internationale ;

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 12:07

     Durant sa longue carrière de marbrier d'art, François-Xavier PARFONRY a collaboré avec différents partenaires. Les derniers furent les frères HUVE avec lesquels il s'associa vers 1877, peu après s'être séparé de LEMAIRE1, fort probablement pour raison d'âge avancé de ce dernier.

     De cette famille HUVE, on en avait appris bien peu de choses, sinon de nous permettre certaines suppositions. On pouvait ainsi envisager que ce nom avait un lien avec la famille de Félix HUVE (1816 - 1887), Ingénieur civil, Maire de Sablé-sur-Sarthe, dont la commune connut un important développement dans le courant du XIXème siècle, en rapport justement avec la production de marbre. Son grand-père Jean-Jacques HUVE (1742, Boinvillers - 1808, Versailles) et son père Jean-Jacques Marie HUVE (1783, Versailles - 1852, Paris) sont connus pour avoir été de grands architectes parisiens. François-Xavier fait par ailleurs référence à cette commune de Sablé-sur-Sarthe quand il répond en 1882 à l'une des questions de la Commission d'enquête sur la situation des ouvriers et des industries d’art en mentionnant "A Sablé, il existe une excellente maison qui fait de la petite marbrerie, ses ouvriers sont très bien tenus". Preuve s'il en est qu'il avait certains contacts dans cette commune. La composition de cette famille HUVE, très nombreuse par ailleurs, au regard des sites de généalogie, ne nous permettait pas toutefois de faire le lien, du fait qu'on ne possédait pas le prénom des frères HUVE, les associés de François-Xavier PARFONRY.

     C'était sans compter sur la persévérance, la perspicacité, la patience, l'opiniâtreté du " poor lonesome cowboy ". Ainsi, en poursuivant cette recherche, basée sur des erreurs d'écriture, l'existence d'un dénommé Lucien HUVE (1856-1926, Paris) fut découvert, mentionné, en 1897, comme responsable d'une marbrerie, anciennement dénommée PARFOURY et HUVE frères2. L'erreur d'écriture en avait retardé l'apparition de cette information.  Le lien avec la famille HUVE de Sablé-sur-Sarthe n'était plus qu'une question de temps. Le chemin, à travers les sites de généalogie, allait permettre de clarifier rapidement les choses3. Ce Lucien était bel et bien le neveu de Félix HUVE. Ingénieur des Arts-et-Manufactures4, tout comme son frère Albert, il perpétuait la lignée de ses ancêtres. Il fut en outre fait Officier des Palmes Académiques et de l'Instruction Publique. Et découverte inédite, cette date de 1897 est une preuve en soi comme quoi François-Xavier s'était retiré de l'entreprise avant son décès survenu en juillet 1898. La marbrerie avait ainsi été reprise par Lucien HUVE, du vivant de François-Xavier. Quant à son frère, Albert HUVE (1860-1912, Meudon), on relatera, en tant qu'indice éventuellement exploitable ultérieurement, qu'il se mariera à Milan en 1903 avec Ines CASATI5.

     Cette découverte du prénom permet de réaliser une avancée importante dans nos recherches. Parmi les références généalogiques de ce Lucien HUVE, on en extirpe les données relatives à son mariage le 21 juillet 1891, à l'âge de 35 ans. Avec un nom de l'épouse et un lieu du mariage particulièrement évocateurs quand on connait le parcours de François-Xavier PARFONRY. La mariée se dénomme Cécile DEJAIFFE et le lieu se trouve en Belgique, dans la localité de Mazy précisément. Albert HUVE, son frère, et Henri CRET, son beau-frère, étaient les deux témoins du marié6. Les deux noms de DEJAIFFE et Mazy se mirent à scintiller dans nos yeux car ils ouvraient, par leur combinaison, la porte à de nouvelles pistes. En voici l'explication. 

      Il était acquis, par un extrait découvert auparavent que, parmi ses différentes sources d'approvisionnement en marbre, François-Xavier utilisait dès 1867, avec son premier associé DUPUIS, le marbre noir de Belgique7, calcaire de haute valeur.

