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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 11:27


        Le parcours de François-Xavier PARFONRY s’identifie avec la  vie politique française de ce milieu du 19ème siècle, particulièrement relié à la période de pouvoir de Napoléon III. Son instinct, sa perception des choses, son sens des affaires, son origine rurale lui ont fait prendre des choix appropriés à des moments critiques. Entre 1848 et 1871, il a ainsi été confronté aux questions militaires, politiques et sociales de Paris.  Pendant la guerre, probablement celle de 1848 qui a abouti au renversement de Louis Philippe 1er, il a fait partie de la Garde Nationale en tant que membre du Conseil de famille. Dans le cadre d'une affaire judiciaire, une condamnation à deux mois d’emprisonnement est prononcée contre lui le 5 décembre 1848 par le Tribunal Correctionnel de Paris pour outrage à magistrat à un membre du Conseil de Prud’homme. Cette condamnation a eu comme conséquence fâcheuse de ralentir sa demande d'admission à domicile, statut préliminaire pour l'obtention de sa naturalisation française. Manifestement, ce dernier fait supplantait son action dans la Garde Nationale.
      Un certain nombre d'échanges de lettres entre différentes autorités de l'époque font état des difficultés rencontrées. Le refus préconisé par le Préfet de la Seine s'est finalement vu contrer par un avis neutre du Préfet de Police et un appui du Maire de Saint-Mandé. La période charnière de ce dossier se situe entre le 12 avril et le 30 juin 1864. L'intervention du Procureur Général Impérial apparaît comme primordiale. Le Ministre de la Justice, d'abord opposé à sa demande, finit par proposer une réhabilitation en préconisant de faire une sorte d'amende honorable. Celle-ci viendra en final après la rédaction d'une lettre au ministre de la Justice, en date du 20 juillet 1864, dans laquelle François-Xavier explique de manière judicieuse et équilibrée ses agissements. Opposant son intégration à la Garde Natioanle à une erreur de jeunesse et à son sesn civique mais aussi en minimisant son intervention au Conseil des Prud'hommes, la rédaction de cette lettre démontre d'uns sens stratégique assez aigu. Il finira par obtenir son admission à domicile en France par décret du 27 juillet 1867, ce qui lui permettra de jouir des droits de citoyen français.
      Quelques années plus tard, sous la Commune, période insurrectionnelle qui dure du 18 mars à la semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871, faisant suite à la défaite en 1870 de Napoléon III contre la Prusse, il prend énergiquement parti contre les insurgés. C'est à ce moment qu'il prend probablement l'une des décisions les plus appropriées en démissionnant de la Garde Nationale dès les premiers jours du début de l'insurrection. en mars 1871. Pour information, les éléments de la Garde Nationale ont constitué ensuite le bras armé de la Commune pour lutter conter les soldats gouvernementaux d'A. THIERS. Son implication directe et son action humanitaire vis-à-vis de plus faibles, durant cette période de troubles, lui permettront d'obtenir sa naturalisation sans problèmes en septembre 1871. Une évolution significative est constatée dans la terminologie en lisant les lettres de manière chronologique. Présenté initialement comme
 
      " sr Parfonry, étranger, faisant un chiffre considérable d'affaires, condamné à deux mois de prison pour outrage à magistrat " 
       François-Xavier PARFONRY est devenu au moment de sa demande de naturalisation, soit sept ans plus tard :
 
     "Sr Parfonry, sujet belge habitant Paris depuis trente ans, négociant de splus honorables, ayent fait une énergique opposition à l'insurrection "
      
      De quoi très certainement y trouver une certaine interprétation pour parvenir à une intégration dans un nouveau pays.
      Concernant les lieux d’habitations, selon les informations mentionnées, on doit conclure qu’il a habité la capitale française à partir de 1841. C’est le XIème arrondissement qui a eu ses faveurs. Le premier endroit, en 1850, se situe au 28, rue Saint-Pierre Amelot avant de s’installer vers 1856 au 62, rue Saint-Sabin ou se situaient ses ateliers. Il a possédé également une maison à Créteil. Aucune indication par contre sur un lieu d’habitation entre 1841 et 1850. Aucune référence non plus à une présence à Boulogne-sur-Mer, pourtant transmise à travers la mémoire familiale. Manifestement, il reste un certain flou sur son arrivée en France. Ou était-il réellement enre 1841 et 1850 ? Marié en 1855 à Paris, son épouse est décédée en 1862. Il a donc du assumer seul l’éducation de ses deux enfants
     François-Xavier a probablement travaillé au début à Paris comme contremaître chez un marbrier du nom de GARDION. C'est ce qui ressort des explications fournies dans les textes en relation avec sa condamnation en justice en 1848. Ceci peut constituer une piste intéressante pour d'autres découvertes. Par la suite, il appliquera les acquis de son savoir-faire aux appartements bourgeois des immeubles hausmanniens de Paris. Et pour cadrer avec son époque, il fera l'acquisition d'un hôtel particulier dans la rue Jouffroy à Paris.
      Dès 1864, on reconnait que son entreprise fait un chiffre d'affaires considérables. Celle-ci est même évaluée en 1871 à un montant de 700 000 francs. Par la suite, il sera reconnu comme marbrier d'art. Président de la chambre syndicale de la marbrerie, il sera fait Chevalier de la Légion d'honnuer par décret du 3 juillet 1881, en récompense de ses titres obtenus à l'occasion de différents concours internationaux.
 
Recueil des lettres et documents transmises par les Archives Nationales (classés par ordre chronologique)
 

1. Lettres relatives au dossier d’admission à domicile

  
       Ministère Justice (Admission à domicile) au Préfet de la Seine, 2 mars 1864

 

Je vous communique une demande d’admission à domicile formée par le sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, né en Belgique, demeurant à Paris, rue St Pierre Amelot, n° 28.

Je vous prie de vouloir bien me transmettre des renseignements sur les antécédents de cet étranger, sur sa conduite morale et surtout politique, sa position de famille et de fortune ; enfin me faire connaître le résultat de vos investigations et savoir si, à tous égards, le sr Parfonry vous paraît digne de la mesure qu’il sollicite. Vous voudrez bien en outre me faire savoir si le pétitionnaire prend l’engagement d’acquitter les droits de sceau

 

Préfet de Police au Ministre de la Justice, 21 mars 1864

 

Vous m’avez fait l’honneur de m’écrire dernièrement pour me demander des renseignements sur le Sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, sujet belge, demeurant rue St Pierre Amelot n°28, qui sollicite l’admission à domicile.

Je m’empresse de vous informer que cet étranger, né le 3 décembre 1821 à Basse-Heylissem (Belgique), est resté veuf avec 2 enfants et qu’il a été condamné à Paris, le 5 décembre 1848, à 2 mois de prison pour outrage envers des magistrats. Il est établi depuis 1850 à l’adresse ci-dessus désignée et passe pour faire un chiffre considérable d’affaires.

Sa conduite actuelle est bonne, enfin il paraît rester étranger à la politique.

                                               Veuillez agréer, …..

 

                               Préfet de la Seine au Ministre de la Justice, 2 avril 1864

                              

J’ai l’honneur de renvoyer à Votre Excellence un Mémoire par lequel le Sr Parfonry ( François Xavier), demeurant à Paris, rue Saint-Pierre Amelot n° 28, sollicite son admission à domicile.

Le postulant, né à Neerheylissem (Brabant) le 3 décembre 1821, demeure en France depuis l’année 1841. Il est entrepreneur de marbrerie et paraît posséder de la fortune ; il acquitterait les droits de sceau.

Le Sr Parfonry est veuf d’une Française et père de deux enfants.

M. le Préfet de Police m’apprend que le pétitionnaire a été condamné à Paris, le 5 décembre 1848 à deux mois de prison, pour outrage envers des Magistrats. Bien que depuis cette époque, sa conduite et sa moralité n’aient donné lieu à aucune nouvelle remarque défavorable, la condamnation qu’il a encourue me paraît opposée à ce que sa demande soit accueillie.

Veuillez agréer,…….

 

                               Rapport du Ministère de la Justice Direction des Affaires civiles, 9 avril 1864

 

Le sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, né le 3 Xbre 1821 à Neerheylissem (Belgique), demeurant à Paris, rue St Pierre Amelot n° 28 sollicite l’admission à domicile.

Le pétitionnaire habite la France depuis 1841. En 1848, il a été condamné à 2 mois de prison pour outrages envers la magistrature ; c’est le seul blâme qu’il ait encouru. Il est dans une bonne position de fortune.

 La conduite actuelle est bonne et il semble ne point s’occuper de politique.

Le Préfet de Police ne se prononce ni pour ni contre l’admission à domicile que son Collègue du dépt de la Seine propose de refuser au suppliant.

Comme le Préfet de la Seine, je propose de rejeter cette demande.

 

Note ajoutée en marge du texte : Comme ses opinions politiques ne sont pas très bien connues, on pourrait peut- être demander des renseignements au Parquet les faits qui ont motivé cette condamnation.

 


                              
Ministère de la Justice (Admission à domicile)  au Préfet de la Seine, 12 avril 1864

 

J’ai reçu, avec votre rapport du 2 de ce mois, la demande d’admission à domicile formée par le sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, né en Belgique, demeurant à Paris, rue St Pierre Amelot n° 28.

Je pense comme vous, et pour le même motif que sa demande ne peut être accueillie.

Je vous prie de vouloir bien l’en informer et lui faire remettre, sur récépissé, les 2 pièces jointes.

 

                               Ministère Justice (Service Admission à domicile) au Procureur Général Paris, 30 juin 1864

 

Un sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, demeurant à Paris rue St Pierre Amelot 28, m’a adressé une requête par laquelle il sollicite l’admission à domicile.

Il résulte des renseignements qui m’ont été fournis sur cet étranger, qu’il a été condamné le 5 décembre 1848 par le Tribunal correctionnel de la Seine pour outrage envers des magistrats.

Je vous prie de bien vouloir me faire connaître dans quelles circonstances cette condamnation est intervenue et quelle a été la peine prononcée.

                               Note : Le Bureau des Grâces n’a pas de dossier.

 

                        Procureur Général Impérial au Garde des Sceaux,  9 juillet 1864

 

En réponse à votre dépêche du 30 juin dernier, j’ai l’honneur de vous faire savoir que le nommé Parfonry (François Xavier) domicilié rue Pierre Amelot n° 28, qui sollicite l’admission à domicile, a été condamné le 5 décembre 1848 par le Tribunal correctionnel de la Seine à 2 mois d’emprisonnement pour avoir outragé un membre du Conseil des Prud’hommes, en lui disant à l’audience et en lui écrivant que le rapport qu’il avait fait, dans une affaire engagée entre les sieurs Gardion et Lebrun, était mensonger.

Le nommé Parfonry était à cette époque contre-maître du sr Gardion marbreur et il s’était présenté devant le Conseil des Prud’hommes prétendant pouvoir remplacer ce dernier.

Veuillez agréer,….

 

                               Note du Ministère de la Justice, 12 juillet 1864

 

En réponse à la lettre qui lui a été adressée le 30 juin dernier, M. le Procureur Général (Paris) fait connaître que le sr Parfonry (François Xavier) qui sollicite l’admission à domicile, a été condamné le 5 Xbre 1848 à 2 mois d’emprisonnement pour avoir outragé un membre du Conseil des Prud’hommes en lui disant à l’audience et en lui écrivant qu’un rapport qu’il avait fait était mensonger.

Il semble que si le sr Parfonry pouvait obtenir la réhabilitation, il n’y aurait aucun inconvénient, en présence des bons renseignements dont il est l’objet, de lui accorder l’admission à domicile.

 

Note ajoutée en marge : Je propose de faire indiquer au suppliant par l’intermédiaire du Parquet et non de la Préfecture les conditions pour la réhabilitation en lui faisant savoir que l’obtention de cette faveur serait suivie de l’examen de sa demande d’admission à domicile

 

       François Xavier Parfonry au Ministre de la Justice, 20 juillet 1864

 

Ma demande en admission à domicile en date du 24 février n’ayant pas acceptée, à cause du Jugement que j’ai subi pour contestation au Conseil des Prud’hommes, je viens Monsieur le Ministre solliciter de votre bienveillance, des circonstances atténuantes pour cette trop malheureuse affaire, car je n’y ai jamais eu d’autre intention que de protester contre le Dire d’un rapport qui ne m’était même pas personnel puisque je ne figurais dans cette affaire que fondé de pouvoir et seul témoin de convention verbale entre les parties.

Je n’ai jamais eu d’intention de manquer de respect ni à la magistrature, ni au Conseil des Prud’hommes. J’ai agi avec jeunesse et obstination, sans vouloir porter la moindre atteinte aux principes d’ordre et d’autorité que j’avais défendu au péril de ma vie, dans les rangs de la Garde Nationale aux jours difficiles que la France a eu à traverser.

Mes principes d’ordre bien connu, la considération que j’ai acquise par ma probité et mon travail vous sont garant de mon avenir et me font espérer que vous daignerez accueillir favorablement ma demande.

C’est avec cet espoir Monsieur le Ministre que j’ai l’honneur d’être de votre excellence le très humble et très obéissant serviteur.

 

                               Attestation du Maire de Saint Mandé, 9 août 1864

                                              

                 Je soussigné certifie connaître depuis de longues années Monsieur François Xavier Parfonry, Entrepreneur de marbrerie, demeurant à Paris, petite rue St Pierre Amelot n° 28.

                  Je n’ai eu dans mes rapports avec Monsieur Parfonry, soit comme propriétaire, soit comme Maire de St Mandé, qu’à me louer de sa loyauté en affaires.

                 C’est un industriel honorable et que je suis heureux de recommander en appuyant sa demande d’admission à domicile auprès de son Excellence Monsieur le Ministre de la Justice.

 

2. Lettres relatives au dossier de naturalisation

  
        François Xavier Parfonry au Ministre de la Justice, 1871

 

Par décret en date du 27 juillet 1867, j’ai été admis à établir mon domicile en France. Aujourd’hui, je viens solliciter de votre bienveillance un décret de naturalisation et la jouissance des droits politiques.

Voici ma situation : Je suis propriétaire à Créteil et à Paris que j’habite depuis trente ans. J’ai formé un des établissements les plus importants de mon industrie ; médaille d’or à l’exposition universelle de 1867, membre élu du Jury International à l’Exposition du Havre en 1868, Garde Nationale du 57ème Bataillon 5ème Compagnie membre du Conseil de famille. J’ai donné ma démission et refusé tout service dès le vingt mars dernier.

Dans l’espoir que vous voudrez bien accueillir favorablement ma demande, j’ai l’honneur d’être de Monsieur le Ministre, Le très humble et obéissant Serviteur.

 

                        Attestation du Maire du XIème Arrdt, 24 juin 1871

 

Le Maire du XIème Arrdt s’associe de tout coeur à la demande formée par Mr. Parfonry.

Mr. Parfonry établi 62 rue St Sabin depuis une quinzaine d’années, est un des négociants les plus honorables de mon arrondissement, et je lui délivre bien volontiers ce certificat.

 

       Préfecture de Police au Ministre de la Justice, 30 août 1871

 

Par une dépêche en date du 7 de ce mois, vous avez exprimé le désir d’obtenir des renseignements sur le compte du Sr Parfonry, sujet belge, qui sollicite la naturalisation. J’ai l’honneur de vous informer que le Sr Parfonry, admis à domicile par décret du 27 juillet 1867, est représenté de la manière la plus favorable sous tous les rapports.

Propriétaire d’un établissement d’entreprise de marbrerie évalué à 700,000 francs, il a fait, pendant la guerre, partie du 57è Bataillon de la Garde Nationale dont il était membre du Conseil de famille.

Sous la commune, il a fait une énergique opposition à l’insurrection. Il a défendu l’entrée de son établissement, donné des secours à des gens sans ressources, mis à l’abri des personnes menacées et organisé des secours contre l’incendie.

En conséquence, je n’hésite pas à exprimer l’avis qu’il y a lieu d’accorder au Sr Parfonry la faveur qu’il sollicite.

 

                               Rapport du Ministère de la Justice - Direction des Affaires Civiles, 14 septembre 1871

 

Le Sr Parfonry (François Xavier), entrepreneur de marbrerie, né le 3 décembre 1821 à Neerheylissem (Belgique), demeurant à Paris rue St Sabin 62, sollicite la naturalisation.

