Dans un des derniers articles de ce blog, le lien entre la lignée des Bordes-Parfondry et celle du lieutenant Don Diego de Parfondri, ne relevait plus uniquement d'une intuition mais bien d'une hypothèse sérieuse1. Cette hypothèse est dorénavant devenue une certitude suite à la transmission de l'arbre généalogique de Joseph Léonard Félix Bordes-Parfondry. Cet arbre m'a été fourni, bien aimablement, par Luis Martin Arriola Merino, qui est le descendant, à la 17ème génération de la famille Arriola, dont la généalogie complète, remontant au XVème siècle, peut être consultée sur le site www.arriola.webs.com. Suite au dépôt d'un commentaire sur le blog, un contact a été établi, permettant d'échanger certaines données pour affiner notre recherche et attester du lien formel entre Bordes-Parfondry et cette lignée de Parfondri en Espagne.
Les explications qui vont suivre ne seront pas dans le style de ce qui est habituellement proposé. La généalogie a été assez rarement utilisée comme fondement des récits, préférant inscrire les articles dans un vécu réel et non cadré par des dates. Il est assez difficile de raconter une histoire quand on ne rassemble que des dates et des noms. La règle a toujours ses exceptions. Les personnages qui vont être énumérés sont intéressants parce qu'ils nous permettent de comprendre finalement la raison principale de ce travail sur ce patronyme. Quelque soit la lignée à laquelle notre patronyme appartient au XXIème siècle, on a un faisceau d'indices qui autorisent d'en attester d'une origine unique. Le milieu militaire, voire la Chevalerie au Moyen-âge, en était une assez bonne indication. C'est la raison pour laquelle, la présentation de cette séquence familiale, basée sur la généalogie, semble s'avérer utile et nécessaire. Elle confirme ce qui était pressenti, à savoir relier une présence en Espagne, en France et dans la Principauté de Liège après plusieurs siècles d'oubli. L'arbre généalogique, fourni par Luis Martin Arriola est le document à avoir sous les yeux pour comprendre cet imbroglio de noms et de dates qui sont repris ci-dessous. Il se trouve en pièce jointe de cet article. Luis Martin Arriola l'a complété par la transcription d'actes de naissance permettant de formaliser les dates et les liens. Merci pour son travail de synthèse que je m'efforce de retranscrire le plus précisément en français, le complétant par quelques informations.
Prudencia Parfondry y de Badenas, l'épouse du lieutenant Colonel Joseph Raymond Bordes y Pilas2, est la petite-fille du Lieutenant Colonel Diego Joseph de Parfondri et par conséquent l'arrière petite-fille de Juan Baldorinos de Parfondri, né à Liège en 1673 et décédé à Ceuta en 1721 lors de la guerre entre l'Espagne et le sultan du Maroc3. Probablement recruté dans la cadre des Gardes wallonnes venues en appui de Philippe II, nouveau roi d'Espagne, Juan (Jean) Baldorinos (Baudouin) de Parfondri était marié à Marie Françoise de Braibant4, originaire également de Liège. Pour rappel, Juan Baldorinos est le frère cadet de l'arrière-grand-père du Baron Jacques de Parfondry, celui que nous retrouvons, vers 1800, comme bourgmestre de la commune de Yernée, située à proximité du lieu-dit Parfondry, d'ou sont originaires les Chevaliers de Parfondry, attestés à partir de la fin du XIIIème siècle (N.B. : 1261 est la date la plus ancienne témoignant de leur existence).
Ce couple de Parfondri - de Braibant, eut au moins deux enfants. L’une, Maria Juana (Marie Jeanne) de Parfondri, née à Liège en 1701, décédée à Madrid en 1770, se marie avec Andres René Clairac de Lamamie. Ce dernier nom a déjà été mentionné dans un précédent article, confirmant par là ce lien. Quand au second, le Lieutenant Colonel Diego Joseph Parfondri, également né à Liège, en 1699, et décédé à Barcelone en 1773, il eut comme seconde épouse Maria Luisa de Arriola y del Frago. Leur fils, Diego Parfondri y de Arriola, lieutenant de cavalerie en 1780, épousera Mariana de Badenas. Et c'est à la génération suivante qu'apparaît donc Prudencia Parfondry y de Badenas, retrouvant dans son nom l' "y" initial des générations anciennes.
Luis Martin Arriola nous permettra également de résoudre une autre énigme de cette présence du nom en Espagne. Dans différentes lectures, il était apparu celui de Torribio Parfondri Diaz. Convaincu d'un lien avec Don Diego Joseph Parfondri, il restait à le découvrir. De fait, il est le fils de Raymundo Parfondri y Mendoza Carillo, l'un des 3 enfants du premier mariage de Don Diego Joseph Parfondri avec Francisca Mendoza Carillo. Les deux autres enfants sont Rita Parfondri et Gaspar Parfondri. En résumé, on pourrait dire que Torribio Parfondri Diaz est un petit-cousin de Prudencia Parfondry y de Badenas.
N.B. : J'espère que vous avez pu suivre et replacer tous les noms à leur juste place.
De ces informations, il est assez clair que cette lignée en Espagne vivait encore dans la région de Liège en 1705. La naissance du Lieutenant Colonel Diego Joseph Parfondri le confirme. On en conclut que son père Juan Baldorinos n'est pas arrivé avec la première vague de mercenaires de cette Garde wallonne, créée en 1703. On apprend, par ailleurs, qu'il a été désigné comme Capitaine commandant du régiment de Cambrai, sans connaître de dates précises. Or, on sait que Cambrai est restée dans le giron de l'Espagne jusqu'au Traité de Nimègue en 1678 (alors que la reprise de la ville par la France remontait déjà à 1667), ce qui attesterait que Jean (Juan) Baudouin (Baldorinos), né en 1676, était bien, à ce moment, un soldat de l'armée de Louis XIV. Ce qui semble normal vu que la Principauté de Liège, entourée de toutes parts dans les Pays-Bas espagnols, voyait son soutien dans la France pour lui conserver un peu d'indépendance. Et la présence en Espagne ne devenait en somme qu'une contrepartie, venant en appui à Philippe II, le nouveau roi et petit-fils de Louis XIV.
1 Pour rappel, le lien supposé entre les deux familles provenait de la juxtaposition des recherches généalogiques des familles Mamie de Clairac et Braibant ;
2 La transformation de Bordes Pilas en Bordes Parfondry se fera plus tard avec le fils Joseph-Léonard-Félix Bordes-Parfondry, né le 19 mai 1811 à Madrid. Il juge plus glorieux le nom PARFONDRY, venant de sa mère espagnole, que celui de Pilas, venant de sa grand-mère paternelle, d'origine catalane ;
3 C'est en grande partie, grâce à cette victoire, que l'Espagne peut se prévaloir, encore de nos jours, de conserver l'autorité territoriale sur la ville de Ceuta, le Maroc n'ayant jamais réussi à la conquérir ;
4 La descendance de cette famille de Braibant existe toujours en Belgique. Marc Braibant est un généalogiste passionné qui est à la base de mes découvertes sur la généalogie du Baron Jacques de Parfondry et par conséquent de ce lien avec les Bordes-Parfondry ;