LAURANT-LAPP (J) : L'exposition universelle de 1867 illustrée

p. 158 : MM. Dupuis et Parfonry ont exécuté diverses cheminées avec beaucoup de bonheur. Deux, entre autres, se font remarquer : l’une en marbre noir de Belgique, style Renaissance ; l’autre en marbre rouge antique des Pyrénées, style Louis XIII

 

     Et parmi l'éventail disponible de ces marbres noirs belges, il y avait celui de Golzinnes, extrait justement dans la localité de ....Mazy. Et, si on y ajoute que l'une des trois marbreries de cette localité8 était exploitée par la famille .....DEJAIFFE, on ne peut qu'y trouver l'indice, le déclencheur de neurones, la  parfaite preuve qu'affectionnent de trouver tout historien de la mémoire familiale. DEJAIFFE et Mazy assurément faisaient parties du cercle de connaissances de François-Xavier PARFONRY. En voici quelques explications complémentaires pour nous en assurer.

     Cécile DEJAIFFE (1860, Saint-Martin - 1946, Bruxelles) est de fait la fille de Télesphore DEJAIFFE (1817, Saint-Martin9-1879, Mazy), maître-carrier, le fondateur de cette carrière de marbre, créée en 186610. C'est le frère de Cécile11, Octave Marius DEJAIFFE (1861, Saint-Martin-1945, Mazy), puis les fils de ce dernier, Charles (1905, Mazy-1969, Jolimont) et Albert (1902, Mazy-1981, Uccle) qui précisément développeront cette marbrerie, y portant le titre de Président des Carrières et Usines Dejaiffe

      Le couple HUVE-DEJAIFFE eut une fille Anne-Marie HUVE, née à Paris en 1893, ce qui apparait logique, tout comme son mariage à Paris, le 2 juillet 1919, avec un dénommé Wilmart DEBATTY (1893, Saint-Ghislain-1966, Menton), qualifié d'Officier et de nationalité belge. Le plus surprenant par contre est le lieu de son décès. Anne-Marie est décédée en 1977 à Dilbeek12 en Belgique. Anne-Marie HUVE serait donc revenue en Belgique, ce qui ne fut pas le cas de la descendance de François-Xavier. Quelles affinités avait-elle conservées avec son pays ? Est-elle venue rejoindre à un moment sa mère décédée à Bruxelles ? A t-elle été habité auprès de l'un de ses sept enfants, après le décès de son époux ?

     Pour être complet, on ajoute à tous ces éléments, un dernier lien qui pourrait s'avérer être au final un indice intéressant confortant, à cette étape des recherches, la synthèse ci-après. Jules Marie DEJAIFFE, un autre frère de Cécile, est devenu en 1890, par mariage avec Alexandrine de ROMEREE de VICHENET, le beau-frère du Comte de BEAUFFORT(1862-1937), propriétaire du château de Mielmont, situé sur la localité de Spy, village proche de Mazy. C'est déjà ce personnage qui nous était apparu précédemment en organisant l'accueil à Spy de différentes communautés religieuses françaises au début du XXème siècle (voir article : Les communautés religieuses à Spy).