Le postulant a été admis à domicile par décret du 27 juillet 1867. Il habite Paris depuis 30 ans. Il possède un établissement de marbrerie très important.

Il a fait pendant la guerre partie du 57ème bataillon de Garde Nationale. Sous la commune, il a fait une énergique opposition à l’insurrection, donné du secours, etc.

Comme Mr. le préfet, je propose d’accorder sans remise

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 18:45

      Voici un article que m'a transmis Bernard VDB , le responsable de la Fabrique d'Eglise de Spy. Il est question de l'implantation d'un certain nombre de communautés religieuses françaises à Spy au début du 20ème siècle. On ne connait pas l'auteur de l'article.

      On peut y trouver l'indication du lien expliquant pareille concentration de communautés religieuses. L'impact de la loi COMBES, reconnaissant la séparation des Eglises et de l'Etat, votée à Paris en décembre 1905, en est la raison la plus évidente. Par contre, rien ne justifie cette migration consensuelle sur le plan géographique.

      Précédemment, une première vague d'expulsions s'était déroulée dès 1880. Jules FERRY avait ainsi interdit les Jésuites dans les écoles et donné un délai aux autres congrégations de se faire autoriser. Il en résulta une expulsion de 5600 religieux de tous ordres vers l'étranger.

      Peut - on envisager que la découverte du tableau religieux de Paul PARFONRY, peintre parisien de cette époque,  soit en lien avec l'installation de ces communautés religieuses françaises ? Pas moins de 8 communautés s'y seraient installées. Rien n'est moins sur mais on ne peut négliger cette piste.

     Dans l'article, on mentionne que l'une de ses communautés provenait de Paris. Et l'aristocrate Amédée de Beauffort, seigneur du Château de Mielmont, situé sur les terres de Spy, y a joué un rôle d'intermédiaire.  

      Mais peut - on y voir des éléments qui nous donneraient le lien capital permettant de résoudre notre devinette ? Il reste à trouver la clef qui, avec plus d'assurance, nous offrirait le sésame donnant une explication ou un indice sur cette présence commune à Spy. Il est plus que probable que cette clef, s'il elle existe encore, se trouve de nos jours à Paris plutôt qu'à Spy.

Les communautés religieuses françaises à Spy

Pourquoi y eut-il autant de communautés religieuses à SPY  au début du siècle passé ?

A cette époque, une communauté religieuse était  établie dans quasi chaque quartier de SPY. Ainsi l'histoire nous dit que des Pères blancs ( Capucins) ont occupé l'actuel château Bastin, des Clarisses étaient établies à l' ancienne gendarmerie, les Sœurs Visitandines demeuraient à la ferme Leroy, rue de l' Hospice tandis que les sœurs Notre-Dame de Ste Erme ( Paris) avaient ouvert un pensionnat pour jeunes filles au château Leurquin et les sœurs Ursulines une école au Pajot. Il y avait aussi des sœurs Augustine à la rue Haute où l'on trouvait également  une communauté des sœurs de Notre-Dame de la Providence.

Aujourd'hui encore , nous sommes heureux de compter au sein du village la communauté des sœurs Oblates du Cœur de Jésus qui est établie rue de la Chaussée.

C'est en 1902,  fuyant la France suite aux mesures anticléricales dues notamment à Emile COMBES (Président du Conseil de 1902 à 1905) que  la communauté des Pères Capucins s'est établie au Château( dit aujourd'hui château Bastin) a l'invitation du  Marquis ( ? ) du Comte  ( ?)Amédée de Beauffort.

Les Pères y avaient installés l'étude, le noviciat et le juvénat. Chaque année, à la Fête Dieu, ils organisaient  une grande procession dans les parcs entourant le château à laquelle participaient les habitants de Spy.

Les annales des sœurs de la Communauté des Pauvres Clarisses Colettines sont  précieuses et nous donnent des réponses a cette interrogation sur la raison de cette installation .

En effet, nous pouvons y lire et apprendre que cette communauté était initialement établie à VERSAILLES, rue des Rossignols, n° 10. Les premières lignes nous donnent la réponse à  la question .

"Le 14 mai ( 1908) , le tribunal de Versailles prononçait la condamnation de notre communauté, selon la  loi de 1904. Après plusieurs années, la persécution sévissait en France, et tenait les cœurs dans l' angoisse. Les ruines s'amoncelaient partout et des centaines de maisons religieuses étaient déjà fermées. Certaines congrégations étaient complètement dispersées, d'autres avaient sécularisés leurs membres pour continuer leurs œuvres d'apostolat, d'autres s'étaient réfugiées à l' étranger. 

C'est avec l'aide des Pères Capucins, déjà installés au Château  en 1902 ( actuel Château Bastin) que la communauté des Pauvres Clarisses Colettines  s'établit à SPY le 29 septembre 1908. Elle y restera jusqu'au 26 juillet 1921.

 

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 09:37

      SPY, village de Belgique francophone, situé dans la vallée de l'Orneau, affluent en rive gauche de la Sambre, a acquis une renommée mondiale depuis la découverte de fossiles humains en 1866. La diversité des découvertes permirent de faire reconnaître, par la communauté internationale, l'existence d'un type humain plus ancien que l'homme moderne. L'importance de ces trouvailles remit notamment en cause l'hypothèse d'une malformation pathologique du crâne de l'Homme de Néandertal. La " grotte de Spy " fait ainsi désormais partie de ces lieux de passage que tout paléontologue se doit de découvrir. 

Pour plus d'informations sur cette grotte, vous pourrez les trouver sur le très beau site :

http://users.swing.be/grottedespy/page2.html
 


      Dorénavant, le village de Spy peut s'enorgueillir d'une deuxième pièce de collection assez intéressante. Par mes recherches antérieures, j'avais ainsi repéré l'existence d'un tableau dans la base de données de l'Institut Royal de Patrimoine Artistique (IRPA), intitulé " Répertoire photographique du Mobilier des Sanctuaires de Belgique ", dont le peintre se dénommait PARFONRY.

 
Paul SpyIrpa wal

Document KIK-IRPA, Bruxelles(www.kikirpa.be

 Photo Lucien HOQ,1968


      Elle résultait de l'initiative lancée en 1967 par les ministres Pierre WIGNY et Renaat VAN ELSLANDE, faisant suite à la décision de Vatican II d'apporter des modifications dans la liturgie. Suite aux conséquences qu'il en découlait en matière de suppression de mobilier religieux dans les églises, il avait été décidé de réaliser un recensement du patrimoine religieux de Belgique. Cette peinture intitulée " Saint Roch intercédant auprès du Christ en faveur des pestiférés" était en fait une copie d'un original de Pierre Paul RUBENS. Elle se trouvait dans l'église Saint - Amand à Spy.
                                                                   

      Etait-il possible que cette peinture soit l'oeuvre de Paulo le barbouilleur, ce Paul PARFONRY issu de notre lignée, ce peintre mondain parisien ? Ce fils de François-Xavier, né à Paris en 1857. Ce fut ma première réflexion à ce moment.

      Une première visite au curé de Spy le 25 janvier 2007 m'apprit bien peu de choses, à l'exception qu'il ne s'agissait pas d'une rénovation. Selon lui, la nature du cadre et le type de peinture avaient été datés au début des années 1900. Il me signala également que la Fabrique d'Eglise ne disposait d'aucuns autres renseignements sur cette peinture. A l'occasion de cet entretien, je ne pus voir la fameuse toile en question car l'église était fermée.

      J'effectuai une seconde visite, le 3 juillet 2008. Profitant d'une répétition de la chorale en soirée, la petite porte latérale de l'église était ouverte et la toile était visible. Mais, installée en surplomb, au fond de l'église, à gauche du portail en regardant le transept et le choeur, il s'avérait nécessaire de disposer d'une échelle pour vérifier la signature. Dialoguant avec Bernard VANDENBULCKE, le responsable de la Fabrique d'Eglise, j'appris ainsi que l'ancienne église avait été abattue en 1898 et remplacée par l'actuelle. Et que cette peinture aurait été conservée durant de nombreuses années dans une pièce annexe, sans grands soins, au milieu d'autres résidus. Et ce n'est qu'à l'occasion du centenaire de l'église en 2001, qu'elle aurait trouvé, après une légère restauration, sa place actuelle. Mais quant à son origine, on n'en connaissait rien de plus.















     

 

 

       Il ne me restait plus qu'à authentifier la signature pour la joindre à notre " Saga des PARFONRY de Neerheylissem". Pour cela, j'avais besoin évidemment d'une copie de la signature prise sur une autre peinture de Paul PARFONRY. Cela ne fut pas très difficile à obtenir. La famille de ce Paulo avait toujours en jouissance plusieurs d'entre elles dans leur joyeux terroir de Jouy-le-Potier (ndrl : cette phrase est à prononcer sans arêtes dans la bouche, bien évidemment !!). Je reçus peu après cette signature. Il ne me restait plus qu' à entreprendre le dernier acte de vérification.
      Je pris un nouveau rendez-vous ce 25 février 2009, un Mercredi des Cendres, avec Bernard VDB à 18h 30. Armés de torches et d'un appareil photo, j'étais prêt, le coeur palpitant, pour cette confrontation. Tel un sacristain de nos jeunes années, il me sortit de derrière l'ancien autel, reléguée dans la pénombre de l'église, l'échelle providentielle. Le reste ne fut que formalité. Bernard fut le premier à y monter. Ayant vu dans mes papiers la copie de la signature, il confirma immédiatement que cela ne faisait aucun doute. C'était bel et bien un tableau de notre cher Paulo.


PICT9044.jpg

      Voulant voir de mes propres yeux, je grimpai à sa suite. C'était manifestement son coup de pinceau qu'il avait déposé en bas sur le côté droit. Tout à fait similaire à la copie envoyée de France. Et il avait fait suivre son nom du texte "d'après Rubens". Je redescendis de l'échelle mais comme pour m'assurer que cet instant était bel et bien une découverte, je remontai aussitôt non pour vérifier mais pour profiter de ces retrouvailles.


      Il ne me restait plus qu'à finaliser le moment. Prendre quelques photos pour me permettre d'en faire partager, à travers mon blog, tous les lecteurs et particulièrement les descendants de Paul PARFONRY, l'artiste peintre. Lui, l'artiste détaillant le portrait des intérieurs opulents de Paris, aurait été impressionné par le génie de RUBENS.

      Aurait - il pu la peindre pour orner la nouvelle église de Spy, consacrée en 1901 où s'agit -il d'une oeuvre de jeunesse, comme le laisse entendre la petite notice au bas de cette toile ? Par conséquent, peinte bien avant 1900 contrairement à ce que ferait croire le texte. Dans cette dernière éventualité, le tableau aurait pu déjà décorer l'ancienne église abattue. Il est vraisemblable que cette toile, photographiée en 1968 pour s'inscrire dans la banque de données de l'IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique de Belgique), se trouvait présentée à ce moment dans l'église. La décision de supprimer les éléments matériels les plus visibles (autel, chaire de vérité,..) a du sonner le glas des quelques tableaux accolés aux murs de l'église. Et la peinture de Paul reste le dernier vestige ou maillon de ce chapitre dans l'église.

      D'autres questions restent bien réelles. Que fait cette peinture religieuse à Spy ? Y a t-il un lien avec le marbre noir de Mazy qu'utilisait probablement son père pour réaliser les pièces de cheminées en marbre dans les hôtels particuliers de Paris ?  Comment y est - elle arrivée ? Quels liens avaient encore Paul avec la Belgique ? A t-il peint d'autres toiles de ce type ?

      Ou se trouve l'original de P.P. RUBENS ? Tout simplement en Belgique, à l'Eglise Saint-Martin d'Alost (Aalst). Sous l'appellation  d' " Autel de Saint Roch", daté entre 1623 et 1626. Et en visionnant le descriptif de ce tableau, on y découvre que l'on peut le comparer avec la toile intitulée " Le Miracle des Ardents", le tableau le plus connu de Gabriel-François DOYEN, daté de 1767. Cette peinture se trouve à l'Eglise Saint Roch à Paris. Le sujet dans ce cas est Sainte Geneviève et non Saint Roch. Rien de bien particulier, si ce n'est que l'une des esquisses de cette dernière se trouve au Musée Carnavalet. Une nouvelle fois, on retombe sur ce singulier musée parisien avec qui François-Xavier et Paul PARFONRY ont eu des rapports privilégiés. Un nouvel indice pour me conforter de la nécessité d'entrer en contact avec le Conservateur de ce musée.

      Sur le site suivant, on peut retrouver la peinture (n°719), dans la base de données de l'IRPA. Ayant confirmé l'information de ma découverte, le prénom de Paul  fut ajouté à la fiche descriptive.

http://www.kikirpa.be/www2/cgi-bin/wwwopac.exe?LANGUAGE=2&FLD1=vv&VAL1=RUBENS,%20Peter%20Paul&TRC1=off&DATABASE=object&LIMIT=50&STARTFROM=701 ;

       Désormais, le circuit initiatique des PARFONRY qui se limitait jusqu'à ce jour aux villages de Neerheylissem, Gobertange et Beauvechain au sein de ce Brabant wallon de l'Est, de cette Hesbaye brabançonne, passera également par le village de Spy, situé le long de la vallée de l'Orneau, affluent de la rive gauche de la Sambre, en amont de Namur.

      Ce village sera désormais connu non seulement par sa grotte de l'homme de Spy, mais aussi par cette peinture marquée par un lien de sang beaucoup plus récent.

      Bernard, surveille bien notre patrimoine. Tu auras très certainement l'occasion d'organiser des visites groupées de ces PARFONRY venant contempler la toile de leur Paulo.

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 17:30

Parmi les documents publiés par le diocèse de Liège, voici ce que j'ai trouvé comme information


Ostensoir-soleil retrouvé 

 

 
L’ostensoir-soleil de l’église Saint-Pierre à Chênée a été retrouvé… pour moitié !

Volé le 25 avril 2002 avec huit autres pièces d’orfèvrerie de qualité (voir Église de Liège, novembre 2002, p. 26), l’ostensoir-soleil de l’église Saint-Pierre à Chênée a été saisi par la Police fédérale judiciaire de Liège lors d’une mise en vente. Il vient d’être restitué et mis en sûreté.

Haut de 67 cm, l’ostensoir en argent et laiton doré, œuvre de l’orfèvre François-Joseph VAN DEN BERGH, avait été « Donnez par la Veuve du Sieur Parfory le 23 septembre 1742 », comme l’attestait une inscription, accompagnée de poinçons, sur le pied.

Un pied aujourd’hui perdu, remplacé pour brouiller les pistes et contrarier l’identification, par un pied montois du XVIIIe siècle lui aussi.

L’objet a évidemment perdu beaucoup de son intérêt (il a aussi été privé de presque toutes les pierres semi-précieuses qui ornaient la couronne et la lunule, la croix du sommet a été remplacée). Mais il ne faut pas désespérer : le pied liégeois original pourrait être retrouvé et échangé contre l’actuel pied montois.

Appel est donc lancé : CHERCHONS À ÉCHANGER PIED DE SAINT LAMBERT CONTRE PIED DE SAINTE WAUDRU… 

                                                      
Marylène LAFFINEUR-CRÉPIN
 

 
 
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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 12:46

Et, pour terminer ce compte rendu, en cadeau, quelques photos supplémentaires illustrant ce magnifique séjour.




Si cela n'est pas de la provocation !!
Des "Crocs Fuschia" devant le regard d'un bovidé !!
Martine est inconsciente ou joue le matador.
Brave bête !!









On a le droit de préparer son Ti punch au restaurant.
Ferme du bois d'Olive. Endroit à découvrir












Je ne me lasse pas des Grands Fonds. N'hésitez pas à prendre les petites routes qui ne semblent mener nulle part. C'est un plaisir.











Pour   le plaisir, une Orchidée en naturel !!















Vue unique sur la plage de Pont Pierre à Terre de Haut aux Saintes.
Il faut de bons mollets et un bon sens de l'orientation pour monter jusqu'à la Batterie Caroline.









Le Service " Entretien" est passé à Gissac.
Rien de spécial d'autre à déclarer !!
La machette mériterait d'être un peu aiguisée
.











