Les lignées qui sont décrites, reprises pour la plupart des archives départementales de Saint-Lô, indiquent qu’ils
portaient le titre d’écuyer et qu’ils ont été de tout temps au service du Roi. Il se pourrait dès lors que la descendance de la lignée des écuyers de PARFOURU, résulta d’une garantie de soutien en compensation de l’octroi de terres seigneuriales et d’armoiries. Au vu de la situation d'origine de cette famille, un
lien avec le Duché de Normandie ne me semble pas impossible. Pour affirmer l’importance de ce lien, le troisième duc de Normandie, Richard Ier a épousé la fille de Hugues Capet.
L’origine du nom PARFOURU en France remonterait à une seigneurie se prétendant, par tradition, issue de la descendance d’Hugues
CAPET, roi de France du 10ème siècle, en s’appuyant sur ses armes. Située à l’origine dans le hameau de Parfouru-l’Eclin, la maison de Parfouru descendrait d’Hervé Joseph Le Cordier,
Écuyer, Seigneur et Patron de Parfouru-l’Eclin.
La mention la plus ancienne les fait remonter en 1310 avec la naissance de Richard de PARFOURU, Seigneur de Saint Pierre de
Semily à Couvains, en 1382 avec Jehan de PARFOURU, fils de Colin, demeurant en la paroisse de Sainte Croix de Saint-Lô et en 1391 avec le mariage d’un Jehan de PARFOURU, écuyer, Seigneur de
Parfouru-l’Eclin, du Mesnil - Segard et Couvains. Une personne de même nom est écrite en 1366 dans les documents normands du règne de Charles
V.
» Les gens tenant l’Echiquier à Rouen mandent au bailli de Cotentin de restituer à Etienne de BREVILLE, attourné de Jehan de PARFONT RU mineur, les arrérages des rentes
revendiquées par son père (100 s., 2 pais et 2 capons d’une part, 18 boisseaux de froment d’autre part) sur les héritages ayant appartenu à Colin Le
MOUSTADIER sis paroisse Notre - Dame de Saint-Lô qui avaient été vendues par décret à cause d’amendes non payées, ses droits ayant été confirmés par
vue «
De la lecture des rôles de fouage paroissiaux (taxe
sur le revenu perçu sur les non – nobles) de la commune de Couvains, on retient que cette famille était recensée de manière continue parmi la noblesse au 15ème siècle (1410 : 181
foyers dont 3 nobles ; 1455 : 83 foyers dont 4 nobles ; 1500 : 158 foyers dont 3 nobles). Il n’est pas inintéressant de mentionner que plusieurs seigneuries, dont celle de
CLERMONT en Auge, situées à 30km de Parfouru, sont reliées par la lignée maternelle à ce Jehan de PARFOURU. Un certain Guillaume de PARFOURU porte le
titre en 1459 de Seigneur de Pierrefitte comme résultat d’un mariage.
La localisation des lieux ou se sont installés cette lignée de PARFOURU est assez bien indicative. Les deux villages de Parfouru-sur-Odon et
de Parfouru-l’Eclin sont situés entre Caen et Saint-Lô. Par la suite, les différentes seigneuries de PARFOURU identifiées à partir du 15ème siècle (La Barre-de-Semilly,
Saint-Pierre-de-Semilly, Couvains, Cerisy - la - Forêt) indiquent qu’elles se sont progressivement rapprochées de cette dernière localité. Cette migration dans l’espace est en parfaite cohérence
avec l’évolution constatée dans l’extension des peuplements normands. L’Eglise de La Barre-de-Semilly est dédiée à Saint Ebremont, prénom porté par un PARFOURU au 16ème siècle,
originaire de cette paroisse. Certaines branches ont du migrer par la suite vers l’est car on retrouve des seigneuries près de Caen
(Tilly-la-Campagne, Argences, Athis, Pierrefitte), Lisieux (Jouveaux) et même près de Clermont dans le Beauvaisis (Haute - Fontaine). On trouve également mention qu’un Gabriel de HARCOURT, bâtard
de la commune de Tilly, a eu l’autorisation d’incorporer sur ses armoiries le blason de la famille des PARFOURU. Cette indication est manifestement un témoignage de l’estime dont jouissait cette
famille quand on a connaissance que les HARCOURT faisait partie des plus importantes familles anglo-normandes.