     De ce mariage à Mazy du couple HUVE - DEJAIFFE, on en retient qu'il devait avoir des relations commerciales soutenues entre les deux marbreries PARFONRY-HUVE et DEJAIFFE. La qualité du marbre noir répondait aux sollicitations des riches clients de l'entreprise parisienne. Et François-Xavier a sans aucun doute été parmi les premiers clients chez DEJAIFFE. Son intéret pour le marbre noir de Belgique, lors de l'Exposition Universelle de 1867, apparait à peine un an après la création en Belgique de cette marbrerie. Il en est découlé très certainement de nombreux voyages de François-Xavier sur la Belgique et en particulier vers Mazy. Où y logeait-il ? Probablement dans une des nombreuses demeures aristocratiques qui se trouvaient dans les environs, en particulier dans le village voisin de Spy. Château de Mielmont, Château Cheniot, Château Leurquin, Château de Mme Reumont,... Le choix ne manque pas ! Ce qui pourrait dès lors s'avérer être l''une des raisons de la présence, quelques années plus tard, de nombreuses confréries religieuses françaises13, venues s'installer dans ces demeures, avec l'appui de Fernand, Amédée, Charles, Comte de BEAUFFORT, au début du XXème siècle. Le vote de la loi COMBES, votée à Paris, reconnaissant la séparation de l'Eglise et de l'Etat avait échaudé pas mal de congrégations qui y voyaient une atteinte à leur monopole. Paul, le fils de François-Xavier, par les contacts établis précédemment par son père dans la région de Spy-Mazy, aurait en quelque sorte servi d'entremetteur pour aider les confréries religieuses à fuir l'ambiance de laicité comme de nos jours de nombreux français fuient l'ambiance taxatoire de leur pays. Et sans oublier la présence de la peinture religieuse, copie d'un RUBENS, de ce même Paul PARFONRY, trouvée dans l'église Saint Amand de Spy (voir article : Signature authentifiée à Spy).  Comme une sorte d'ex voto apporté en remerciement de l'appui reçu. Manifestement, le lien, si ténu au début de nos recherches, avec le marbre noir de Mazy et la commune de Spy proche, semble s'être fortement reserré.

     L'image de l'encadré Carrières DEJAIFFE, fortement altéré par le temps, sur un mur d'une usine à l'abandon, me revient désormais à mon souvenir. Pendant plusieurs années, que ce soit au cours de mes études universitaires à la Fac de Gembloux ou par la suite pendant mes années de travail à Bruxelles, je l'ai aperçu de la banquette du train qui, serpentant dans la vallée de l'Orneau, faisait la liaison Gembloux - Jemeppe-s/Sambre en passant par Mazy. Sans me douter un instant que j'avais, devant moi,  l'une des clefs pour comprendre l'histoire de la saga des PARFONRY de Neerheylissem. L'horloge du  temps devait cependant avancer de quelques années. Il était encore trop tôt.

    Depuis le décès d'Albert DEJAIFFE en 1981, la carrière n'appartient plus à cette famille. Son dernier repreneur, depuis 1996, est la S.A Nouvelles Carrières et Marbreries de Mazy.

1 Ce dernier devait être probablement le sculpteur Philippe-Henri LEMAIRE (1798-1880) ;

2 Bulletin de la bibliothèque de la Chambre de Commerce de Paris, 23 octobre 1897, n° 40-43 (p. 1083) ;

3 Plusieurs sites Généanet (Astrid de Nedde, Chantal Fonteyn, Philippe Gérard) ;

4 De nos jours : Ecole Centrale de Paris , formant des Ingénieurs centraliens ;

5 Il existe une rue Felice CASATI à Milan ; Possibilité éventuelle d'avoir un lien avec les marbres de Carrare ;

6 L'extrait d'acte de mariage m'a été transmis par Philippe JOSIS du " Groupe Gembloux généalogie " ;   

7 Marbre noir de Belgique : extrait depuis l'Antiquité à Mazy, Dinant et Dénée ; caractérisé par l'uniformité de sa couleur sans tâches ni veines, très utilisé aux 18ème et 19ème siècles, celui de Golzinnes (Mazy), malgré des prix très élevés, était spécialement destiné pour la fabrication de cheminées, pendules et statues ; le marbre noir de Dinant était choisi de préférence pour de grands ouvrages d'église ;

8 Les familles DEJAIFFE, ETIENNE et DUBAY ;

9 Saint-Martin est un village situé à côté de Mazy ;

10 La première exploitation souterraine de marbre noir à Mazy aurait commencé peu avant, vers 1850, avec la marbrerie de Joseph ETIENNE (1827-1895) ;

11 Un autre frère, Jules Marie DEJAIFFE (1853, St Martin-1918, Mazy) fut bourgmestre de Mazy et administrateur de la Société des Glaces d'Auvelais ;