Et finalement si tout cela ne justifiait pas en fin de compte d'avoir le plaisir de savourer un  cocktail de jus de fruits frais !!

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 10:04

Samedi 7 février

Réveil à 6 heures. Petit déjeuner rapide afin de partir tôt vers la Basse Terre. Notre souhait est d’approfondir la découverte de la route de la Traversée. En arrivant sur la route, il est encore tôt et les nuages n’ont pas encore laissé la place au soleil. On fait une petite diversion vers Morne à Louis, un endroit un peu perdu, ou l'on trouve la station hertzienne permettant de transférer les images du côté de la Côte des Caraïbes. La voiture souffre un peu, le ciel est encore couvert  mais cela permet de faire une superbe photo du monde végétal.
Redescendant sur la Traversée, en préliminaire, nous faisons la visite des Maisons du Bois et du Cacao près de Pointe Noire. Endroits très agréables qui nous permettent de faire connaissance avec les anciennes activités de cette région. On a même droit à une dégustation de punch au cacao. Petite visite de Pointe Noire également pour nous mettre en mémoire le cadre de vie et l’architecture d’une localité antillaise. Martine, attirée par l’odeur dégagée par une pâtisserie de bord de mer se laisse évidemment tenter par les petits sucrés aux fruits locaux. Après avoir déambulé dans un certain nombre de rues et ruelles, elle se prend l'envie d'entrer dans l'église. Pour y photographier les bouquets de fleurs préparés pour la messe du lendemain par quelques mains féminines charitables. Tout cela sans penser à approvisionner, avant de sortir, le tronc pour les oeuvres de charité.
On descend un peu vers le Sud jusqu’à la plage de Malendure. On y est quelque peu surpris du peu d’entretien de la petite plage qui se trouve juste en face de la réserve marine Cousteau, endroit protégé. Un peu étonnant comme gestion de l’environnement. Casse croûte pris rapidement pour nous sustenter un minimum. Ensuite, ce sera la ballade autour de la Maison de la Forêt pour nous permettre d’approcher au plus près l’intérieur d’une forêt tropicale humide. Une bonne heure et demi dans un sentier parfois un peu boueux mais permettant de faire connaissance avec un milieu naturel aux dimensions peu habituelles. Si la flore est présente, force est de constater, ce que j’avais déjà pu appréhender, que la diversité colorée des oiseaux soit absente. Ce ne sont pas les merles et les sucriers, vus dans la parcelle de Gissac, et les tourterelles brunes aperçues dans plusieurs endroits qui font croire au paradis tropical.











Retour vers 17 heures 30. On sent Jacques un peu énervé par l’évolution de la situation. Il s’inquiète de notre départ qui se rapproche en trouvant que les réserves sont en baisses. Même en lui annonçant qu’on l’invite le lendemain chez Pinpin, il devient un peu nerveux. On le rassure en lui disant qu’on ira faire les courses avant. On a même droit à un petit refrain sur nos habitudes alimentaires qui ne seraient pas des plus présentables, faisant le lien avec la notion de brunch, mentionné dans un article du journal qu’il me demande de lire. Il était effectivement un peu déstabilisé notre Jacques par ce qu’il entendait à propos de l’évolution des grèves. Pour se calmer, il s’est mis finalement à téléphoner dans toutes les directions. Fallait-il lui expliquer que le développement de la situation était probablement l’un des premiers effets extérieurs de la nomination d’OBAMA à la présidence des USA ? Le désormais «  Yes, we can » est repris comme une sollicitation de réponse dans ces DOM ou manifestement on conserve encore une particularité post coloniale assez unique. Mais, je ne suis sans doute pas, à ce stade,  le meilleur analyste pour juger.

Pour faire oublier tout cela, Martine se met à préparer un gratin de christophines qu’elle nous présente dans le plat préféré de Jacques. Une bonne moitié sera mise en portion au congélateur pour que Jacques puisse se servir après notre départ. Trouvant étrange, moi l'agronome tropical de ne pas connaître le nom de ce légume, je le trouve, en lisant les livres de cuisine créole, sous la mention plus connue de « chayotte ».

 

Dimanche 8 février

Réveil à 7h 45. Décidément cette marche en forêt nous a bien fatiguée. Et en plus, on a droit à une drache nationale en lever de rideau. Le thermomètre se permet même de descendre légèrement en dessous des 24°. Ce qui incite Jacques d’aller se rhabiller plus chaudement. En attendant de faire la virée proposée la veille, Martine repasse et remet de l’ordre dans la chambre. Jacques téléphone à Patrick qui aurait eu un problème qui l’a conduit la veille aux urgences. C’est promis,  il  » arrête le poisson » pour l’instant. Mille excuses pour le jeu de mots mais je ne pouvais m’en priver !!

A 10 heures, départ pour le Moule ou on s’arrête à un super marché. Pas mal de rayons sont dégarnis suite aux grèves. Malgré tout, on trouve le nécessaire pour faire le plein !!. Une fois que le caddie est remplit, Jacques tombe par hasard sur une confiture d’oranges amères. C’est là que l’on comprend que manifestement toutes les sortes de confitures ramenées depuis le début n’étaient pas les bonnes. A la sortie, après avoir payé, il ne lui manque que le sucre de canne. Le bon, le local, celui de Gardel, est en rupture de stock. On se promet d’en trouver avant de partir. Ayant goûté aux traditions locales, nous ne voudrions pas abandonner Jacques sans une goutte, ou plutôt une cuillère de sucre de canne.

Le coffre plein, nous prenons la direction de l’Anse Maurice vers le Nord. On souhaite fortement faire plaisir à ce cousin des Antilles. En chemin, on s’arrête pour prendre en photo un cadre que j’avais repéré précédemment : un vieux moulin au milieu de champs de canne à sucre. Après avoir profité de la vue superbe au dessus de la crique, nous nous mettons à table. Apéritif suivi d’une salades d’achras comme à l’accoutumée. Pendant que Jacques préfère son éternelle fricassée de lambis, nous choisissons le colombo de cabris que notre guide touristique recommande. Le résultat est là, tout simplement délicieux. Et pour couronner le repas, Jacques nous fait le coup du vieil habitué des îles en dialoguant avec Pinpin, le patron. Avec comme résultat, une rasade de rhum vieux offerte.

De retour à Gissac, tout redémarre évidemment par une bonne sieste. Au réveil, on apprend, comme toute la Guadeloupe, le départ précipité du Secrétaire d’Etat qui aurait été rappelé à Paris. Cela mécontente évidemment les syndicats qui préconisent une grève générale pour le lendemain.

A la soirée, je décide de travailler un peu avec Jacques sur le schéma des déplacements des PARFONRY de France. Il avait constaté un certain nombre d’erreurs dans mon tableau figurant dans le document de travail. Petit travail de mémoire qu’il effectue sans soucis. Je viens ainsi de récupérer une des données importantes que seul lui pouvait encore me donner. En complément de discussion, on retombe un peu par hasard sur son grand-père Paul. Et parmi ses tableaux en possession de la famille, il me signale l’un d’entre eux qui a servi à un calendrier de la Poste. Preuve s’il en est que ce fameux Paulo n’était pas aussi barbouilleur que cela. Comme dernier lien avec ce dernier, il me fait part de l’existence dans la cuisine d’un couteau marqué aux initiales entrelacées de ses grands-parents : P§B, pour PARFONRY et BARBAULT.

Ayant ma clef USB, j’en profite pour lui montrer différentes photos classées. Outre celles de Briou en juillet et celles montrant notre maison d’Aiseau, je lui fais découvrir certaines en relation avec mes dossiers de généalogie. Je lui montre ainsi une photo de son parrain Jean, en jeune médecin. Et parmi d’autres, on tombe sur celle de mon arrière-grand-père Alexis. Et oh surprise !, Jacques y trouve une ressemblance de traits dans mon visage. Désormais, j’ai au moins une idée à quoi je dois me préparer quand j’aurai plus de 75 ans.

La soirée s’achève sur une discussion orientée sur l’utilisation de certains produits dans les repas de la cuisine belge. Il est ainsi question du choix des vins, de l’usage (voire de l’abus) du pain, deux points qui soulignent une différence de culture. Et dire qu'on ne lui a pas fait le coup du thermo de café pour accompagner en principe nos tartines le soir. Pour en arriver à oser défendre, devant lui, que les vrais gaulois sont bien les belges, comme l’aurait déjà constaté un certain Jules César. Je lui parle du livre « Astérix chez les belges ». Ce qu’apparemment il n’a jamais lu. Une bonne idée par conséquent pour lui faire comprendre un peu nos habitudes et les particularités du langage.

 

Lundi 9 février

Réveil à heures 30. Petit déjeuner sans grandes précipitations. Frans vient nous rejoindre vers 8 heures, un peu excité. Il a regardé l’émission de TV sur Canal au sujet de la Martinique. Et il est énervé des paroles prononcées par l’un de ces « Békés » qui monopolisent le capital des super marchés. Lui, le modéré, serait d’accord d’aller manifester. Décidément, on n’est pas prêt de la solution. Quant à moi, je trouve que l’on ne voit plus très bien si l’objectif de la grève est lié à une augmentation des salaires de 200€, à une diminution des taxes, à une réduction des prix de produits de grande utilité, à un développement d’une économie locale ou à une position nationaliste plus poussée. Si on est arrivé à organiser une manifestation de 60 000 personnes et à avancer 133 points qui posent problèmes, il doit bien y avoir un peu de tout cela.

Notre programme sur Pointe à Pitre est par conséquent bouleversé. En contrepartie, Martine souhaite aller revoir la Porte de l’Enfer et faire de nouvelles photos. On en profite pour arpenter une partie du sentier des douaniers qui surplombe les falaises. Retour par Port Louis, ou nous prenons des langoustines au Poisson d’Or, accompagnées de patates douces et de tranches du fruit de l’arbre à pain, avant de nous reposer sur la plage. Ensuite se sera Morne-à-l’Eau ou Martine se refuse toujours à photographier le cimetière fait de blanc et de noir en pente. Retour par la région des Grands Fonds. On se perd un peu dans les petites routes situées dans le bas de cette particularité topographique mais le décor en valait la peine. On vous conseille de passer par conséquent par Beausoleil, Papin avant de finir par la D 110. Cela fait un peu rallye mais c’est de toute beauté.

Retour à Gissac vers 17 heures 30. Jacques fait son courrier. Il a apprécié la chiquetaille de morues à midi. Mais comme à son accoutumée, il n’envisage pas de manger deux fois la même chose deux jours de suite, on pourra profiter du reliquat pour notre dîner. Qui sera en outre accommodé en dessert avec un clafoutis de cerises, préparé en douceur par Martine. On fait remarquer qu’il serait préférable de le faire avec un fruit local comme l’ananas. Très bien mais alors on y ajouterait du rhum !!. Décidément, ce breuvage, pas très gaulois, fait partie de l’identité de la Guadeloupe.

Durant le repas, je reviens en boutade avec cette question débattue hier. Jacques joue le jeu parfaitement. Il assure avec dignité le fait qu’il ne soit pas un vrai gaulois. Il accepte ma théorie que ce sont les gens les plus au Nord qui ont conservé ces caractéristiques. Probablement que certaines de nos habitudes alimentaires l’ont finalement convaincu que c’était mieux ainsi. Il restera néanmoins la salade de tomates, rehaussée avec délicatesse par Martine, et tant appréciée par Jacques. Préparée avec la production locale, la saveur du plat n’a pas manqué d’humecter les papilles du cousin. Un bon point pour les gaulois !!. Dans la discussion, on sent qu’il prend conscience de notre départ proche. Dans son esprit, on aperçoit désormais l’arrivée prochaine de Clémentine. Il la voit déjà débarquer avec des timbres et surtout un bon camembert affiné !!

 

Mardi 10 février

Réveil à 6 heures. Je prépare comme d’habitude le petit déjeuner. Martine, fatiguée du circuit de la veille, dort encore. Je suis arrivé à ne plus rien oublier pour satisfaire mes deux compères. La place et le bon couteau de Jacques sont réservés. Le beurre est remis au frigo, le café est réchauffé sur sa plaque,....Désormais, je maîtrise toutes les données permettant de ne rien oublier et de mettre chaque chose à sa place au moment ou Jacques arrive. Afin d’éviter de recevoir une remarque sur la façon inadéquate de mettre la table, il faut bien se concentrer un petit peu. Si on veut d’autres conseils sur la question, prière de me contacter sur mon adresse mail. A leur lever, ils trouveront tout le nécessaire. J’ai le temps de discuter un petit peu avec Frans avant de voir arriver Martine. Jacques arrive un peu plus tard que d’habitude mais tout frais et dispos.  

La grève étant prolongée cette journée, la sortie à Saint François est annulée. Etant donné qu’il faut s’attendre à entendre les bruits de l’installation du nouveau toit chez Frans, on décide de partir peaufiner notre bronzage à Bois Jolan toute la journée. Avec un intermède pour le temps de midi où nous revenons évidemment partager le repas à Gissac. Au passage, on a trouvé un beau poulet rôti chez la petite femme installée presque chaque jour devant le boulanger. Et en passant chez Gisèle, je repère le cher sucre de canne, indispensable ingrédient de tout breuvage local. Ma découpe du poulet n’est, paraît-il, pas parfaite, un peu gauloise sans doute, mais on s’en délecte de toute façon. Et, on en profite pour terminer le clafoutis de la veille au grand bonheur de Jacques.

Peu après, il revient à la charge concernant la situation des communes en Belgique. Il a retrouvé un atlas, offert par sa fille Martine, et une carte sur lesquelles il veille cette fois à mettre une croix à l’emplacement de Neerheylissem mais surtout d’Aiseau, l’endroit où on habite. Peut être a-t-il le souhait d’y pousser une pointe lors de son prochain séjour cet été ?

A la soirée, Martine enfile le tablier et prépare en un tour de main une mousse au chocolat. Des œufs superbes qui possédaient deux jaunes, comme quoi la production locale est de qualité. Une partie ira au congélateur pour apaiser les fringales sucrées de Jacques. On commence par ailleurs à discuter des préparatifs de départ : nettoyage de la voiture, derniers achats à faire, téléphoner aux DELICADO,… On apprend que le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer revient en Guadeloupe sans cependant avoir débloqué la question de l’augmentation des salaires.

Dès l‘apéritif, égayé par un Jacques au mieux de sa forme, Martine doit supporter deux PARFONRY qui se la joue un peu. Ce n’est pas rien. Mais d’une gentillesse à toute épreuve, elle en rigole. Il est notamment question des fameux souliers « Crocs fuschia » (voir photo 1ère partie !!!) qu’elle a promenés tout au long de son séjour. A mon sujet, on a hésité entre le coup de soleil et le coup de rhum, à propos des couleurs de ma figure. Et comme le vent se remettait au Nord, la soirée s’est achevée sur une de ces phrases percutantes de Jacques : « C’est le vent du Nord, celui qui tue les vieux « !! ». A l'écoute de cette phrase, je ne pus m'empêcher de faire le lien avec la chanson " Le plat pays" du Grand Jacques. Notre Jacques des Antilles avait, quant à lui,  adapté l'alexandrin de la chanson originale
             " Avec le vent du Nord, qui vient s'écarteler

               Avec le vent du Nord, écoutez le craquer, 

               Le plat pays qui est le mien"
en en faisant un lien avec l'une de ses autres chansons "Les Vieux".  Superbe symbiose de la poésie qui démontrait l'influence du chanteur belge dans le subconscient français.

Mercredi 11 février

Réveil à 6 heures 30. Matinée assez pluvieuse. Je passe brièvement chez  Jean pour confirmer notre arrangement pour nous conduire à l’aéroport demain. Petite discussion sur l’évolution de la situation. Un peu étonné que les choses n’évoluent pas plus vite, j’échange des propos pendant cinq bonnes minutes. Il me donne son avis à chaque fois. Manifestement, il doit exister sur l’île une double approche en ce qui concerne l’avenir.

En vue de nos derniers achats, on fait une petite virée vers Sainte Anne. Entre les gouttes de pluie tropicale, on remplit le sac à dos de souvenirs pas trop lourds et pouvant éventuellement avoir une utilité. Déjà qu’on est devenu adepte du rhum de Damoiseau, il faut composer pour éviter le trop plein !!