On peut penser que l’installation des lignées d’écuyers de PARFOURU
s’est effectuée dans un cadre de croissance démographique et d’esprit d’indépendance des petits seigneurs locaux caractéristique du développement du Duché de Normandie. L’obtention de leur blason
serait liée à la branche installée à Jouveau, ce qui pourrait signifier une attribution assez tardive au début du 16ème siècle. Sans avoir de certitudes sur l’origine de la
famille des écuyers de PARFOURU, il est manifeste qu’elle était issue d’une noblesse d’armes qui avait du en conséquence guerroyer un certain temps pour le roi de France. En reconnaissance, il
leur octroya un titre de noblesse.
L’histoire du duché de Normandie nous apprend que les maisons fortes, constituées le plus souvent de simples mottes, entourées de fossés se sont
multipliées dès la minorité de Guillaume le Conquérant, entre 1035 et 1047. Ce phénomène s’est particulièrement développé en dehors de la Haute-Normandie, en raison de la plus grande
indépendance des seigneurs.
Le tout est de pouvoir vérifier si cette maison forte des seigneurs de
PARFOURU, située en Basse-Normandie, s’est maintenue pendant deux cent ans, soit entre la minorité de Guillaume le Conquérant et le début de la guerre de Cent Ans, pour argumenter d’une origine
aussi ancienne de cette famille. L’existence de la forme écrite PARFUNT RU en 1198 peut constituer un indice faisant le lien entre les deux périodes même si l’éventualité d’une
dénomination à partir d’un lieu existant serait dans la logique des situations. Sur ces bases, peut-on envisager d’établir un lien avec les sites répertoriés en Normandie via
l’invasion normande ?
On peut se demander si certains de ces chevaliers normands, restés dans la région liégeoise, n’ont pas édifié leurs « maisons fortes » ou « mottes de terre » en
compensation de l’accord de retrait du camp d’Elsloo en 882. La question est de pouvoir établir également si les premiers chevaliers de la vallée de la Meuse sont issus du début de la période
des invasions normandes, et si la famille des Chevaliers de PARFONDRY était propriétaire d’un fief féodal lors de la guerre des Awans et des Waroux en 1325, avant d’occuper, à partir du
milieu du 14ème siècle, des postes élevés dans l’ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans la région liégeoise, devenu par la suite l’ordre de Malte.
L’existence d’une forme de ce nom, basée sur la même étymologie en Normandie,
antérieure à l’apparition de la famille de Chevaliers près de Liège en Belgique, peut concevoir que l’on puisse aborder cet aspect sous une
approche plus précise. Différentes informations tendent ainsi à constituer un faisceau d’éléments qui pourrait renforcer certains aspects des recherches, à savoir le recoupement entre la
contrée d’occupation des Normands en Belgique et les lieux recensés, le lien avec la chevalerie, l’introduction de la réforme clunisienne, la description des armoiries, la participation
éventuelle aux croisades, la présence des CLERMONT et MONTAIGU (famille et château) avec les sites PARFONDRY, l’origine des noms formés sur la toponymie mais aussi la situation et la proximité
de l’emplacement des communes en France et en Belgique.
Si les écuyers de PARFOURU sont apparus à l’époque d’extension ayant suivi la création du duché de Normandie, il est
logique de penser qu’ils se sont appropriés le nom de la localité de Parfouru dont la première appellation remonte à la fin du 12ème siècle. Aucunes informations recueillies à partir
des lieux où ils ont évolués ne peuvent laisser penser qu’ils ont participé à la bataille du Val Es Dunes en 1047 qui a permis d’asseoir le Duché de Normandie. Ce nom n’est pas repris dans le
nobiliaire de Normandie qui mentionne la liste des compagnons de Guillaume le Conquérant en 1066 et la liste des chevaliers qui ont pris part aux croisades. Par contre, leurs armes
« D’azur, à la haute fleur de lys d’or » figureraient à l’Abbaye aux Hommes de Caen
qui reprend la liste des compagnons de Guillaume lors de la conquête de l’Angleterre. Il leur est reconnu également une filiation avec Hugues CAPET.