12 Dilbeek : commune située en périphérie de Bruxelles (au NW) ;

13 Pas moins de 8 confréries religieuses se sont installées à Spy à cette période : Pères blancs Capucins, Soeurs des Pauvres Clarisses Colettines, Soeurs Visitandines, Soeurs N.D. de Sainte Erme, Soeurs Ursulines, Soeurs N.D. de la Providence et Soeurs Oblates du Coeur de Jésus ;

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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 11:12

     Voici déjà quelques articles où le nom de François-Xavier Parfonry, le marbrier parisien, n'a plus été cité. Même si les nouveautés à son sujet commencent à se tarir, il reste l'un des personnages clefs de ce blog. Il est toujours présent dans nos fiches, attendant un moment opportun pour réapparaître. C'est ce qui est le cas cette fois, après avoir écouté la dernière émission " Un jour, un destin", sur France 2, présentée par Laurent Delahousse. Il y a été fait mention du Palais Branly1 à Paris, l'un de ces endroits relevant de la République française de nos jours. L'indication de ce Palais Branly résultait de la présence de la " seconde famille " du Président Mitterrand dans l'un des trente appartements de fonction qui constituent l'une de ces affectations. 

      L'histoire de ce Palais, qui est désormais depuis 2002 inscrit dans la liste des monuments historiques, remonte en réalité à Napoléon III. Construit en 1861 pour y recevoir les écuries de la Maison de l'Empereur, il fut dénommé à l'origine Palais de l'Alma, du nom du célèbre pont sur la Seine qui le dévisage. Quelques années plus tard, après la brève guerre franco-prussienne (du 19/07/1870 au 29/01/1871) et la fin peu glorieuse de la dynastie bonapartiste2, il fut décidé de réaffecter ce bâtiment. Cette guerre avait, il est vrai, inexorablement conduit au déclin de la cavalerie en Europe, se montrant désormais peu efficace dans ses charges contre l'utilisation des nouveaux armements.

      En 1888, les lieux sont en partie affectés au bureau de la météorologie et au service de la statistique. Des travaux de rénovation y furent donc effectués. Et qui dit rénovation à cette époque, implique impérativement l'installation de marbres, considérés comme l'un des joyaux de la décoration. Et le marbre, c'était incontestablement l'affaire de François-Xavier, notre marbrier. Encore fallait-il l'attester, le prouver. Ce qui l'a été suite à une récente découverte.

      Dans Bulletin des lois de la République française, XIIe série, 1er semestre 1891, Tome 42, Paris, on y découvre tout un chapitre relatif aux Travaux d'installation du bureau central météorologique dans les dépendances de l'hôtel des écuries de l'Alma. Et notre brave marbrier y est relaté parmi les créanciers, pour l'exercice de l'année 1888. Il y dispose encore pour ses travaux d'une créance de 122,73 francs.

      Cette petite trace d'une intervention de François-Xavier, après 1871, dans des bâtiments ayant été érigés sous Napoléon III, est une confirmation comme quoi il n'avait pas été mis à l'écart des commandes décidées par les nouvelles autorités de la jeune Troisième République. Il est bon de rappeler que sa carrière de marbrier avait démarré avec l'installation du socle en marbre de Carrare de la statue de Joséphine de Beauharnais à Fort-de-France en Martinique en 1856, suite à une commande de ce même Napoléon III. Son décret de naturalisation, obtenu en septembre 1871, était non pas le reflet de son lien avec Napoléon III mais bel et bien  le résultat de sa démission de la Garde Nationale, et donc de son opposition à la rebellion de la Commune de Paris, en mars de la même année.

    

     Voici donc une nouvelle étape d'un futur city trip parisien qui serait organisé sur les traces de François-Xavier. Ce parcours se consolide progressivement. Encore que dans ce cas, il faudrait très certainement disposer d'une autorisation pour arpenter l'un de ces décors officiels de la République.

      De nos jours, outre la trentaine d'appartements de fonction, ce Palais du quai Branly abrite depuis 1947 l'Office de la Météorologie Nationale et depuis 1952 le Conseil supérieur de la magistrature. On y trouve également le dépôt de tous les cadeaux reçus par les Présidents de la République, à  l'exception de ceux reçus par Jacques CHIRAC qui a préféré les transférer dans sa circonscription de Corrèze.