En rentrant à Gissac, Jacques nous attend. Et on sort, en surprise, les bananes légumes que je souhaitais faire déguster à Martine avant de partir. Jacques acquiesce pour accompagner le reste du poulet de la veille. Il apprécie la salade cuite de tomates et d’oignons venant du Nord et qui, ajoutée à la cuisson de poulet, donne un goût et une texture qui le satisfont. Par contre, il commence à craindre la pénurie de fromages qui ne font pas partie des habitudes locales.

Nous partons vers 14 heures 30 vers Saint François, laissant Jacques terminer sa sieste. Dormant profondément, il n’entend même pas le moteur de la voiture. Nous avons un rendez-vous avec les DELICADO. Ils nous font visiter la nouvelle Marina, financée par les fonds de l’Union européenne. Le temps n’est vraiment pas au beau fixe. Vent et pluies font croire par moment qu’on se ballade quelque part entre Colouire et Saint-Tropez par une mauvaise journée d’été. On remarque cependant quelques superbes trimarans avant de repérer parmi les nombreux restaurants celui des « Frères de la Côte », homonyme de celui de Camaret en Bretagne où nous avons été mangé il y a quelques années. On constate que la ville est fortement habitée par des européens qui y occupent beaucoup de postes dans le secteur HORECA et les commerces. Peu de touristes déambulent alors que l’on se trouve en haute saison. Par contre, quelques cafés retransmettent le match de football entre la France et l’Argentine. Vu le score à ce moment, une nouvelle défaite est à prévoir.

Après avoir pris quelques objets pour sa sœur en Belgique, nous prenons la route de retour vers 18 heures. Arrivé à Gissac, Jacques s’est couvert pour se protéger du « froid !! ». Le repas du soir est vite avalé. Jacques découpe le hareng amélioré par Martine tandis que je me fais deux œufs sur le plat vite fait bien fait. L’ambiance est bonne. On apprend que le bébé de Clémentine sera une petite fille.

Vers 20 heures 30, on écoute la Conférence du Secrétaire d’Etat qui défend les différentes avancées effectuées en matière de pouvoir d’achat. Beaucoup de chiffres qui, espérons le, permettront d’aboutir à un accord définitif. Sur demande pressante de Martine, je descends les deux valises. Il faut désormais monopoliser notre esprit vers le départ. Au mur de la terrasse, les deux « mabouyas », semblables aux geckos africains,  continuent comme chaque soir d’attendre le moustique ou la mouche qui, attirée par la lumière, se poserait à leurs portées.

Nous laissons Jacques, comme à son habitude, fermer les volets. De notre chambre, nous entendons une dernière fois qu’il murmure comme chaque soir le même air.

 

Jeudi 12 février

Réveil à 6 heures 30. Dernière virée chez BANETTE pour un dernier petit déjeuner à Gissac. Pendant que Martine prépare sa valise, je lave à grandes eaux la voiture. La matinée se passe au calme sur la terrasse. Josiane vient faire la causette avec Martine en apportant une main de petites bananes. J’en profite pour finaliser à mon tour ma valise. Tout semble finalement pouvoir être casé.

Rien de particulier à signaler durant cette matinée. Martine s’allonge dans un fauteuil. Manifestement, elle a un petit problème pour digérer les bananes légumes de la veille. On profite de l’apparition d’un joli colibri qui vient virevolter devant nos yeux. Jacques, se remémorant une dernière péripétie de sa vie, nous parle de la « rue de la Soif » à Dunkerque !!.
Dans le journal du jour, on lit un article intitulé «  Le lac Pipi caca de Bois Jolan ». Et dire que l’on n’a rien vu de particulier pendant toutes nos vacances. Heureusement qu’il est situé plus loin vers le Helleux et les lotissements. Mais on espère que les autorités prendront les mesures nécessaires pour sauvegarder ces plages protégées par le Conservatoire du littoral.

Dernier petit intermède au dessert. Une des mangues rapportées de Sainte Anne arrive sur la table. J’en profite pour porter mon ultime passe d’arme en coupant, devant un Jacques étonné, une mangue selon la façon la plus professionnelle qui soit : séparer l’os des deux joues avant de découper la pulpe en petits carrés renversés. Il reconnaît que c’était la première fois qu’il voyait faire cet exercice sans besoin préalable d’explications et aussi parfaitement. Je lui ai  annoncé à ce moment, le plus sérieusement du monde, qu’il avait devant lui le spécialiste belge de la mangue. Ce que je pourrai confirmer en lui montrant un jour le fameux livre d’agriculture tropicale auquel j’ai collaboré.

Repos jusqu’au moment du départ vers l’aéroport. A 16 heures, on embrasse Jacques en le remerciant de son hospitalité et en espérant le revoir cet été. La main levée, balançant de gauche à droite, il nous accompagne jusqu’à l’instant ou nous fermons la barrière portant le numéro 6. Chez notre loueur, situé en face de l'EcoMax, après une brève remise de la voiture, on est conduit par le cousin de Jean qui, prenant un itinéraire bis, nous permet de contempler une dernière fois la beauté des Grands Fonds. A l’aéroport, tout est calme. Seule, la file pour passer au contrôle est inhabituellement longue. J’envoie un message à Agnès pour confirmer que nous n’avons pas modifié notre date de retour.

 

Vendredi 13 février

Après un voyage régulier en avion qui nous a permis, entre les petites somnolences, de visionner le dernier film de Valérie Lemercier, Agathe Clery, on atterrit à l’heure à Orly. Il est 8 heures du matin.  La température est de zéro degré et le sol est recouvert d’une couche de poudreuse. Nos vacances sont bien terminées. J’ai sur mon GSM un message d’Agnès qui confirme que nous serons bien récupérés comme convenu.

La traversée de Paris pour rejoindre la Gare du Nord se déroule selon un timing bien supérieur à l’aller. En cause, des perturbations matérielles sur la ligne qui nous occasionne des blocages du RER entre Anthony et Gare du Nord, coincé dans la foule des assidus du métro. Martine découvre le monde souterrain des transports publics. Une chance que je n’avais pas réservé des places dans le premier Thalys de la matinée. Nous avons le temps devant nous pour nous refroidir dans les allées du Nord puis de nous rafraîchir d’un expresso et d’un croissant avant de monter dans le train de 12h 25.

Arrivée en Gare de Bruxelles Midi à 13h 47. Agnès et Robert nous attendent sur le quai. Sympathique marque d’attention, eux qui découvraient cet univers de la plus grande gare de Belgique pour la première fois. Petit gag pour sortir la voiture du parking. Robert se perd dans les manipulations de paiement automatique. J’interviens pour remettre les choses en place. On prend comme convenu la direction de Notre-Dame-au-Bois (Jézus Eik in het Vlaams), au sud de Bruxelles. Et à 15h 30, on se met à manger un steak accompagné de frites et d’une Leffe blonde. A Gissac, au même moment, nous savons que quelqu’un prépare son apéritif en regardant la barrière.

Quant à nous, cette fois c’est bien réel,  nous sommes bien revenus en Belgique. Mon genou ne me fait plus mal. Il manquait probablement d’exercices. Est - il bien nécessaire que je téléphone à mon médecin ? Quant à Martine, elle n’est pas encore atterrie. Elle prend le temps de revoir le film de cette rencontre.

 

 

Encore un grand merci Jacques. On pense beaucoup à toi.

A suivre ......!!!

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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 10:20

Samedi 31 janvier

Réveil à 6h 45. Après avoir installé comme d’habitude la table du petit déjeuner, je me lève pour aller chez BAA….NETTE, le boulanger. Constatant que la variété des pains est de nouveau présente, contrairement aux journées précédentes, je ne me lance pas sur la traditionnelle baguette mais sur un pain cuit allongé dont nous nous délecterons quelques minutes plus tard sur la terrasse de Gissac.

En attendant que Jacques se prépare, Martine apprête rapidement quelques tomates à la belge, un des plats qui on fait la symbiose entre les deux lignées de PARFONRY. Peu après, on constate que tout le monde a mis ses plus beaux habits. L’opération «  Spéciale Saint François » démarre. Jacques en copilote officie comme guide. Premier arrêt à la supérette « Huit à huit ». Un petit commerce tenu par des indiens qui regorge de tout et qui est loin de faire croire à un risque de pénuries. Un caddie s’avère nécessaire pour suivre la liste préétablie hier. Après quelques courses secondaires, on s’arrête chez Kally, à proximité du marché. Une bonne « Corsair » dans le gosier, nous laissons Jacques se reposer pour parcourir les divers étals de fruits et légumes. On se laisse tenter par des christophines, considérant avoir maîtrisé la préparation de ce légume local, ainsi que des petites bananes locales et l’une ou l’autre épices. Et pour terminer l’opération, Jacques probablement satisfait de ses cousins belges, nous invite au « Raisins clairs », en bordure de mer. Et force est de constater à ce moment que ma théorie du lien entre les PARFONRY et le riz ne tient pas la route. Pour accompagner son plat principal de lambis, Jacques se choisit une purée d’igname en affirmant haut et fort «  Tout sauf le riz », parodiant sans le savoir la phrase de l’Union européenne  « Tout sauf les armes » qui autorise l’arrivage des produits en provenance des pays ACP, à l’exception des armes. Manifestement, encore une divergence qui n‘est que le résultat de mon propre parcours. Le choix préférentiel de Jacques résulte du même concept. On est loin de la pomme de terre traditionnelle de nos ancêtres. Les PARFONRY ont voyagé et apprécient d’autres aliments de base. Et pour terminer le repas par cette phrase significative   «  On est quand même loin de la Belgique  ….mais pas dans le cœur !! ». Petite phrase qui nous laisse la possibilité de nous retrouver sur un  terrain neutre, dans cette région du Nord que chacun d’entre nous a traversé. A envisager !!

La discussion de l’apéritif tourne autour de la richesse culturale de ce bon climat tropical. Une application saine de cette notion problématique de sécurité alimentaire que rencontre de nombreux pays africains. Un diagnostic du corossolier, derrière sa chambre, m’est demandé pour le lendemain.

Et de poursuivre sur un  tout autre sujet en lien avec cette énigmatique recherche du rayon vert qui se profile, durant un très court instant, au moment ou le soleil disparaît de l’autre côté de l’horizon. Phénomène naturel que peu de marins aperçoivent trop absorbés à leurs occupations. Jacques se plaît à reconnaître qu’il a eu l’occasion de le voir à 2 reprises, notamment lors de son premier voyage vers la Guadeloupe. Amoureux transis à la proue du navire, quêtant sans doute à tout instant la courbure de l’horizon pour apercevoir la terre ou l’attendait sa fiancée Miche.

Au retour à Gissac, vers 15heures, la sieste est évidemment bien entamée. On décide néanmoins de l’appliquer, ce qui n’est pas de la meilleure veine étant donné que le voisinage s’est déjà remis à jacasser, de même que les poules.

A la soirée, je sors le fameux parchemin reprenant la généalogie des PARFONRY depuis le début à Neerheylissem. Il restera à Gissac. Laissé une dizaine de jours au fond d’un sac, la colle a subi les avatars du climat tropical. Une petite réparation s’impose, espérant qu’il se pérennise à travers les années afin de conserver ce que d’autres ont mis en place.

 




Dimanche 1 février

Réveil à 7 heures. Petit déjeuner agrémenté de croissants que nous ne trouvons pas aussi délicieux que ceux de Berck. Jacques fait remarquer que le lendemain c’est le 2 janvier, jour de la Chandeleur. Ce qui est compris comme une journée de crêpes. Le signal est très clair.

Vers 8h 30, on part à la plage de Bois Jolan comme de simples touristes. Au retour, on se met en branle pour préparer un barbecue. M’étant opposé à l’utilisation de plaquettes pour l’allumage, je m’en réfère à ma méthode traditionnelle : papier, bois et charbon de bois. Aucunes difficultés au bout d’autant d’années de pratiques et de perfectionnement. On peut y faire griller les tranches de viande achetées la veille. Même si la cuisson est plus prononcée qu‘à son habitude, Jacques y adhère complètement, d’autant que Martine a eu la gentille idée d’y adjoindre sa fameuse salade de tomates. Il est étonné de ma méthode de cuisson au barbecue, héritée de mon passé marocain. On retourne régulièrement la viande de façon à éviter qu’elle ne durcisse et laisse une partie du jus. Au lieu d’un seul « aller  retour » comme le souhaitait Jacques. Et le tout complété par des pommes de terre cuites avec leur peau. Ce qui provoque une réaction hilare de Jacques, d’autant qu’il nous fait découvrir un outil spécial à 3 pointes pour faciliter l’enlèvement de la peau. Serait-on à ce point des primitifs, comme il ose l’affirmer, pour ignorer cet instrument !! L’ambiance étant détendue et chacun ayant manifestement apprivoisé l’autre, on n’en rate pas une pour nous titiller à l’occasion. Dans la bonne humeur. Accompagnant ce plat « belge », nous dégustons un délicat bordeaux envoyé par Patrick. Et en dessert, Jacques se délecte d’un dernier pot de mousse au chocolat tandis que nous nous rabattons sur des tranches d’ananas servies avec une glace coco. Rien que du beau monde pour un dimanche en Guadeloupe.

Après cela, mes deux compères tombent dans une sieste profonde, me laissant seul à réfléchir sur la terrasse. Au réveil, Martine, on ne sait pourquoi, à une envie d’un goûter au chocolat. Aussi vite dit, aussi vite fait. Avec le paquet de brownie, acheté chez Leader Price, elle fabrique un dessert chocolaté qui fait rappeler à Jacques une odeur semblable chez sa belle-famille à l’intérieur de ce château de Briou de Lude, où il a passé quelques années de son enfance. Au vu du comportement de Martine, il ajoute que c’est comme une réaction de femme enceinte.

Peu après, Frans vient prendre l’apéritif. Discussion sur l’arrivée et la conférence de presse du Secrétaire d’Etat aux DOM, Yves JEGO. Il annonce qu’il restera en Guadeloupe le temps qu’il faudra. On espère que la situation se débloquera assez rapidement.

Au dîner, semper éternelle discussion sur les différences entre les deux cuisines, avec des conclusions fréquentes sur des « retour à la Belgique ». Jacques a ainsi utilisé le mot « souper » devant les plats de charcuterie et de fromages et de rappeler également que son frère Michel mange son fromage avec du beurre. Comme nous !

 

Lundi 2 février

Réveil à 6 heures. Un cafard se promenait dans nos draps ce qui explique ce réveil précoce. On ne peut pas cohabiter avec une telle bête. Avec pour conséquence que je suis le premier client chez BANETTE. A son réveil, Jacques nous trouve par conséquent prêts pour partir. Objectif de la journée limité à des visites de sites déjà vus mais dont on souhaitait faire de nouvelles photos. En premier lieu, les Grands Fonds dont nous avions été surpris par leurs caractéristiques, surtout en tant qu’agronome, mais que nous n’avions pas suffisamment transcrits sur la pellicule la beauté. Ensuite, on redescendit aux abords de la Pointe des châteaux qui était particulièrement ensoleillé en ce jour. Nous avons même escaladé les quelques dizaines de marches vers la croix qui se trouve à son extrémité. Et le tout consolidé par des séances de repos des muscles sur une des plages de la Pointe puis au Bois Jolan. Le tout entrecoupé par une mise en bouche « Chez Man Michel », restaurant créole agréable. Après une salade d’achras, agrémentés d’une galette de bananes, on choisit simplement un poisson-perroquet grillé, servi avec du riz et des haricots rouges. Le long de la route, quelques stations services ouvertes offrent des files de voiture sur plusieurs km. La situation n’apparaît pas encore très limpide mais selon les informations obtenues auprès du loueur de voitures, on devrait y voir plus clair pour mercredi matin au plus tard.

Martine s’est mise immédiatement à préparer des crêpes. Elle en a offert quelques unes à Josiane qui en échange lui a appris la préparation des achras. Tout cela sur une même soirée. Ce qui nous a permis d’avoir un apéritif  typiquement antillais, constitué d’un ti punch et d’achras tout frais. Et suivi directement de ces crêpes du Nord que Jacques nous avait réclamées. Une preuve supplémentaire, s’il en est, que la cuisine participe à l’échange et au dialogue des cultures. Elle a eu même droit d’être appelée « Ma doudou » par Jacques comme pour reconnaître qu’elle a épinglé une première étoile dans la cuisine guadeloupéenne.