La localisation des différentes lignées à partir du 14ème siècle confirme qu’ils ont du évoluer en constante proximité avec le
développement apporté par les ducs de Normandie. Il est en outre admis que peu de noms d’origine nordique se sont conservés dans la terminologie. Le recours à la toponymie et à la langue
romane fut sollicité fréquemment. La guerre de Cent ans a détruit les preuves qui auraient pu
confirmer un lien plus étroit. Il est manifeste en revanche que l’environnement géographique et la croissance démographique du 12ème siècle peuvent constituer le contexte le plus
approprié de l’apparition de ce nom.
Selon les informations recueillies sur le site de la commune de Parfouru,
l’habitation initiale de cette famille devait être située dans un champ actuel, près de l’église, contrôlant la vallée de l’Odon. Portant le nom de
« Pré de la Motte », ce type de vocable était donné aux lieux où se trouvaient à l’origine ces anciennes mottes féodales. La perte de la
maison forte lors de la guerre de Cent ans peut justifier l’absence d’indices matériels plus importants. A partir de ces différents éléments, on peut considérer que leur origine noble et locale
est attestée sans toutefois être assuré d’un lien quelconque avec les normands.
Toutefois, rien ne permet de trouver avec certitude un quelconque lien de
continuité entre les deux régions ni de confirmer d’une ascendance avec ces chevaliers de PARFONDRY, en bordure de Meuse. A l’exception d’une étymologie similaire, d’une construction liée à la
toponymie et d’un lien éventuel avec les invasions normandes, aucuns des autres éléments ne donnent suffisamment d’assurances pour confirmer cette continuité généalogique sur le plan
géographique.
Cette famille d’origine chevaleresque, composée de nombreuses branches à partir du 16ème siècle (Seigneuries de Haute-Fontaine, de la
Couture, de Plantelot, d’Athy et de Lesnault, de Saint Germain des Atelles, d’Argenches, de Jouveaux,…), se serait éteinte à l’extrême fin du 19ème siècle. L’un des derniers écuyers
aurait été Jean François René de PARFOURU, professeur royal de l’Université de Caen en 1764. Cette famille s’est toutefois dispersée. On note ainsi l’existence d’un certain PARFOURU de la
Fossue qui a accompagné Jacques CARTIER dans son exploration au Canada, d’un Jacques Marcel PARFOURU de JOUVEAUX qui a combattu durant la guerre d’indépendance des Etats-Unis (1775 – 1783) et
d’un Paul PARFOURU, archiviste du Département de l’Ille et Vilaine à partir de 1890.
A des périodes plus tardives, on trouve des transcriptions PARFOURRU (de) dues probablement à des erreurs dans les registres. Cette forme s’est
probablement éteinte dans le courant du 20ème siècle. On mentionne les 2 dernières naissances dans l’intervalle compris entre 1891 et 1915. Un certain nombre d’entre eux ont reçu la
Légion d’honneur.
Quant au nom PARFOURU, il reste présent, dans sa forme citoyenne, en France de nos
jours. Il est recensé 81 personnes portant ce nom, concentrées dans les Départements du Calvados et la Manche. Des naissances à Saint-Lô et Couvains, communes déjà signalées par une présence au
Moyen Age, ont encore été enregistrées entre 1891 et 1915.
Au cimetière de Passy à Paris, il est mentionné dans le Bloc 8, PARFOURU Désiré Paul, né en 1844 à Lessay (Manche), acteur au théâtre du Gymnase et
directeur de l’Odéon, plus connu sous le pseudonyme de POREL. Il fut décoré de la Légion d’honneur en 1886.