 

1 A ne pas confondre avec le Musée BRANLY qui se trouve à côté ;

2 Napoléon III fut fait prisonnier par les prussiens à la bataille de Sedan ;

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 12:34

       Jean PARFONRY, le père de François-Xavier, était considéré comme le premier de la lignée à avoir quitté Neerheylissem. Le fait que son deuxième fils Alexis, né en 1828, n'y soit pas mentionné dans les actes de naissance constituait une preuve significative.
Mais vers où est donc parti ce Jean, après la naissance de son premier fils François-Xavier à Neerheylissem en 1821 ?

      Un indice vient d'être découvert dans les actes de naissance de la ville d'Antwerpen (Anvers). Un enfant PARFONRY, mort le lendemain, est déclaré sans prénom (SN : Sine Nomen), le 27 février 1837, avec la mention du père (Joannes PARFONRY) et de la mère (Joanna LALLEMAND). Il s'agit bel et bien de Jean et de Jeanne, les parents de François-Xavier. Et manifestement, on peut envisager, entre les naissances d'Alexis et cet enfant, soit sur 9 années, que le couple ne soit pas resté inactif. Il reste peut être certaines découvertes à faire pour combler cette lacune possible dans la généalogie

      La question de savoir si ce fut Jean qui fut le premier membre de cette famille à s'aventurer vers d'autres lieux évolue également. Un acte de décès du 23 mars 1833 d'un enfant dénommé Thomas BROWNE, à l'âge de 2 mois et 12 jours, à Ostende, est un nouvel indice. Son père, portant le même prénom, né à Scott en Ecosse, avait 30 ans à cette époque. Il avait épousé une certaine Constance PARFONRY, exerçait le métier d' " handelsbediende " et habitait Kerkstraat, 23 à Ostende. Or, le registre de naissance de Neerheylissem nous avait déjà révélé l'existence d'une personne portant ce prénom de Constance et née le 18 décembre 1801. Les dates de naissance de Constance, de décès de l'enfant ainsi que l'âge du père correspondent pour nous permettre de faire le rapprochement. Constance PARFONRY est en fait la soeur cadette d'Emmanuel et de Jean et par conséquent la tante de François-Xavier.

      On ne peut dès lors affirmer que ce soit Jean qui fut le premier à s'aventurer vers d'autres terres. Manifestement, Jean et Constance ont participé à ce flux de migrations de gens de Neerheylissem et d'autres communes qui se sont notamment retrouvés en grand nombre dans le Wisconsin aux Etats-Unis. Le fait de les repérer dans des villes portuaires en Flandre est significatif. Mais rien ne prouve qu'ils ont traversé l'Atlantique. En retrouvant un jour la date et le lieu de décès de Jean et de Constance, on pourra en être assuré.

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  • : Le blog de PARFONRY
  • : Le cadre directeur de ce blog consiste à réunir ce qui peut être transmis sur un patronyme. La présentation de tous ces personnages n'est finalement qu'une manière de transférer un patronyme. Qu'il soit culturel, social ou historique, ce patronyme ne fait que proposer un film dans lequel les séquences sont des instants de vie. L'environnement, le vécu de chacun a probablement plus d'impact sur ce que nous ressentons. Les gênes se diluent plus vite que le lien avec le mode de vie et les rencontres. Cette vision oblige à élargir le champs d'investigation en déviant de l'aspect purement généalogique. La découverte de nouveaux indices motive et assimile parfois cette recherche à une enquête. L'histoire ne peut être racontée de manière linéaire. Chaque élément, chaque personnage a droit à son histoire dans le récit tout en suivant le dénivelé et les courbes imposés par les aléas de l'Histoire et de la vie. Contrairement au patrimoine, un patronyme se voit contraint de s'adapter aux vicissitudes des évolutions sociales et des guerres. Le contenu des quelques 350 articles de ce blog a été rassemblé dans un livre intitulé "La véritable saga des PARFONRY de Neerheylissem - L'histoire d'un toponyme devenu un patronyme ".
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