Durant la conversation, Jacques revient avec la question des communes en lien avec nos origines en Belgique. Il veut ainsi, et je le comprends très bien, me dire qu’il manque dans mon document de travail, une carte de Belgique permettant de mieux les situer. J’en prends note et je m’efforcerai d’y apporter une réponse.

 

Mardi 3 février

Réveil précoce à 5h 30. Petit déjeuner et préparation pour le circuit de la journée. On a acheté en effet 2 billets pour prendre le bateau pour les Saintes, petites îles situées en face. En quittant Gissac, on constate que les poubelles sont vidées. Une bonne chose qui tend à démontrer que cela évolue quelque peu au niveau des grèves. Ou qui confirme ce que j’ai constaté depuis le début : une organisation assez bonne de la grève avec juste ce qui faut pour importuner les gens sans porter atteinte à une réelle insécurité.

A 7h 45, on monte dessus au débarcadère de Sainte Anne. La durée de la traversée prend 1h 15. Au début, comme première approche, je réalise une comparaison avec Porquerolles. Mais le bruit des scooters et une plus grande densité, alliée aux particularités architecturales locales me font changer de jugement. Nous parcourons un peu le bas de l’île, avant de nous écarter des routes macadamisées.

Ayant évalué les possibilités, nous jugeons peu opportun d’aller visiter le fort Napoléon. Les constructions militaires du style Vauban sont en effet monnaie courante dans le Nord de la France et en Belgique. Pour profiter d’un joli point de vue, on se rabat sur la batterie Caroline, sentier rocailleux de moyenne montagne, assez pentu. Arrivé au sommet, nous profitons du paysage avant d’étendre les essuies pour prendre notre casse-croûte. Malgré l’afflux de touristes dans l’île, personne n’est venu à notre rencontre. On avait décidément choisi le coin le plus tranquille. Même Jacques, prétendant connaître toutes les îles, n’en avait jamais entendu parler. En redescendant, on prend soin de s’arrêter à la poste pour acheter les timbres. Elle était ouverte et la file relativement courte. Nos cartes étant terminées depuis une semaine, nous avions du retarder de les poster pour cause de grève. On effectue encore une petite visite du cimetière et du calvaire.



Avant de reprendre le bateau, Martine fait un peu de shopping avant d’aller déguster sur la terrasse du port un délicieux jus frais de pamplemousse. Le retour se fait à 15h 45. Au préalable, nous nous sommes approvisionnés auprès d’une petite marchande de tourments d’amour, pâtisserie au coco.

A la soirée, comme Martine lâche le morceau sur mon adaptation un peu défaillante lors de chaque traversée, mes deux compères en rajoutent une couche. Ils en rient un bon coup allant même par envisager une virée commune à l’île de La Désirade, tout en me laissant à quai. Je trouve même qu’ils en rajoutent un peu trop à un certain moment. En plus, vu mon besoin de récupérer, je ne bois que de l’eau, durant toute la soirée, ce qui incite Martine à ajouter ma part de ti punch et la rasade de vin pour décupler son humour. Elle se met aussi à entonner la chanson « Maman les p’tits bateaux, qui vont…. ». Comme dîner, j’ai eu droit au reliquat de la viande grillée, cuite au barbecue. Jacques s’est finalement laissé dire que ce mode de cuisson ne le satisfait pas, remettant en question sa première appréciation. Heureusement que l’extinction des feux arrive et que Jacques ne déroge pas à son habitude d’aller dormir assez tôt.

 

Mercredi 4 février

Réveil à 6h 30. Aux habituelles confitures aux fruits locaux (goyave, ananas, coco, mangues), on ajoute celle aux caramboles apportée par Marie Le journal annonce que les stations services vont ouvrir. Le remplissage du réservoir de la voiture sera donc l’opération du jour. Laissant Martine à Gissac, je me suis faufilé dans une file de voitures, attendant mon tour patiemment. Après 2 heures d’avancées sporadiques au bord de la route, j’ai finalement pu faire le plein. Après plus de 2 semaines de grève, je n’étais pas le seul dans le cas. Et tout cela dans un calme total. Pas de dépassement intempestif, pas de joutes verbales. Décidément, l’ordre républicain est quand même présent. Une situation similaire dans un pays africain aurait conduit à un désordre indescriptible. Mais, au vu de cette quiétude, on peut se demander si les gens n’attendent pas de recevoir en récompense quelques dividendes des négociations entamées depuis l’arrivée du Secrétaire d’Etat. Un calme tout relatif qui pourrait se transformer.

Rentré à Gissac vers 11 heures, j’en profite pour faire ce que Jacques m’avait déjà demandé, à savoir arracher les 2 plants d’hibiscus morts le long de la clôture. Et pour parfaire le travail de jardinage, j’enlève à la machette, comme un coupeur de cannes, les feuilles mortes des bananiers. Après cela, Jacques estime que je mérite un ti punch avant de passer à table. Il est vrai qu’à raison de 6 €/L pour un niveau de 50°, on comprend mieux que cela se boive ici comme du petit lait.

Martine, restée dans la cuisine avec Marie durant la matinée, a préparé de la lotte au court bouillon. Comme dessert, nous avons un mélange de pâtisserie : tourment d’amour ramené des Saintes et gâteau au chocolat de la veille.

On décide de passer l’après-midi à la plage de Bois Jolan. Rien de spécial à signaler sur ce plan. On veille simplement à accumuler le soleil. Il est vrai qu’après la ballade des Saintes, les mollets de Martine se sont réveillés et doivent être mis un peu au repos.

Comme fait particulier de la soirée, on apprend que Jacques a reçu ce jour notre courrier posté en Belgique le 10 janvier, lui annonçant notre arrivée. Et pour une nouvelle fois marqué sa gratitude à notre encontre, il sort de sa réserve le rhum aux caramboles, fabriqué par Miche. Une nouvelle soirée très communicative pouvait se dérouler.

 

Jeudi 5 février

Réveil à 6h 30 heures. Confiant, nous entamons les préparatifs pour notre première virée en Basse Terre. Niveau de carburant au plus haut et temps ensoleillé, tout est au beau fixe. Vers 8h 30, nous traversons le canal qui sépare les deux parties de la Guadeloupe. Il ne nous reste plus qu’à nous laisser guider par les informations touristiques de notre guide. Le premier arrêt se fera immanquablement au Jardin Botanique sur la commune de Deshayes. Première approche avec cette diversité dans les formes et les couleurs de ce monde de la forêt tropicale. Ancienne propriété de Coluche, il paraît selon oui dire, que l’on n’y organisait pas les restaurants du cœur lorsqu’il était présent. Nous  poursuivrons la visite tout au long de la journée le long de cette belle route de la Traversée. A midi, on se laisse tenter par le restaurant recommandé par Jacques au col des Mamelles. Si je suis satisfait du plat de ouassous, baignant dans une sauce à la saveur locale,  Martine est quelque peu déçue par son poulet à la sauce coco.
Pour occuper notre après-midi,  nous sommes étonnés de la diversité des offres touristiques. Un vrai régal pour avoir un aperçu de ce monde végétal. Après la visite dans le Parc National de la Guadeloupe, nous osons même entamer la montée du Col des Pigeons. Si les premiers mètres sont attirant avec des escaliers façonnés en dur, la suite est toute autre. Avec la pluie de la veille, cela devient une véritable patinoire. Nous persévérons malgré tout, malgré notre équipement un peu rudimentaire. Encore une fois, nous avons choisi un parcours hors des sentiers battus. On ne rencontre personne. Si Martine préfère arrêter à un moment donné, je poursuis jusqu’au sommet pour pérenniser par une photo le panorama offert sur Pointe à Pitre. Achevant la journée par la chute des écrevisses, nous avons pu emmagasiner pas mal d’informations sur ce monde végétal. On s’aperçoit cependant que d’autres aspects restent à découvrir.

Au retour, Jacques est tout fier de me montrer la machette aiguisée. Je lui avais fais remarquer ce manque d’entretien la veille. Lui, qui s’était positionné comme responsable de l’entretien de matériel pendant sa carrière, je n’avais pas manqué de le houspiller à ce propos.

 



Vendredi 6 février

Réveil à 7 heures. Temps pluvieux. Je n’oublie pas, comme me l’a dit Jacques la veille, d’aller récolter la main de bananes qui était arrivée à maturité. Ce qui nous permet de modifier la saveur de notre petit déjeuner. Le vent s’est mis au Nord nous dit Jacques. On décide de ne pas aller à Bois Jolan. On reste à Gissac se reposer. Comme Frans me demande d’aller vérifier ses arbres fruitiers, je retrouve rapidement mes aptitudes professionnelles. Sécateur en main, je lui nettoie ses quelques citronniers du pays en supprimant la plus grande partie du bois mort et des branches inappropriées. Tout en faisant cela, je vois Jacques dans mon rétroviseur qui se met évidemment à penser que je ferais bien de travailler aussi chez lui. Repassant la clôture, Martine me rejoint et en couple on organise un chantier. Je coupe les aralias qui étaient devenus trop haut pendant que Martine les évacue à la brouette à l’extérieur. Jacques voyant cela, reconnaît que je mérite un « punch d’honneur ». Comme je constaterai plus tard qu’il n’y a pas de grande différence avec le ti punch, cette appréciation est sans aucun doute l’expression d’une satisfaction pour avoir contribuer à son bien être.

L’après-midi sera consacré à la sieste. Un tel travail demande bien un tel repos. Et vers 16 heures, je conduis Jacques chez son médecin pour lui renouveler ses ordonnances.

En soirée, on aura droit à de la chiquetaille de morues, accompagnée de pommes de terre salardaise. Ayant trouvé dans le frigo de la graisse de canard, Martine l’a accommodé, se rappelant que Jacques avait raconté avoir eu certaines accointances avec la région du foie gras. Et de recevoir cette appréciation de Jacques «  C’est aussi bon que si tu étais périgourdine ».

Me rappelant que j’avais émis, suite à mes recherches, comme hypothèse un lien possible avec la famille de Napoléon III, qui s'était installée à Bruxelles, je lui pose à tout hasard la question. Il ne peut rien me dire en réponse. Il faut craindre que peu ou pas d’éléments ne restent pour attester de contacts entre la France et la Belgique.

 

 A suivre ........!!

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 08:43

      Une nouvelle trace, pour ne pas dire un coup de pinceau, de Paul PARFONRY, l'artiste peintre parisien a été retrouvée dans le " Bulletin de la Société des Amis des Monuments parisiens ; volume 12, 1900 ", rédigé sous la supervision de Charles NORMAND.

      En page 321, on peut y lire l'article intitulé " Visite de l'exposition rétrospective de la ville de Paris ". On y apprend ainsi que Paul PARFONRY a fait partie des collaborateurs du Conservateur du Musée Carnavalet, Monsieur Georges CAIN, chargé de  l'organisation de cette exposition. Elle a été présentée dans le cadre des manifestations venant en parallèle de l'Exposition Universelle de Paris de 1900.

      De cette lecture, on peut en retenir les points suivants :

1. Le Musée Carnavalet avait déjà reçu du marbrier François-Xavier, père de Paul, une cheminée Louis XIV en marbre. Une lettre de remerciement du 19 décembre 1897, signée par ce même Monsieur Georges CAIN l'atteste. Il est donc incontestable que les PARFONRY avaient une relation privilégiée avec ce Musée, chargé de conserver l'Histoire de Paris et créé à l'initiative du baron HAUSSMANN en 1868.

2. L'article mentionne un certain nombre de remerciements pour la fourniture de pièces spécialement fournies pour cette exposition. Parmi ceux-ci, on relève ceux adressés au  Roi de Belgique et au Musée Royal de Bruxelles. Parmi tous les collaborateurs de cette exposition, peut - on imaginer que ce soit Paul PARFONRY qui ait eu la responsabilité de faire le lien avec la Belgique. Ayant toujours connaissance de son origine belge, par son père, il se peut qu'il ait toujours des contacts importants en Belgique lui permettant de jouer un rôle dans ce contexte.

3. Comme lien avec cet article, en lisant le procès-verbal de réception de Chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur de François-Xavier PARFONRY, daté du 3 août 1881, on y découvre que le Chevalier qui l'a introduit se dénomme Auguste CAIN, père de Georges. Il n'y a pas de raisons, dès lors, de penser qu'il n'ait existé un lien privilégié entre les familles PARFONRY et CAIN à cette époque.

4. Auguste CAIN (1821-1894) est un sculpteur animalier dont certaines oeuvres se rencontrent encore dans Paris (Jardins des Tuileries, du Luxembourg). Son fils, Georges CAIN (1856-1919), peintre anecdotique et écrivain (Le Figaro), fut le premier conservateur du Musée Carnavalet

5. En découvrant toutes ces informations, il semble approprié que l'on doive prendre contact avec ce Musée Carnavalet en espérant retrouver certaines archives intéressantes se rapportant au lien priviliégié avec la famille PARFONRY.

6. Une des pistes qui permettraient d'approfondir les connaissances sur François-Xavier, le marbrier, serait de découvrir le socle de toutes les sculptures réalisées à cette époque et particulièrement celles d'Auguste CAIN au Jardin des Tuileries mais aussi toutes celles de Vital DEBRAY, auteur de la statue de Joséphine de Beauharnais, installée à Fort de France en Martinique.

7.  Les découvertes successives se rapportant à l'artiste peintre Paul PARFONRY, permettent de mettre un peu en veilleuse la question de son nom de code " Paulo, le barbouilleur ". Pour faire partie du cénacle parisien dans le domaine de l'art, tout comme son père en faisait partie dans le domaine de la marbrerie d'art, il était très certainement reconnu comme un peintre d'un niveau supérieur à la moyenne.

7. Jacques, son petit-fils, peut finalement être un peu fier de son grand - père. Il est réhabilité. Il y a sans doute encore d'autres pistes à découvrir, notamment celle de la famille de son épouse, née BARBAULT pour en connaître un peu plus ou permettre de sauver ce qui reste comme mémoire. A voir !!!!

Voici le texte dont il est question dans cet article.

VISITE DE L'EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE LA VILLE DE PARIS, par Ch. NORMAND 

 

Comme d'habitude une société exceptionnellement brillante s'était donné rendez-vous à la dernière excursion organisée, pour la Société des Amis des Monuments parisiens, par son président M. Charles Normand. Membres de l'Institut des diverses classes, dames et jeunes filles, dont on a remarqué l'élégance, la grâce et la beauté, érudits, lettrés, artistes, gens du monde appartenant aux plus anciennes familles, ou savants étrangers, de passage, formaient une réunion charmante. Malgré la diversité des origines, tous communiaient sous une même espèce, celle de l'amour des choses belles, rares ou curieuses; tous étaient animés d'un égal désir pour l'étude et la défense du « Vieux Paris » comme d'un souci très vif de la nécessité de veiller à la beauté de la capitale dans les créations nouvelles.

 

M. Charles Normand a remercié les membres de la Société des Amis des Monuments du zèle dont ils ont fait preuve en ce jour ; c'est leur coutume et depuis longtemps ils ont pris la tête du mouvement, comme se plaisait à le rappeler le président du Conseil municipal, M. Grébeauval, quand il disait à l'Hôtel de Ville, lors de la clôture du Congrès international de l'Art public, que la Société des Amis des Monuments parisiens existait bien avant la Commission municipale du « Vieux Paris. Puis M. Charles Normand a présenté à l'assistance M. Escudier, vice-président du Conseil municipal, qu'il représente, dans cette visite faire au Pavillon de la Ville de Paris, où M. Cain et ses collaborateurs MM. Albert Trottin, Maurice de Cambis, François Carnot, René Debraux, Stanislas Lami, Paul Parfonry, Louis de Périgord, Jean Robiquet, Henri Tenré ont organisé si joliment l'Exposition rétrospective de la Ville de Paris.

 

M. Charles Normand en a vivement félicité M. Cain et a loué le sympathique conservateur du Musée Carnavalet d'avoir installé cette exposition sans faire aucun emprunt au Musée municipal. M. Cain a su s'adresser aux collectionneurs les plus émérites, vivement complimentes par le Président de la Société des Amis des Monuments parisiens, pour avoir consenti à se priver momentanément de leurs chefs- d'œuvre.

 

Les historiens de Paris puisent des enseignements merveilleux dans cette exposition et les gens de goût reviennent charmés de leur fréquentation avec les chefs-d'œuvre de grâce, de goût, d'habileté. M. Charles Normand a signalé notamment les trésors prêtés par divers souverains et administrations publiques ; au nom de l'éminente assistance présente il a adressé de chaleureux remerciements, et a rendu un hommage particulièrement respectueux et reconnaissant, à Leurs Majestés la Reine d'Angleterre, l'Empereur de Russie, l'Empereur d'Autriche-Hongrie, au Roi des Belges et au Musée Royal de Bruxelles, au Maire de Prague et à la délégation tchèque.

 

Et l'assistance, par de chaleureux applaudissements, a témoigné combien son président se faisait ainsi l'interprète des sentiments de toutes et de tous. ..........

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 19:01

Dimanche 25 janvier

Réveil à 7 heures. Temps au beau fixe. Préparation du petit déjeuner pendant que Josiane, la voisine, nous renseigne sur une idée de promenade le long de la plage jusqu’au complexe » Pierre et Vacances ». Elle nous apportera peu après un délicieux jus frais de goyave avec les fruits récoltés le long de la clôture (quel délice !!) Comme nous prenons le petit déjeuner avant l’arrivée de Jacques, les poules du quartier se sont habituées à recevoir quelques miettes et sont désormais au rendez-vous. Toute la question est de déterminer l’endroit où elles pondent, ce qui doit probablement constituer un secret d’état bien gardé dans le quartier !

Avant que Jacques ne téléphone en France pour avoir des informations sur les caprices de la météo dans le Sud - Ouest, j’appelle mon fils François. Tout va bien. Il a effectué samedi après-midi sa tournée comme convenu chez ma mère et à la maison. Jacques, probablement inquiet d’avoir entendu les dégâts de la météo, s’est efforcé de joindre sa famille malgré les coupures de lignes. Après avoir reçu des réponses apaisantes de ses deux petits-enfants, il s’est rassuré, bien qu’on doive parer au plus pressé dans certains cas.

Matinée passée calmement à Gissac. Frans est venu parloter, ce qui a impérativement eu pour effet d’entamer une discussion sur les causes et les conséquences de la grève. Pour remédier à notre situation de touriste bloqué, Frank nous propose une ballade pour l’après – midi. Rendez vous est pris pour 15h 30.

Évidemment, comme je m’y attendais, le dénommé adjoint au maire n’était pas à son bureau à 10 heures. J’avais en fait surestimé sa force en me basant sur mon expérience africaine. J’avais, il est vrai, oublié depuis le début du séjour que nous nous trouvions bien en France et que l’ordre républicain existait forcément quelque part.

Pour occuper le temps, je vais acheter une série de cartes postales que je remplis aussitôt. Au moins, un travail de vacances bien avancé !

Par la suite, Jacques nous donne quelques explications sur l’élaboration des livres de cuisine de son épouse. On y apprend notamment que ce parcours a démarré lorsque ces beaux-parents étaient régisseurs de la propriété du baron de ROTHSCHILD au sud de Paris dans la Brie en s’occupant particulièrement du poulailler. Jacques se plonge dans un fou rire dont il nous gratifie de temps en temps quand Martine lui dit qu’il a servi de cobaye bienheureux toute sa vie. Il ajoute à mon attention que je dois veiller à garder Martine le plus longtemps possible.

Pour le déjeuner, après un ti punch, préparé comme à l’accoutumée par Jacques, et accompagné d’achras (beignets) de morue achetés le matin chez Gisèle, Martine sert une soupe volontairement différente de celle de Marie, pour donner une nouvelle fois un goût belge à la cuisine. Le tout complété par une assiette de charcuterie et des tomates vinaigrées aux oignons dont l’association ne fait plus reculer Jacques.

Pendant la sieste, Martine découvre les livres de cuisine de Michelle en concluant que ce fut un travail de recherche et d’écriture non négligeable. Des livres de base importants pour comprendre l’origine de la cuisine et qui ont eu leur succès d’édition.

Comme prévu, Frans est arrivé à l’heure. Et avec lui, nous entamons un circuit sportif à bonne vitesse par Bois Jolan jusque Pierre et Vacances, via l’anse de Helleux. Circuit perturbé par une « drache tropicale » mais qui ne nous arrête pas le moins du monde. Retour par l’intérieur du pays par monts et par vaux, à travers ces paysages de prairies reposant sur une terre calcaire mais désormais, le plus souvent, envahis par des villas derniers cris, par des lotissements aux couleurs antillaises. Petit détour pour nous permettre de voir, avant la tombée de la nuit, ce moulin de Gissac que nous apercevons au loin à chaque retour de ballade. Il n’en reste malheureusement que quelques pierres qu’envahit progressivement le monde végétal. Au retour au bercail, Jacques termine son courrier qu’il reportait depuis quelques jours. L’un de ses derniers liens qui vont traverser les vagues en direction de la Métropole. On sent qu’il est rassuré d’avoir terminé cette étape. Il est souriant et jovial.

Et comme pour nous surprendre un peu plus, il embraye, on ne sait trop comment, sur son histoire avec Miche, son épouse. Presque tout y est détaillé. De la déportation des futurs beaux-parents, du retour de Miche en Guadeloupe avec ses trois frères pour trouver du travail chez Darboussier, de l’ultimatum de Miche pour la rejoindre en 1948, de la contribution du parrain Jean au coût du voyage par bateau, du travail de Jacques avec contrat local, de la naissance du premier enfant, puis finalement du retour en France dans le Nord et ensuite à Bordeaux, rien n’est omis. Pendant plus de 45 minutes, il va développer une vie, une carrière, un art de s’adapter aux conditions de la vie que l’on avait déjà quelque peu deviné mais qui planté aussi sereinement nous apparaissait plus réel et plus émouvant.

Après ces confidences, il a bien fallu rappeler à Martine l’heure. En attendant que les plats ne sortent de la cuisine, Jacques, pour la première fois, me permit de préparer mon ti punch. Confiance dans l’étranger ou souci de déléguer au cousin !!!. Une avancée significative venait d’être paraphée, à la manière des vieux loups de mer, sans que mot ne fût dit. Et pour poursuivre,  en un tour de main, nous eûmes un repas bien belge constitué d’un steak grillé, de pommes de terre et d’une salade de tomates. Pas de rouspétances de Jacques qui finalement continue à s’adapter à la cuisine belge. Et en final, des tranches d’ananas parfumées d’une rasade de vieux rhum. Hum !!!

Avant de se mettre au lit, Jacques nous apprend que le préfet a signé un décret interdisant la coupure de courant. Appréciable mais qui ne va sans doute pas apaiser les tensions au niveau des grévistes.

Lundi 26 Janvier
Réveil à 6h 30. Le mystère du lieu de ponte semble avoir été découvert. Dédaignant nos petits morceaux de pains, les poules nous quittent subitement. Quelques temps après, nous les entendons chanter allègrement dans le jardin d'Eva. Pour revenir nous voir plus tard.
Jacques arrive et parvient à lâcher comme il en a l'habitude un "Merde, quel truc à la con ! ", en maugréant contre le cornet de téléphone qui est tombé par terre. Avant de prendre son petit déjeuner, il passe quelques coups de téléphone à ses amies sur l'île. Ce qui me fait laisser dire qu'il conserve encore un réseau de connaissances lui permettant de passer un certain temps au téléphone.
Marie entame la préparation de la morue ramenée de chez Gisèle, ce qui intéresse Martine, soucieuse d'épater les copines à son retour. La matinée est également occupée par un premier nettoyage de la chambre et un repassage. Les magasins restent fermés, à l'exception de Gisèle. J'en profite pour repasser chez le loueur de voitures qui, après quelques coups de téléphone en créole, me promet une voiture avec plein d'essence pour l'après-midi.
Le temps incertain ne nous tente pas pour effectuer une sortie. Nous passons donc la matinée dans la parcelle de Gissac. Avec pour conséquence que le déjeuner est dressé assez tôt. A 12 heures précise, ce qui perturbe quelque peu Jacques. Il n'a pas encore pris son apéritif quand le plat de morues et le riz dévoilent déjà leur parfum sur la terrasse. Ne voulant en aucun cas rompre avec son destin, il s'enfile un whisky rapidement avant de nous rejoindre. Il est vrai que l'on aurait pu l'accompagner mais la fatigue du circuit pédestre de la veille nous incitait plutôt à penser à la sieste.
Vers 15H 30, je me rends chez Jean, mon loueur, pour apprendre qu'il n'avait pu obtenir un bon de réquisition d'essence. Comme je le pensais bien, le deal était bien là. Il avait bien compris mon message lors de la discussion de vendredi. Je n'étais, il est vrai, pas sur que la technique africaine pouvait être  utilisée dans un DOM. La question qui restait en suspend concernait le poids de son influence. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin. Confirmant que cette journée pouvait constituer un intermède après une semaine, Martine se mit à préparer au cours de l'après-midi une seconde potée de mousse au chocolat. En méritant le tablier de Miche pour préparer la nouvelle potion magique belge, Jacques a manifesté son plaisir de le revoir dans la cuisine. !

Ayant décidé de pousser durant la matinée sa promenade vers la nationale, il la mit en application. J'allai le retrouver. Et au retour, comme j'avais du temps libre, je décidai de faire ma BA de scout en grattant les champignons qui développaient des mycorhizes et des carpophores sur la palissade de la barrière.
Durant le repas du soir, la discussion se dissipa dans plusieurs directions. Organisé autour d'un plat de morues dans son court bouillon, accompagné de riz, un avis sur l'opportunité d'aller sur chacune des petites îles fut émis en retenant notamment celle de la Désirade ou Jacques avait des connaissances chez Nounoune. Il rappela également sa promenade avec Inge aux mamelles et à la Réserve Cousteau en parlant notamment du plat de calalou, constitué d'herbes récoltées dans la montagne et "cuites on ne sait trop comment ".On conclut également que les " Georges devaient être des dictateurs !! ". Il énonça également sa complicité avec son frère Pierre, trop tôt disparu. De sa carrière, il souligna surtout qu'il " fallait donner des coups de main" qui peuvent faire aider à avancer là où c'est nécessaire. Et en dernier lieu, comme une boutade, qui revenait régulièrement depuis le début du séjour, une allusion au nom de famille était reprise, tel que " Je suis pas con, je suis un PARFONRY ", " Les PARFONRY n'ont pas peur de travailler ", ou encore  " Les PARFONRY, vous aller vous calmer ? ",... Quant à Martine, elle démontra une adaptation rapide en allant mettre une " petite laine" sous une température de 25°.

Mardi 27 janvier

Eveil à 6h 30. J’ai eu largement le temps d’aller acheter deux baguettes fraîches et le journal. Martine avait décidé de prolonger d’une demi heure son sommeil. Jacques arriva un peu avant 8 heures, un peu bougon, ayant été importuné par les aboiements d’un chien errant. Petite discussion avec Fernand le voisin qui nous apprit que la situation ne se débloquait pas beaucoup.

Vers 9 heures, nouveau passage chez Jean. Il nous propose une voiture à demi pleine, ce qui ne nous agrée pas. Le laissant dans sa quête d’essence auprès de personnes bénéficiant de bons de réquisitions, nous lui laissons le numéro de téléphone de Jacques. Cela nous permet de mieux nous organiser. Dans une stratégie de marchandage, à peine voilée, Martine lui fait comprendre que nous envisageons de partir sur une île. En réponse, il nous emmène au rond-point de Ffrench pour nous permettre de rejoindre plus facilement la plage de Bois Jolan. Manifestement, la confiance restait de mise. Arrivés à Bois Jolan, nous consultons la carte du restaurant Maman Bonne et nous nous mettons d’accord pour y manger. Sur la plage, une vraie séance de bronzage, sous les cocotiers et les raisiniers de mer, se prolonge durant toute la matinée. Comme le dit Martine, depuis notre mariage, ce doit être la première fois que l’on s’attribue une telle quiétude, ayant préféré auparavant les randonnées pédestres, les visites archéologiques, les circuits en voiture, les découvertes de villages,….Martine s‘efforce de photographier un petit crabe qui ne fait que jouer à cache - cache. Au final, échec et mat au profit du crabe !

Vers 13heures 30, nous nous asseyons à la table de chez « Maman Bonne ». Après une salade du chef et un poisson grillé arrosés d’un ti punch et d’un pichet de rosé, nous nous autorisons une petite sieste sur la plage avant de reprendre la route vers Gissac. Sur le chemin, on récupère Jacques qui, comme la veille, s’est autorisé une autre sortie. Et pour nous annoncer que la voiture de location est finalement arrivée, ce que confirmera un coup de téléphone de Jean. La voiture Clio est entrée dans la parcelle. Autre bonne nouvelle, la fille de Jacques, Martine, lui a téléphoné en annonçant que Clémentine attendait famille pour juillet. Tout baigne donc pour passer une bonne soirée à Gissac. Ti punch et planteur pour Martine furent préparés dans la bonne humeur. Et Jacques sortit la guirlande de Noël pour couronner le tout. La soirée peut commencer. Avec le plaisir de marcher pieds nus sur la terrasse de Gissac.

Durant tout l’après midi, Jacques a lu avec intérêt les livres décrivant le cadre de la région d’origine des PARFONRY. Il maîtrise désormais parfaitement les notions de « villages blancs », de « fermes carrées », de « tumulus »,…….J’ai malgré tout du lui donner quelques informations complémentaires sur la situation géographique, sur la différence entre communes et villages et sur la relativité des distances en Belgique. Il faudra que je prépare un cours de base pour tout PARFONRY qui s’aventura sur les terres septentrionales afin de réaliser une mise à niveau.


Mercredi 28 janvier

Eveil à 6h 30. Comme la veille, je vais chercher le pain et le journal. Jacques s’est aperçu que je donnais du vieux pain aux poules, ce qui ne lui plaît pas trop.

Après avoir régularisé les papiers, la voiture, une Renault Clio, nous est remise à 9h 30. Enfin, et avec un plein d’essence s.v.p. Commence alors un premier circuit dans la Grande Terre en passant par :

- la Distillerie Damoiseau,

- l’Anse Maurice où nous mangeons chez Pinpin une délicieuse fricassée de ouassous (crevettes d’eau douce), préparée dans une sauce de roucou (graines du roucouyer) ;

- la Porte de l’Enfer et la Pointe de la Grande Vigie ;

- l’Anse Laborde ;

Les photos de Martine permettront de donner un aperçu de ces magnifiques paysages. Le fait le plus probant de cette excursion est évidemment d’avoir eu l’occasion  de visionner la côte atlantique et la côte caraïbes. Un bout du monde qui témoigne de toute l’originalité de ce voyage !

En chemin, en observant tous ces champs de  canne à sucre, je me revois trente ans en arrière. Jeune agronome, responsable d'un programme de multiplication de cannes à sucre au Maroc. Voulant refaire une photo similaire à celle planquée dans mon bureau, je pose de façon à obtenir une position identique. 
Puis descente vers Morne - à - l’Eau, en déviant vers le Moule. Martine se renseigne dans quelques échoppes sur les madras avant de se résoudre à acheter des légumes au marché, vu le prix intéressant de ceux-ci (1 €/kg de tomates et bananes ; boudins créoles,…). Retour vers 17h 45 à Gissac. Jacques nous apprend qu’il a fait pratiquement un repas de Noël à midi en sortant du congélateur le morceau de pintade, préparé par Evelyne. Il s’est manifestement bien débrouillé sans nous.

La soirée se poursuit avec les intermèdes de pluie qui se sont poursuivies toute la journée.

 


Jeudi 29 janvier

Éveil à 7 heures. Pour changer nos habitudes et vider les réserves de baguettes de Jacques, nous décidons de les griller avec le toaster installé en permanence sur la terrasse. On entend déjà le bruit du sécateur d’Eva dans son jardin. La voiture a passé sa première nuit à Gissac. On avait envisagé de conduire Jacques au magasin mais vu les grèves (10ème jour de grève), celui-ci était toujours fermé à 9h 30. On change de cap et on décide de faire le circuit des Grands Fonds jusque Port - Louis, en passant par Morne - à - l’Eau et Petit – Canal. Repas pris au Poisson d’Or, sur conseil de Jacques, ou nous dégustons pour la première fois un Colombo au poulet après un gratin de Christophines. Les paysages des Grands Fonds nous apparaissent magnifiques par leur cadre. La route déambule parmi ses dépressions de verdure en forme de cirque. L’arbre à pain est partout. Comme première approche du milieu tropical, c’est d’une grande beauté. Peu de touristes et de circulation, ce qui agrémente évidemment la balade. Le cimetière et les marches aux esclaves de Morne-à-l’Eau ainsi que les petites maisons typiques de Port-Louis, les grandes étendues de canne à sucre et l’approche de la mangrove complètent les découvertes de la journée.

Sur le retour, nous nous arrêtons dans une supérette à Douville, pour acheter l’indispensable. Mais comme le « Leader Price « de Poirier est par bonheur ouvert, nous y entrons en constatant avec bonheur un réapprovisionnement partiel des étalages. Martine se laisse tenter par une bouteille de punch coco. En plus, nous parvenons à trouver le pain préféré de Jacques, celui aux 7 céréales, sous emballage. Il est évidemment très content d’autant qu’il a terminé à midi le plat de pintade.

Martine ayant pris quelques initiatives en cuisine se fait, comme je le prévoyais, légèrement réprimandé par Jacques. Dans son esprit, elle avait voulu alléger les tâches de Marie pour le lendemain. N’ayant pas vécu Outre - Mer, Martine n’a évidemment pas eu l’occasion de tester le rôle de répartition des tâches dans ce genre de contexte.

Vers 17 heures 30, téléphone de Françoise, la PARFONRY de Paris. Étant donné que Jacques est parti faire sa ballade, je décroche. Et c’est ainsi que j’aurai une première conversation avec cette cousine de Jacques. J’apprends ainsi qu’elle suit les résultats de mes recherches et surtout qu’elle en apprécie le contenu. C’est pour moi une agréable motivation supplémentaire. Dans la foulée, elle nous invite chez elle dans le cas ou nous décidions de faire une fugue vers Paris.

A 18h 30, nous nous regardons dans les yeux avec Jacques. Ayant compris, il me dit : « Comme d’habitude !!! » sans avoir besoin de réponse. Un vrai dialogue clair. Néanmoins, il reste étonné de ma propension à vider rapidement mon ti punch. Je ne suis sans doute pas encore arrivé au stade de la délectation suprême, du nirvana sirotant de tout bon antillais. Cela s’apprend sans doute avec le temps.

Comme elle en a pris l’habitude, Martine fait découvrir sur l’écran d’ordinateur les photos de la journée, en mettant sur le bureau la plus originale.

Jacques durant le dîner, pour retrouver un allié et effacer son agacement manifesté précédemment,  met de nouveau en exergue la qualité de la salade de tomates belge. Un vrai délice. Et pour le démontrer, il en prend avec les deux morceaux de boudins que nous avions acheté au marché du Moule.

Durant la discussion à bâtons rompus, Jacques souligne une nouvelle fois l’obligation de grande mobilité développée au cours de sa carrière. Des déplacements dans le Nord au trajet lorsqu’il habitait Briou pour aller enseigner à Vendôme, les km se sont égrenés par milliers. Et en final d’avancer cette belle phrase       «  Si quelqu’un devait vivre Sa vie, ce serait fatiguant ».


Vendredi 30 janvier

Réveil à 7 heures. Temps pluvieux. Et oh surprise, Jacques arrive par la cuisine et souhaite immédiatement une bonne fête à Martine. Il embrasse avec volupté la mienne en pensant sans aucun doute à la sienne. Mais c’est une attention qui permet de mettre une bonne ambiance en début de matinée.

Ayant compris qu’il ne fallait pas brusquer le cousin aux premières heures, nous attendons la décision de Jacques quant à son souhait de faire des courses. Martine se met à copier quelques recettes trouvées dans le livre sur la cuisine antillaise, écrite par le Docteur Nègre. Ces recettes, découpées par ci par là par Miche dans différents magazines, se référaient en grande majorité à des plats locaux. Tout bon pour épater au retour en Belgique ses connaissances.

La décision tombe assez rapidement. On ira à Saint François le lendemain, profitant par la même occasion du marché, ce qui nous agrée. Par conséquent, la matinée sera consacrée à nous rendre à Sainte Anne, espérant y trouver des timbres. En y arrivant, cette fois en voiture, nous ne pouvons que constater que la poste est fermée. Nos cartes postales attendront encore un peu. On déambule quelque peu au marché en s’efforçant de repérer la petite marchande de madras qui avait attiré le regard de Martine la première fois. Sachant ce que l’on veut, le marché est conclu rapidement. Il y aura très certainement du madras prochainement dans notre appartement de Berck. On remarque également un bel étalage d’épices contenues dans des sacs de tissus madras.
On s'intéresse particulièrement à ceux contenant du colombo et des graines de roucouyer, ingrédients typiques de la cuisine antillaise. Après un punch cocktail, on termine par l’achat de deux tickets pour une visite aux Saintes le mardi suivant.

 

Retour à Gissac pour 12 heures. On se prépare un œuf à la russe. Préparation normalement très rapide mais on doit cependant adapter la cuisson de l’œuf et son refroidissement aux desideratas de Jacques avant de le servir à table. Avec comme résultat une attente de plus de 30 minutes au lieu des 5 minutes pour la méthode belge.

Comme la journée s’annonce ensoleillée, on passe l’après-midi à Bois Jolan. La peau commence à extérioriser les heures de plage. Au retour, nous avons droit à une explication sur la façon de tuer les lambis, coquillage entrant dans la confection de plats locaux. Rien d’attirant au demeurant après avoir écouté la méthode utilisée.

Vers 17h 15, Jacques entame, sur ma proposition, une liste prévisionnelle pour les achats du lendemain. Cela ne semble pas être une activité épanouissante car il se met à bailler à plusieurs reprises. Finalement, après avoir rempli une bonne dizaine de lignes, il arrive à en définir les principaux articles, rangés dans l’ordre de disposition du magasin. Peu après, habituel coup de téléphone avec Evelyne. On espère voir un jour ce personnage si important de la vie guadeloupéenne de Jacques et qui apparaît si éloigné, restant bloqué au Gosier par manque d’essence.

Aux dernières nouvelles, les collectivités locales ont fait des propositions de réduction des taxes sur un certain nombre de points, ce qui rend un plus grand sourire à Jacques. Il se dit qu’il pourrait en bénéficier et devenir « un peu plus riche ». Ajouté à la sainte du jour, cela donne envie de prendre un apéritif plus sérieux. Martine continue désormais avec son punch coco. Elle constate que le bateau dans la bouteille de rhum ne flotte plus, indiquant une avarie assez sérieuse. Et dans une nouvelle boutade, Jacques nous explique que cette bouteille de 0,7 litre est suffisante quand « on l’utilise pour se rincer les dents ». Et de poursuivre que « ce n’est donc pas le cas quand on la partage ». J’en suis toujours à me demander si c’est de l’humour solognot ou antillais ? Car on a compris qu’il reste très attaché à cette terre de Briou ou il a vécu et ou il a pratiqué la chasse.

Ayant été attiré par les usages liés à la morue, Martine propose comme repas du soir une préparation de brandade de morues. Ce qui n’est apparemment du goût de Jacques qui trouve ce plat trop lourd à ce stade de la journée. Pour garder l’église au milieu du village, je ne peux conserver la solidarité entre les PARFONRY. Le cousinage a des limites. D’autant que Martine en cuisine s’est mise au travail. Pour la circonstance, on vérifiera que le four à gaz, en repos depuis un certain temps, fonctionne bien. Jacques n’aura finalement pas tout perdu. Il lui restera après notre passage 3 portions au congélateur. Il se contentera de charcuterie et de fromages.

Pendant le repas, j’ose porter une estocade. Ayant lancé la discussion sur les blagues belges, je me devais évidemment de répondre en faisant constater que les français sont reconnus comme des grands râleurs. Ayant à cette heure de la journée tous ses esprits, il réexamina la question sous une forme plus directe, en se la réappropriant : « Jacques, le français râleur ». A mon avis, ce n’était pas cette fois de l’humour solognot ni antillais mais tout simplement un peu « Conscience Vieille France ». On était loin de la belge attitude originale qu’avait du connaître François-Xavier. Trop tard pour effacer quatre générations d’expatriation. Il faut se rendre à l’évidence, la mutation des gênes s’est opérée. Heureusement, ce n’est pas un OGM mais bien, devant nous, un individu issu de plusieurs croisements fertiles ayant conservé tout son potentiel de diversités et d’adaptation. Et tout cela me fait penser à Martin, mon petit-fils. Il va suivre la même évolution, mais dans un contexte géographique européen qui laissera probablement moins de diversités mais encore plus de nécessités d’adaptations.

 
A suivre .........

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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 13:49

               Jacques, notre lointain cousin, nous a accueilli chez lui dans sa parcelle de Gissac, près de Sainte Anne sur la Grande Terre. Voici, par épisodes, le compte rendu de ce séjour. Une expression de  cette franche convivialité qui fait partie de ce travail de recherches et de découvertes, à travers l'histoire et la généalogie d'un nom.

Dimanche 18 janvier

Ayant été amenés à la gare de Bruxelles Midi par Robert et Agnès qui avaient proposés gentiment de nous y conduire, notre périple vers la Guadeloupe a débuté à l’heure précise. Le Thalys vers Paris Nord est parti à l’heure, soit 14h 43. Petit détail perturbateur, la ligne Wifi n’était  malheureusement pas disponible sur la durée du trajet, ce qui m’a empêché de lancer quelques courriels d’informations vers la fratrie de France et de consolider un article de mon blog.

Arrivée à Paris Nord, le trajet vers Orly est effectué à peine en 45 minutes via le RER jusque Anthony et la liaison Orlyval vers l’aéroport. Là, il ne nous restait plus qu’à prendre un taxi pour rejoindre l’hôtel que nous avions réservé à Rungis. Le restaurant ne fonctionnant pas le week-end, notre journée s’est terminée dans un petit snack japonais en nous contentant d’un yakusa et d’une bière japonaise.

 

Lundi 19 janvier

Après un vol long courrier Corsair, ayant décollé avec près de 45 minutes de retard, nous avons atterri à Pointe à Pitre à 17h 35, heure locale. Dans l'avion, nous avons aperçu Roger HANIN qui loin de son personnage de Navarro, espérait aller y trouver un peu de quiétude. Une température au sol de 26° et un tarmac mouillé nous y attendaient. Ayant récupéré très rapidement nos valises, un taxi s’avérait la meilleure opportunité. Ce fut un choix judicieux car des manifestations et une grève générale démarraient le lendemain avec notamment pour conséquence la suppression de livraison d’essence aux stations services. Avec une voiture de location, nous aurions été bloqués de toute façon.

Grâce aux cartes envoyées préalablement par Patrick, notre chauffeur trouva sans grands problèmes le quartier »Petits étangs » à Gissac. Son esprit d’initiative fit le reste. Un petit contact téléphonique avec Jacques le remit sur le bon chemin après nous avoir conduit dans les nouveaux quartiers de lotissement en cours de construction.

Jacques nous attendait bien sur et ce cher cousin nous prépara avant le repas une rasade de rhum selon sa méthode CRS (citron – rhum – sucre).

 

Mardi 20 janvier

Décalage horaire encore dans la tête, le réveil fonctionna vers 5h 30. Petit déjeuner organisé en vérifiant le contenu des richesses de Jacques. Et on attendit évidemment qu’il se réveille comme à son habitude vers 7h 30 pour lui souhaiter un bon anniversaire : 85 ans. Nous lui donnèrent les cadeaux apportés de Belgique : chocolats Côte d’Or, biscuits, livres sur la région d’origine de notre famille, tout cela agrémenté d’une photo du séjour à Briou remontant à juillet de l’année dernière.


Heureux de toutes ces attentions, Jacques sauta rapidement sur la dégustation des biscuits « De Strooper », comme pour exorciser un manque de saveur remontant à une origine ancienne.

Martine se mit rapidement à préparer avec le « Noir de Noir » une mousse au chocolat de façon à ce quelle prenne de la consistance en passant un certain temps au frigo.


Après le petit déjeuner, nous entamâmes les repérages et découvertes des environs. Première expédition et découverte de la plage de Bois Jolan à pied, sur les traces d’Inge la hollandaise, la précédente visiteuse. Avec les quelques indications de Jacques, on retrouva, après avoir traversé les lotissements des Acacias, le sentier, mi pierreux, mi boueux, qui nous amènent dans l’arrière pays, passant entre des vaches locales, attachées à un piquet, et se contentant de la maigre herbe des talus qui font office de prairies. Le fait de retrouver, sous un manguier en fleurs, le cochon noir repéré précédemment par Inge, confirma que l’on était sur le bon chemin. Après quelques flottements dans le choix des caps de notre GPS, on arriva finalement à la plage. La première séance de bronzage fut de courte durée car une pluie tropicale, intense et courte, nous obligea à trouver une protection sous un abri. Une fois l’attente passée, nous jugeâmes cette première expérience suffisante. Le chemin de retour, évidement devenu plus boueux que caillouteux, fut quelque peu rendu périlleux. Mais, avec plaisir, nous revîmes les mêmes vaches et le même porc pour nous conforter que décidément, nous avions assimilé rapidement la géographie locale.

Et au retour, Jacques nous rappela gentiment qu’il fallait manger. Quelques explications rapidement griffonnées sur une enveloppe, permirent de nous faire une idée de la configuration des sources d’approvisionnement de proximité. Ce qui permit à Martine d’être rassurée de la qualité du service pour satisfaire sa responsabilité de chef de cuisine que Jacques et moi lui avions reconnues assez rapidement sans contestation.

A midi, le jambon de Noël, le chorizo et le saucisson, en provenance du frigo, suffirent amplement pour rassasier nos papilles.

Tout en recevant quelques coups de téléphone en relation avec son anniversaire, Jacques se mit à lire l’un des livres offerts, celui plus précisément qui décrivait l’architecture de la région d’origine de nos ancêtres : la Hesbaye brabançonne, région de carrières et de terres agricoles fertiles. Pour s’étonner en particulier de la présence d’un culte à Saint Corneille, tout comme celui existant aux abords de ce domaine de Briou du Lude, sa terre d'adoption. Et parmi les nouvelles de France, celle de l’arrivée de Clémentine, sa petite fille, le 10 mars avec Fabrice, le ravit tout particulièrement.

Et le soir, une bouteille de champagne, conservée sans doute pour la circonstance, ouvrit le repas d’anniversaire. Festin couronné par le plat de poissons (vivaneaux) qui avait été préparé spécialement par Marie, la femme de ménage.
Non content d’y côtoyer pour la première fois, toute la saveur des épices des caraïbes, si différente de celles de Méditerranée, Martine suivit les conseils de Jacques en y ajoutant quelques gouttes d’une préparation d’épices locales. De quoi entrer de plein pied dans un style vacances que notre curiosité voulait impérativement découvrir. Et pour mélanger les saveurs, après le traditionnel plat de fromages, la délicieuse mousse de notre chef arriva sur la table. Appréciée à sa juste de valeur par Jacques qui regretta qu’il ne reste plus une seule goutte de champagne pour l’accompagner.

Repas agrémenté d’une discussion sur nos repères généalogiques respectifs. C’est ainsi que je m’amusai quelque peu de l’appellation de « barbouilleur » donné à un membre de cette lignée. Citation devant sans aucun doute être remise dans un contexte plus ample de saga familiale que notre repas ne s’est pas permis de débattre.

 

Mercredi 21 janvier

Le réveil à 7 heures nous rassura sur notre capacité à mettre les 5 heures de décalage au niveau d’un petit exercice de maintenance rapidement effectué. Petit déjeuner déjà copieux, à la belge, avec un choix de confitures achetées la veille : goyave et ananas. Martine, toujours curieuse, décida  subitement de débarquer chez la voisine, Eva. Son objectif initial : comment se rendre à Marie Galante et aux Saintes, se mua dans une conversation effrénée. En fin de compte, elle revint avec un pot de confiture de goyaves, faite maison, et une invitation de partager prochainement les crêpes belges. Et au lever de Jacques, à 8 heures, nous étions déjà prêts  pour une deuxième expédition à la plage de Bois Jolan.

Deuxième parcours, plus rapidement exécuté. Au passage des vaches, je remarquai qu’elles  portaient aux oreilles le numéro de traçabilité, comme pour me rappeler que nous étions bien dans une enclave d’un pays européen, appliquant le si cher principe de précaution au niveau de l’alimentation de ses concitoyens. Et Martine se mit à ponctuer ce parcours de plusieurs arrêts lui permettant de mémoriser les premières sensations. Et c’est ainsi que le porc d’Inge fut immortalisé, mais aussi la vache paissant à proximité de la plage.
Une sorte de comparaison voulue par l’artiste, se souvenant que cette image lui rappelait le paysage de la promenade le long de la mer d’Opale. Et à chacun de ses arrêts, mon exaspération se fit plus intense. Car au contraire de l’artiste conservant immédiatement son talent sur la pellicule, toutes les phrases de ces derniers jours s’entrechoquaient dans mon esprit, ne disposant pas des moyens pour les conserver sur une feuille. A mon âge, sans disque dur, je n’étais pas de taille pour lutter. Triste constat.

Petite séance de bronzage et de première baignade pour Martine. Après une petite heure à profiter de ce que peut signifier le mot de vraies vacances, Martine en vraie Madame Météo, m’indiqua que des indices révélateurs d’une pluie imminente avaient été observés. Ayant évalué que mon temps de bronzage était de toute façon légèrement dépassé, j’obtempérai à admettre le repli pour éviter un coup de soleil précoce.

Sur le chemin du retour, nous eûmes le bonheur de voir un pêcheur à pied, avec un filet pour unique outil, attrapé un petit banc de poissons s’approchant trop près de la plage. Martine, toujours en chasse de la photo à publier, se fit poliment harponner pour non respect de la limite autorisée de sécurité. Mais cela valait sans doute la photo. L’artiste avec son disque dur intégré dans son appareil se doit d’être dans l’action, contrairement à l’intellectuel qui peut se permettre de vivre avec un certain recul pour pérenniser son savoir faire.

Au retour, Jacques nous fit part d’une pénurie de pains. L’idée d’un poulet grillé, déjà émise la veille refit surface. Martine y voyant là une occasion d’un repas vite fait obtempéra. Après avoir salué et félicité, pour son plat de poissons, Marie qui terminait ses trois heures de nettoyage, nous partîmes faire les courses pour remédier à la situation inquiétante émise par Jacques. Agrémenté d’un jus de fruit frais aux accents locaux chez le boulanger, Martine s’enquérait au retour de préparer le repas. Et constatant pour la première fois une organisation différente dans le timing des plats, Jacques observa une divergence avec ces cousins belges. Après le poulet servi avec du riz et un plat de tomates mitonnées aux oignons, Jacques ne se démit pas. Il alla récupérer le plateau de fromage au frigo afin de rester dans ses mœurs alimentaires.

A l’écoute de la radio, Jacques nous mit au courant de la situation un peu chaotique dans l’île. La grève générale lancée par les syndicats avait abouti à certains dérapages à Pointe à Pitre. Ce qui nous amène à décider du report de la location de voiture. 

Ensuite, c’était déjà l’heure de la sieste pour le patriarche ! Martine l’a imité !!!!

Vers 16 heures, on appela José DELICADO, le frère de Françoise (amie belge), habitant à Saint François. On le rassura que nous fussions bien arrivés avec la «cargaison ». En l’avertissant que vu la situation, celle-ci ne pouvait être livrée immédiatement. En outre, la coupure d’eau entamée en début d’après midi avait un peu échaudé le patriarche qui s’empressa de lancer son refrain sur le rôle des syndicats locaux et sur la gestion politique de l’île.

Quelques achats plus tard à Eco Max et chez Gisèle, l’arrivée de la nuit nous ramena à la table de dialogue. Jacques, ayant été très heureux de recevoir le document, extrait du blog des PARFONRY, de la liste des descendants de la branche de Neerheylissem, je lui avais fait  savoir la veille que je souhaitais le compléter par les métiers et occupations professionnelles. Ayant très bien perçu cette aspiration, il se mit à en réfléchir durant la nuit, s’efforçant de trouver au mieux le terme adéquat. De ces explications et de mes compréhensions, j’en conclus que le terme de « manutentionnaire d’engins de chantier » pouvait correspondre au plus juste. Ayant décrit le cadre de son métier dans le Nord, il poursuivit en donnant des explications sur son engagement en 1944 dans les chasseurs alpins, suivant la remontée de l’armée française par l’Alsace, la traversée du Rhin, jusque la frontière autrichienne.

 

Jeudi 22 janvier

Réveil à 6h 15 et préparation du petit déjeuner. Pour nous permettre de rejoindre la plage de Bois Jolan sans tarder. En route, l’arrivée d’une pluie traditionnelle nous amène à changer de parcours. Concluant que le sentier traditionnel devait être trop boueux, nous envisageons de passer par la voie bitumée, conformément aux indications de Jacques. En route, nous nous arrêtons chez Gisèle afin d’obtenir la liste journalière des repas préparés. Avec l’objectif d’en discuter avec Jacques afin de s’assurer de ses plats préférés. Le reste du trajet, un peu plus long, nous conduisit à passer par Ffrench, témoignage résiduel des conflits anciens pour s’accaparer des îles des Caraïbes. Arrivée à Bois Jolan vers 9h 30. Temps superbe ce qui nous permit d’effectuer notre première vraie baignade. Au passage de la parcelle de cocotiers devant la taverne de Maman Bonne, Martine récupéra quelques rafles, se disant que cela pourrait lui servir comme décorations de table par la suite.

Retour vers 12h 15. Sur le trajet, mon genou droit recommença à me faire mal. Je ne pouvais pas suivre le rythme de Martine. Je devrai de toute façon attendre le retour en Belgique pour avoir les conclusions du scanner réalisé quelques jours avant le départ. D’ici là, je patienterai. Mais je me suis dit, comme simple réflexion, que le secteur médical devrait pouvoir s’adapter aux nouvelles communications afin de suivre sa clientèle dans les coins les plus éloignés. Durant, le repas, hâtivement préparé par Martine avec le reste du poulet de la veille, Jacques fit remarquer ma propension à manger du riz. Je lui signalai qu’un PARFONRY devait impérativement aimer le riz, ce qui ne lui est apparemment pas apparu comme un argument convaincant.  Il avait évidemment raison. Voyant la casserole vide, il osa la perfidie de me demander si on ne devait pas en recuire. La discussion glissa évidemment sur les habitudes alimentaires discordantes entre belges et français. Même si on rappela l’origine belge, force est de constater qu’après plus de 150 ans, on ne pouvait pas demander à un français de rejoindre notre camp si rapidement.

Après le repas, Martine opta également pour la sieste, constatant à son réveil qu’elle avait rapidement pris les habitudes de pays.

A son réveil, je décidai de m’attaquer à deux noix de coco en essayant de les dégager avec une machette. Opération qui me demanda finalement l’utilisation d’un marteau, d’un sécateur pour arriver à extirper la noix. Je me disais que ma technique ne devait pas être au point. Mais la machette n'était pas non plus des mieux aiguisées. On récupéra un minimum de dl de jus de coco que je fis apprécier à Martine. Le soir, nous eûmes droit à la première coupure d’électricité. Ce qui rendit Jacques fort mécontent. On dîna à la lumière d’une bougie sur la terrasse.

 

Vendredi 23 janvier

Eveil à 7 heures. Préparation du petit déjeuner. Jacques, arrivé quelques instants plus tard, y apprécie le morceau de baguette fraîche achetée le matin même, en l’accompagnant de beurre et d’une tasse de café. On n’avait pas compris, il est vrai, que son habituelle tasse de café soluble accompagné d’un biscuit, n’était en fait que pour lui servir de facilités. Et comme pour se remettre dans son milieu familial, c’est en insistant sur les syllabes qu’il prononce comme un chant du coq le mot de Ma..âarti..îine, faisant évidemment écho au prénom de sa fille.

A 8h 30 comme décidé la veille, nous partons pour Sainte Anne en nous arrêtant en premier lieu chez le loueur de voitures que Jacques nous avait renseigné. Premier client de la journée, après discussion et analyse de la situation politique actuelle, on envisage de se revoir dimanche matin en évaluant à ce moment l’évolution. Dans un geste commercial, le responsable de l’agence de location, qui se présentera comme l’adjoint au maire, se propose de nous conduire avec sa voiture à Sainte Anne. Initiative que nous avons appréciée.

La visite à Sainte Anne débuta par les traditionnels magasins pour touristes. On se fit ainsi une première idée de l’artisanat « local », parfois importé d’autre part.
Deux livres de cuisine et quelques cartes postales furent les premiers à tomber dans l’escarcelle de mon sac au dos. Avant de quitter le lieu, nous dégustâmes un délicieux cocktail de jus de fruits (banane, maracuja, goyave) tout en regardant quelques voitures de luxe qui organisaient un petit barrage dans les rues de Sainte Anne. Curieux grévistes me suis-je dit ?

Promenade le long de la rue principale au cours de laquelle Martine approfondit la comparaison des échoppes présentant des tissus madras. Après, ce fut au tour des restaurants de la plage. N’ayant pas de repères précis, ni d’attirance pour ce type d’ » attrape - touristes », nous nous rabattons finalement sur un restaurant un peu en retrait « Lucullus », ayant été attiré par sa proposition de menu du jour : salade christophine, aile de raie sauce carambole avec purée des îles, ananas rôti dans le miel. Martine ayant été assommée par le ti punch et le digestif à la banane ne se fit pas prier pour s’allonger sur la plage sous un arbre mais pas vraiment à l’abri du soleil. Près de deux heures plus tard, nous reprîmes le trajet à pied en sens inverse. En arrivant, à peine 40 minutes plus tard, au nouveau rond-point, à l’entrée de Poirier, on reprit nos forces en nous asseyant à la table de la vieille roulotte plantée, comme l’un de ces contrastes des tropiques, à l’aplomb de ce nouveau décor. Retour chez Jacques vers 17 heures. Il était en train de parcourir le livre, envoyé pour son anniversaire par Patrick et Caroline, sur les bois utilisés dans la confection des bateaux. Très satisfait, il l’avait parcouru avec assiduité pendant notre absence.

L’après - midi se termina calmement autour de la table de la terrasse. L’eau avait de nouveau fait défaut durant la journée. Et comme pour rappeler que les discussions n’aboutissaient pas, la lumière fut à nouveau coupée à la tombée du jour. L’opération « mise en place des bougies » redémarra avec évidemment les rouspétances de Jacques sur ces « grévistes à la con ». J’en profitai pour téléphoner  à la famille DELICADO. Vu le blocage, il fut décidé qu’ils viendraient nous prendre le lendemain à 10 heures. Le dîner, très léger, amena cette fois la discussion sur l’histoire des LASNET de LANTY : la déportation des beaux-parents, le livre d’Henriette sur son séjour, son bonheur d’avoir été gâté par deux femmes excellentes cuisinières. L’électricité était revenue au début du repas, ce qui évidemment avait permis d’égayer les premières bouchées.

 

Samedi 24 janvier

Réveil à 6 heures. Ciel couvert qui ne tarda pas à dégouliner. Je récupérai mon imper, planqué dans ma valise, pour aller chercher, malgré tout, le pain matinal. Ce n’était quand même pas cette pluie qui allait rebuter un PARFONRY belge. A son réveil, Jacques constata que le temps s’était mis au « crachin breton ». Ce qui était précisément le terme exact. Martine alla même se rhabiller pour faire écho à cette observation.

Après le  petit déjeuner, on organisa une opération « remplissage du frigo » en prévision des futures pénuries possibles, en cas de poursuite des grèves. En feuilletant les étagères des deux supermarchés de l’endroit, on finit par trouver la charcuterie, les oeufs et le fromage nécessaires. Restait cependant le cubby de vin rouge que nous avions cependant intégré dans notre stratégie avec les DELICADO.

A 10 heures 20, ces derniers arrivèrent. Après un petit coucou à Jacques, ils nous emmenèrent  vers Saint François. Passant chez eux, nous leur remîmes le colis de Françoise, la sœur et belle-sœur de Belgique. Malgré la pénurie d’essence, nous eûmes droit à la visite guidée du patelin et ses environs, jusque la Pointe des châteaux. Petite halte pour permettre de prendre les photos et la vue sur l’île de La Désirade.
Et au final, on n’oublia  surtout pas le passage à la cave à vins pour combler la pénurie de bibine qui semblait poindre à Gissac.
Comme choix de restaurant créole, nos hôtes nous proposâmes « La ferme du bois d’olive ». Endroit un peu reculé, prévu pour les connaisseurs du coin, cet espace respire évidemment la quiétude du fait que nous y étions les seuls clients. Après un ti punch et un whiskycoco, une langouste grillée sur place, nous fut servie. Malgré une vie bien remplie, je dois avouer que c’était la première fois que j’en mangeais.


 Comme digestif, nous entreprîmes de prendre un sentier pédestre par la ravine, s’enfonçant dans la forêt tropicale. Ne trouvant pas de chemin annexe remontant sur la gauche, on décide de revenir sur nos pas avant d’être engloutis par la nuit qui allait arriver. Bien nous en pris car cette ravine descendait tout droit vers la chapelle en bordure de mer.

Avant le retour au bercail vers 18 heures, on fit un passage chez José pour ramener quelques citrons verts, ingrédient indispensable de la stratégie de sécurité alimentaire de tout bon guadeloupéen comme Jacques. Une inquiétude en moins pour lui en vue de traverser les prochains jours. On commençait à connaître notre cousin. Comme nous étions rassasiés, Jacques accepta bien volontiers, après avoir constaté un nombre exagéré dans le frigo, de se satisfaire de deux œufs sur le plat, qui me firent envie. Menu simple mais dégageant une saveur de terroir oh combien savoureuse. Je me promis d’en réclamer l’un de ces prochains jours. Après que Jacques ait pris son petit plateau de fromages indispensable, Martine nous apporta une délicieuse boule de glace de vanille bourbon, type pas connu en Belgique.

On entama une discussion sur les immeubles de la rue Jouffroy à Paris, achetés par François-Xavier. Déception à mon niveau lorsque j’apprends que ses archives ont très certainement été jetées à la poubelle. Moi qui espérais encore trouver des traces de ce lien entre la France et la Belgique, je dois quelque peu déchanter. Une autre piste vers la famille de l’épouse de Paulo, décédée en 1957,  ne me soulage pas car il ne semble plus que des contacts aient été maintenus. C’est ça l’histoire des familles. Je ne puis les blâmer au vu de la situation similaire au niveau de la mienne !


A suivre .... !!!!! 

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  • : Le blog de PARFONRY
  • : Le cadre directeur de ce blog consiste à réunir ce qui peut être transmis sur un patronyme. La présentation de tous ces personnages n'est finalement qu'une manière de transférer un patronyme. Qu'il soit culturel, social ou historique, ce patronyme ne fait que proposer un film dans lequel les séquences sont des instants de vie. L'environnement, le vécu de chacun a probablement plus d'impact sur ce que nous ressentons. Les gênes se diluent plus vite que le lien avec le mode de vie et les rencontres. Cette vision oblige à élargir le champs d'investigation en déviant de l'aspect purement généalogique. La découverte de nouveaux indices motive et assimile parfois cette recherche à une enquête. L'histoire ne peut être racontée de manière linéaire. Chaque élément, chaque personnage a droit à son histoire dans le récit tout en suivant le dénivelé et les courbes imposés par les aléas de l'Histoire et de la vie. Contrairement au patrimoine, un patronyme se voit contraint de s'adapter aux vicissitudes des évolutions sociales et des guerres. Le contenu des quelques 350 articles de ce blog a été rassemblé dans un livre intitulé "La véritable saga des PARFONRY de Neerheylissem - L'histoire d'un toponyme devenu un patronyme ".
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